L'ONG Human rights watch a dénoncé dimanche la réforme de la loi antiterroriste en Jordanie, y voyant une menace pour la liberté d'expression alors qu'Amman la présente comme un rempart face à la menace jihadiste venue de Syrie voisine.
De nouveaux articles ont été approuvés par le Parlement fin avril et ajoutés à la loi existante, adoptée en 2006 après des attentats.
"Les préoccupations légitimes de la Jordanie en matière de sécurité ne doivent pas constituer un feu vert permettant au gouvernement de punir comme actes terroristes des critiques pacifiques contre des dirigeants étrangers", a dénoncé le directeur régional de HRW, Joe Stork, dans un communiqué.
Les actes exposant la Jordanie "à une agression, ou qui porteraient atteinte aux relations de la Jordanie avec un pays tiers" sont en effet visés par la nouvelle loi.
Or, "ce chef d'inculpation existe déjà dans le code pénal jordanien et est régulièrement utilisé pour punir des critiques pacifiques à l'égard de pays étrangers", dénonce HRW.
Appelant le roi Abdallah II à ne pas pas publier les amendements au Journal officiel --ultime étape avant leur entrée en vigueur-- HRW a également mis en garde contre une définition élargie du terrorisme qui pourrait "être utilisée pour punir des prises de paroles ou des rassemblements pacifiques".
Amman a exprimé à plusieurs reprises ses craintes d'une propagation du conflit en Syrie, où plusieurs centaines de ses ressortissants combattent le régime de Bachar al-Assad aux côtés des rebelles islamistes radicaux.
Trois ans après le début du conflit, plusieurs de ces Jordaniens aguerris commencent à rentrer au pays, suscitant l'inquiétude des autorités.
La nouvelle loi antiterroriste prévoit des condamnations plus lourdes, en particulier la peine de mort pour toute personne ayant mené une attaque meurtrière ou ayant fait usage d'explosifs ou de substances biologiques ou chimiques.
kt/faa/fcc