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Plus de 300 morts dans la catastrophe minière en Turquie, fin des opérations de secours

Plus de 300 morts dans la catastrophe minière en Turquie, fin des opérations de secours

Les secouristes ont achevé leur travail samedi après avoir retrouvé les corps des dernières victimes de la catastrophe minière de Soma, dans l'ouest de la Turquie, qui portent à 301 morts le bilan définitif de l'accident industriel le plus meurtrier de l'histoire de ce pays.

Cinq jours après un drame qui a relancé la contestation politique contre le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, les corps de deux mineurs encore bloqués sous terre ont été ramenées à la surface en début d'après-midi, signant la fin des opérations sur le site dévasté de la mine de Soma.

"Nous avons perdu 301 de travailleurs et dit adieu à nos deux derniers frères aujourd'hui", a déclaré sur place le ministre de l'Energie, Taner Yildiz.

"Les sauveteurs ont fouillé les moindres recoins de la mine une dernière fois pour s'assurer de n'y avoir oublié personne", a ajouté M. Yildiz à la presse, "ils n'ont pas trouvé d'autres corps".

La catastrophe survenue mardi a déclenché une vague d'indignation contre l'entreprise Soma Kömür Isletmeleri, accusée d'avoir privilégié la rentabilité au détriment de la sécurité de ses salariés, et une nouvelle fronde contre le régime islamo-conservateur, soupçonné d'avoir couvert cette course au profit.

Vendredi, les forces de l'ordre ont violemment dispersé, à grand renfort de gaz lacrymogène et de canons à eau, 10.000 personnes qui s'étaient rassemblées à Soma pour exiger la démission du gouvernement de M. Erdogan.

Vingt-quatre heures après ces violents incidents, 36 personnes, dont 8 avocats, ont été brièvement détenus samedi pour avoir tenté de faire une déclaration publique, en violation d'un ordre du gouverneur interdisant tout rassemblement.

L'association des avocats contemporains (CHD) a indiqué que leurs huit confrères avaient été relâchés en fin d'après-midi.

S'il a promis de faire "toute la lumière" sur ses causes, M. Erdogan a imputé cette catastrophe d'un autre âge à la seule fatalité, balayant d'un revers de la main toutes les accusations de négligence.

"Les accidents sont dans la nature-même des mines", a-t-il fait valoir.

Mais à quinze jours du premier anniversaire de la vague de contestation antigouvernementale de juin 2013, cette ligne de défense a ravivé les critiques contre son gouvernement, dans un climat de tensions politiques exacerbé.

Plusieurs incidents survenus pendant sa visite mouvementée jeudi sur les lieux du drame ont donné du grain à moudre à ceux qui dénoncent la dérive autoritaire de l'homme qui règne sans partage sur la Turquie depuis 2002.

Des images largement partagées sur les réseaux sociaux ont montré le chef du gouvernement, connu pour ses coups de colère, s'en prenant à un habitant de Soma en l'agrippant par le cou et en le traitant d'"espèce de sperme d'Israël".

Un responsable du bureau de M. Erdogan a catégoriquement démenti samedi le contenu de cette vidéo. "L'utilisation d'une telle expression est inconcevable", a-t-il assuré à l'AFP.

Cette nouvelle polémique est intervenue dans la foulée de la diffusion de photos d'un de ses conseillers assénant des coups de pied à un manifestant retenu à terre par deux gendarmes, qui ont provoqué un tollé dans le pays.

Malgré un scandale de corruption sans précédent visant des dizaines de proches de M. Erdogan, le parti au pouvoir l'AKP a remporté haut la main les municipales du 30 mars. M. Erdogan s'apprête désormais à se présenter à la présidentielle des 10 et 24 août.

"Cette fois, même les partisans d'Erdogan se posent des questions", a indiqué à l'AFP Rasit Kaya, professeur de sciences politiques à l'université technique du Moyen-Orient d'Ankara. "Mais il est difficile d'évaluer le tort que cela va lui causer", a-t-il ajouté.

Les premières explications embrouillées livrées vendredi par la compagnie qui exploite la mine de Soma n'ont fait qu'aggraver la contestation.

"Nous n'avons commis aucune négligence", a affirmé l'un de ses dirigeants, Akin Celik.

Pressés de questions par les journalistes, les dirigeants de Soma Kömür ont pourtant été contraints de concéder que la mine ne disposait pas d'espace pour protéger les mineurs des émanations toxiques de monoxyde de carbone, à l'origine de la mort de la plupart des victimes.

Dans son édition de samedi, le quotidien Milliyet affirme en outre qu'un rapport préliminaire sur la catastrophe a mis en exergue plusieurs graves manquements aux mesures de sécurité, dont un manque de détecteurs de monoxyde de carbone.

Le ministre de l'Energie a promis samedi que "les règlements qui encadrent les activités minières seront modifiés" pour tirer les "leçons" de l'accident et que la mine de Soma ne rouvrirait pas avant que "toute la lumière" ne soit faite sur ses causes.

bur-pa/sym

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