Le puissant Hezbollah libanais a mis en garde vendredi le patriarche maronite sur "les répercussions négatives" de sa décision d'accompagner le pape François à Jérusalem à la fin du mois.
"Nous présentons notre point de vue, nous décrivons ce que nous considérons comme les répercussions négatives de cette visite et nous espérons que ceci a été pris en compte", a affirmé Ibrahim Amine al-Sayed, chef du Conseil politique de la formation chiite, après une rencontre avec le patriarche Bechara Raï.
Ce dernier sera le premier patriarche maronite à se rendre à Jérusalem depuis son occupation par Israël en 1967.
Sa décision d'accompagner le pape en Terre Sainte du 24 au 26 mai a suscité une controverse au Liban, un pays techniquement en guerre avec son voisin du sud et qui interdit à ses ressortissants de se rendre en Israël.
Mgr Raï a défendu sa décision en déclarant qu'il s'agissait d'une affaire purement religieuse et qu'il était de son devoir d'accompagner le Souverain pontife.
Le pape vient en Terre sainte et à Jérusalem. Il se rend dans le diocèse du patriarche et il est normal que ce dernier l'accueille", avait dit Mgr Raï à l'AFP.
Le Hezbollah, qui a mené une guerre contre Israël en 2006, n'avait jusqu'à présent pas commenté cette visite même si un journal proche du mouvement l'avait qualifiée "de pêché historique".
Ibrahim al-Sayed a indiqué "comprendre les intentions" de Bechara Raï mais "nous parlons des risques et des inconvénients de ce voyage en terme de répercussions au niveau du Liban et de l'entité israélienne", a-t-il dit.
Quelque 10.000 maronites vivent en Terre Sainte et l'assistant de Mgr Raï. Boulos Sayyah, qui accompagnera le patriarche, a précisé que Mgr Raï ne participera à aucune rencontre avec les dirigeants israéliens mais s'entretiendra en revanche avec le président palestinien Mahmoud Abbas.
L'Eglise maronite a été fondée au Ve siècle par Saint-Maron. Elle est rattachée à Rome, tout en ayant sa propre liturgie et spiritualité.
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