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Inde: Modi tient un discours rassembleur après sa victoire éclatante

Inde: Modi tient un discours rassembleur après sa victoire éclatante

Le nationaliste hindou Narendra Modi, futur Premier ministre de l'Inde, a célébré vendredi la victoire écrasante de son parti aux législatives en promettant "de réaliser les rêves" du peuple indien.

Les résultats provisoires donnaient en début de soirée une majorité absolue au parlement pour le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP) de Modi, une première depuis 30 ans pour un parti sans alliances.

Modi, fils d'un vendeur de thé de 63 ans au passé controversé, a assuré qu'il travaillerait pour tous les Indiens lors d'un premier discours devant ses partisans aux anges dans sa circonscription du Gujarat (ouest).

"La fièvre de l'élection est retombée, le peuple a donné son verdict et nous dit que nous devons faire avancer l'Inde pour réaliser les rêves des 1,2 milliard d'Indiens", a-t-il déclaré depuis Vadodara.

"Il n'y a pas d'ennemis en démocratie, il n'y a qu'une opposition. Je vais prendre votre amour et le transformer en progrès avant mon retour", a-t-il ajouté.

Les résultats provisoires dépassent toutes les prévisions des sondeurs. Dans tout le pays, les festivités battent leur plein depuis le matin dans les bureaux du BJP, avec confiseries et pétards.

Le vainqueur des législatives a par ailleurs accepté l'invitation du Premier ministre britannique David Cameron au Royaume-Uni où le dirigeant nationaliste hindou fut longtemps persona non grata.

Ce triomphe du BJP remodèle le paysage politique indien, transformant le parti nationaliste hindou en puissance politique nationale au détriment d'un parti du Congrès de la dynastie Gandhi-Nehru réduit à la portion congrue, dur revers pour une formation habituée à diriger le pays.

"C'est l'aube d'une nouvelle ère. Le lotus a éclos dans toute l'Inde", a déclaré le président du BJP, Rajnath Singh, en référence au symbole du parti.

Les attentes sont fortes au sein de la population indienne qui veut croire que le nouvel homme fort de l'Inde pourra reproduire les recettes économiques testées dans son Etat du Gujarat, qu'il dirige depuis 2001.

Modi a monopolisé l'attention pendant toute la campagne électorale, promettant d'incarner un pouvoir fort à même de relancer l'économie indienne tout en gommant son passé de leader nationaliste hindou controversé.

Le dirigeant du BJP est regardé avec méfiance par la minorité musulmane depuis les émeutes de 2002 dans le Gujarat.

A l'opposé, le parti du Congrès sort usé par dix ans de pouvoir, des scandales de corruption à répétition et puni pour son incapacité à relancer la croissance et à juguler l'inflation.

"La victoire et la défaite font partie intégrante de la démocratie (..). J'endosse la responsabilité de cette défaite", a dit à la presse Sonia Gandhi, présidente du parti.

Le Premier ministre Manmohan Singh, qui avait estimé en janvier que Modi serait un "désastre pour le pays" a appelé son probable successeur pour le féliciter.

Les marchés boursiers indiens, après avoir bondi en matinée dans la perspective d'une nette victoire de Modi, ont fini en légère hausse après une hausse de 5% depuis le début de semaine.

Les investisseurs font preuve d'un optimisme, que certains jugent exagéré, sur sa capacité à sortir l'Inde de ses difficultés: infrastructures défaillantes, inflation galopante, etc.

"Il a devant lui une tâche gigantesque qui va prendre du temps car les problèmes économiques sont vraiment aigus. Il n'a pas de baguette magique", a estimé D.K. Joshi, chef économiste de l'agence de notation Crisil, auprès de l'AFP.

Les grands industriels du pays soutiennent le dirigeant du BJP en raison du bon accueil reçu par les entreprises sur ses terres du Gujarat tandis que son ascension sociale a convaincu une partie de la population qu'il pourrait incarner un pouvoir fort et efficace.

Au-delà des nationalistes hindous, Modi a réussi à rallier une partie des plus pauvres qui votaient traditionnellement pour le Congrès et ses programmes sociaux.

"Modi est arrivé au bon moment, alors que la population est gagnée par l'abattement", estime Mohan Guruswamy, du think-tank Centre for Policy Alternatives.

La nette défaite devrait chambouler le Congrès et poser la question de la capacité de la famille Gandhi à diriger le pays. A 43 ans, Rahul Gandhi a conduit une campagne jugée terne, incapable de lui donner un élan et les résultats préliminaires ne lui donnaient qu'une faible avance dans sa circonscription.

L'arrivée de Modi au pouvoir constitue un changement radical pour les grands pays occidentaux qui ont boycotté le dirigeant indien pendant près de dix ans après les émeutes qui ont ensanglanté le Gujarat en 2002.

Plus de 1.000 personnes ont été tuées dans ces émeutes, essentiellement des musulmans. Modi a été accusé d'avoir encouragé les violences.

Le Pakistan, voisin et rival de l'Inde, a félicité Modi pour sa "victoire impressionnante" tandis que le Premier ministre britannique David Cameron a appelé le dirigeant indien pour le féliciter.

Pendant la campagne, Modi s'est abstenu de mettre en avant les revendications nationalistes les plus radicales du programme du BJP.

bur-ef/rhl

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