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Inde : Rahul Gandhi, l'héritier menacé d'une cuisante défaite

Inde : Rahul Gandhi, l'héritier menacé d'une cuisante défaite

Rahul Gandhi, l'héritier de la plus fameuse dynastie indienne, devait aider le parti du Congrès à se maintenir au pouvoir par la seule magie de son nom mais sa campagne pour les législatives a déçu et son manque de charisme suscite la critique.

Sa jeune soeur Priyanka a plus marqué que lui la longue campagne qu'il était censé diriger et son absence lors du dîner d'adieu du Premier ministre Manmohan Singh en début de semaine lui a valu une nouvelle salve de reproches.

Les résultats des législatives devaient être connus ce vendredi mais les sondages publiés à la fin du scrutin lundi soir lui prédisent la plus cinglante défaite jamais connue par le parti du Congrès, au pouvoir depuis dix ans en Inde.

Sa mère, son père, sa grand-mère et son arrière grand-père ont tous conduit le parti à des victoires éclatantes.

A 43 ans, Rahul est plutôt jeune sur la scène politique indienne mais une humiliation électorale pourrait compliquer son avenir, selon nombre de commentateurs.

"Il est peut être un homme sensé et plein de bonnes intentions mais comme politique, c'est un échec", estime Kay Benedict, un politologue spécialiste du Congrès.

Gandhi n'a jamais occupé de poste à responsabilité et parle du pouvoir comme d'un "poison", alimentant les doutes sur son ambition politique.

Il a jugé que cette élection se résumait à "un affrontement entre deux idées de l'Inde" et a dénoncé l'inaction de son adversaire, le nationaliste hindou Narendra Modi, lors des émeutes inter-communautaires sanglantes de 2002 qui avaient fait plus de 1.000 morts - essentiellement des musulmans - dans l'Etat du Gujarat qu'il dirigeait.

Rahul est né dans une famille privilégiée mais sa jeunesse a été marquée par la tragédie.

A ses 14 ans, sa grand-mère Indira Gandhi est assassinée en 1984 par ses gardes du corps sikhs désireux de venger de la prise d'assaut du Temple d'or d'Amritsar.

Son père Rajiv est contraint de prendre sa suite et est, lui aussi, assassiné sept ans plus tard par une kamikaze tamoule.

Alors qu'il étudie à l'université américaine de Harvard, Sonia, sa mère d'origine italienne, reprend le flambeau au sein du Parti du congrès qu'elle conduit au pouvoir en 2004, refusant cependant de devenir Première ministre.

Après avoir travaillé à Londres et Bombay, Rahul est happé par la politique et devient en 2004 député d'une circonscription laissée libre par sa mère devenue présidente du Parti du congrès.

Un temps dirigeant de l'aile jeunesse du parti, Rahul accède au poste de vice-président en janvier 2013 mais il peine à s'imposer comme dirigeant de premier plan, y compris parmi les siens.

Une fois devenu numéro deux du Congrès, Rahul Gandhi a semé le doute en déclarant que "le pouvoir que tant de gens recherchent est un poison".

Rarement présent dans sa circonscription, il intervient également très peu au parlement et un télégramme diplomatique américain de 2007, dévoilé par Wikileaks, le décrit comme "sans consistance".

Pendant la campagne électorale, "il a été incapable de communiquer et n'a parlé que de façon elliptique", estime Mohan Guruswamy, analyste du Centre for Policy Alternatives, think tank basé à Delhi.

Il a toujours refusé d'entrer au gouvernement, préférant s'engager pour diverses causes comme la loi sur le droit à l'information qu'il considère comme une avancée cruciale contre la corruption rampante.

Il se montre encore plus fervent dans la défense de la laïcité à l'indienne, personnalisée par son arrière-grand-père Jawaharal Nehru, architecte du modèle socialiste ayant façonné l'économie indienne après l'indépendance.

Pour le moment, les cadres du Congrès font corps autour de Rahul, estimant que les résultats sanctionneront le bilan d'un gouvernement auquel il n'appartenait pas.

Mais des dissensions commencent à se faire sentir au sein du parti, "beaucoup de militants de base s'interrogeant sur ses compétences", avertit le politologue Kay Benedict.

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