Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Les Français sont-ils d'éternels pessimistes ? Un forum, premier du genre, pour raviver la flamme

Les Français sont-ils d'éternels pessimistes ? Un forum, premier du genre, pour raviver la flamme

Les Français sont-ils vraiment les champions du monde de la sinistrose ? Pour la première fois, un forum consacré à l'optimisme s'ouvre vendredi et samedi à Paris pour tenter de faire évoluer ce drôle de sport national.

"Je m'interroge sur ce paradoxe des Français qui veut qu'une majorité d'entre eux se déclarent plutôt heureux dans leur vie personnelle alors qu'ils sont le peuple le plus pessimiste du monde", déclare à l'AFP l'expert en communication Thierry Saussez, à l'origine de ce forum.

Pendant deux jours, experts, psychiatres et psychologues, entrepreneurs ou "grands témoins", débattront en public dans l'hémicycle du Conseil économique, social et environnemental, à Paris, autour de quatre thématiques: la société, l'entreprise, le rôle des médias et les recettes de l'optimisme.

"Ajouter une crise, celle du pessimisme, à la crise que nous traversons n'est bon ni pour la consommation, ni pour l'investissement, ni pour la solidarité, c'est-à-dire pour les gens qui sont vraiment en souffrance dans le pays", justifie Thierry Saussez, expert en communication politique.

Selon les derniers indicateurs économiques publiés jeudi, la France a enregistré une croissance nulle sur les trois premiers mois de l'année, et l'inversion de la courbe du chômage, promise pour 2013 par le président François Hollande, n'a pas encore été atteinte.

M. Saussez voit des causes à la fois historiques et culturelles au blues national. "Il y a la religion catholique: il a fallu très longtemps pour reconnaître la place de l'argent dans notre société, l'argent était sale quand il n'était pas donné". Il cite aussi "la révolution française qui était une lutte contre les nantis" et "le rapport à l'État dont on attend qu'il nous accompagne du berceau jusqu'au cercueil et qui n'en fait jamais assez", énumère l'expert en communication politique.

Évoquant le caractère "râleur" que l'on attribue souvent aux Français, il rappelle opportunément cette maxime ironique de l'écrivain Jules Renard: "Il ne suffit pas d'être heureux, encore faut-il que les autres ne le soient pas."

Pourtant, avec un taux de natalité parmi les plus élevés d'Europe et une espérance de vie record, la France pourrait ressembler à un pays heureux, même si ces seuls critères ne peuvent suffirent à révéler l'humeur d'une société.

Psychiatre à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, Alain Braconnier (qui animera l'une des tables rondes) constate lui aussi cette apparente contradiction française entre "vison collective plutôt sombre et vision personnelle plutôt rose".

"Le pessimisme obéit à la contagion sociale qui fait qu'un individu plongé dans un environnement pessimiste devient lui-même plus pessimiste", explique le médecin qui est aussi l'auteur d'un livre sur l'optimisme.

Autre explication, selon lui, au particularisme français: une forte culture intellectuelle dans notre pays, plutôt tournée vers une vision noire de l'existence.

"Le monde intellectuel nous montre qu'il faut se questionner. Or, s'interroger peut nous amener à un certain pessimisme, l'optimisme consistant plutôt à trouver des réponses", analyse-t-il.

Citant le philosophe français Frédéric Schiffter qui nous invite à "la souriante volupté d'être triste", Alain Braconnier pointe une perception souvent négative de l'optimisme qui est vu en France "sous un aspect béat, méthode Coué".

Le conseil du psychiatre pour sortir de la spirale négative, notamment lorsqu'elle conduit à la maladie, à la dépression ?

"Il faut savoir qu'on possède tous des ressources en nous, même les plus pessimistes", relève Alain Braconnier.

"Il faut aussi s'entourer de personnes optimistes dont le mode de pensée consiste, lorsque se pose un problème, à se limiter au problème, à le circonscrire au lieu de dire que tout va mal et que cela ira toujours mal, comme le font les pessimistes qui ont tendance à généraliser", ajoute-t-il.

fio/fa/blb/abk

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.