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Inde: Narendra Modi, un nationaliste hindou qui divise profondément

Inde: Narendra Modi, un nationaliste hindou qui divise profondément

Meneur d'hommes loué pour le dynamisme économique de l'Etat qu'il gouverne, Narendra Modi, possible prochain Premier ministre indien, divise profondément son pays en raison d'un passé controversé et de sa personnalité.

A 63 ans, ce fils d'un vendeur de thé incarne l'aile dure du parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP), suscitant la méfiance y compris chez certains des siens.

Adepte du yoga et végétarien strict, Modi a été imprégné de l'idéologie nationaliste hindoue lors de sa jeunesse passée au sein du Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), une organisation aux méthodes paramilitaires.

Le RSS, qui défend une conception intransigeante de la culture hindoue, a été interdit plusieurs fois depuis l'indépendance et ses cadres font souvent preuve d'hostilité envers les musulmans, la plus grande minorité religieuse de l'Inde.

Modi, qui a fait campagne sur sa capacité à relancer l'économie indienne et a soigneusement évité toute déclaration radicale sur le nationalisme hindou, doit affronter les critiques sur son attitude pendant les émeutes inter-communautaires de 2002 qui ont ensanglanté son Etat du Gujarat.

Chef de l'exécutif de cet Etat qu'il dirige depuis 2001, il lui a été reproché l'inaction de son administration alors que plus de mille personnes ont été tuées, essentiellement des musulmans.

Son refus de présenter des excuses et sa décision d'intégrer dans le gouvernement de cet Etat une femme qui fut ensuite condamnée pour ces émeutes ont accentué la rancoeur parmi ses adversaires.

Tant les Etats-Unis que l'Europe l'ont boycotté pendant une décennie avant de reprendre récemment contact avec lui, y voyant le possible prochain Premier ministre indien.

"Ceux qui demandent des excuses veulent en fait un acte de confession", a répliqué récemment l'un des leaders du BJP Arun Jaitley, rappelant que Modi n'a pas été mis en cause par la justice.

Selon Jaitley, les Indiens sont passés à autre chose et privilégient plutôt le bilan économique de Modi dans le Gujarat.

L'Inde des chef d'entreprises y voient une terre d'accueil privilégiée, louant un exécutif efficace et peu corrompu.

Cet Etat côtier du nord-ouest de l'Inde affiche une croissance annuelle moyenne de 10,13% entre 2005 et 2012, soit la deuxième plus forte des grands Etats indiens.

"Ici, je peux rencontrer un haut fonctionnaire ou un ministre sans grande difficulté", déclarait récemment à l'AFP Bhagyesh Soneji, chef d'une entreprise d'export pharmaceutique installée dans le Gujarat et présidente de la chambre de commerce de l'Etat.

Pour ses adversaires, sa bonne gouvernance masque en fait une centralisation du pouvoir virant à l'autoritarisme.

"Le culte de la personnalité autour de Modi a atteint des niveaux jamais vus depuis des années dans ce pays", relevait l'éditorialiste Mihir Sharma en avril dans le Business Standard.

Le "modèle Gujarat" ne fait pas l'unanimité, ses critiques parlant d'une "illusion" et d'un développement profitant aux grands groupes tout en négligeant les plus pauvres.

Pendant dix ans jusqu'en 2013, le Gujarat n'avait pas de commissaire anti-corruption et l'un des proches de Modi, Amit Shah, est accusé de meurtre et d'extorsion depuis son passage comme ministre de l'Intérieur de cet Etat.

Pendant la campagne, Modi s'en est souvent pris à la dynastie Gandhi, dont le parti est au pouvoir depuis 10 ans, et a promis de faire le ménage après plusieurs scandales de corruption ayant affaibli le gouvernement ces dernières années.

Orateur de talent, Modi s'exprime dans un hindi souvent fruste et évite l'anglais, réputé la langue des élites de Delhi.

Sa vie privée reste un mystère.

Il n'a jamais accepté le mariage arrangé organisé par ses parents pendant son enfance et vit seul dans sa résidence du Gujarat où il est fier de montrer sa collection d'oiseaux.

Jeune adulte, il aurait passé plusieurs années dans l'Himalaya pour une sorte de voyage initiatique avant de se lancer corps et âme dans le RSS et la politique, gagnant une réputation d'organisateur hors pair.

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