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A dix jours de la présidentielle, Kiev peine à enrayer la crise et la partition de l'Ukraine

A dix jours de la présidentielle, Kiev peine à enrayer la crise et la partition de l'Ukraine

A dix jours d'un scrutin présidentiel crucial pour l'avenir de l'Ukraine en proie à une insurrection pro-russe dans l'est, les autorités de Kiev, soutenues par les Occidentaux, peinent à régler la crise politique qui a mis à mal l'unité du pays.

Dans l'est russophone, les affrontements entre l'armée ukrainienne et les séparatistes armés se multiplient près d'un mois après le lancement d'une opération "antiterroriste" qui visait à rétablir le contrôle de Kiev sur les régions sécessionnistes.

Sur la scène internationale, le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen rencontre à Bratislava des responsables d'Ukraine, de Slovaquie, de Hongrie, de République tchèque et de Pologne. Au même moment, le chef de la mission des observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en Ukraine, Ertugrul Apakan, doit s'adresser au conseil de l'organisation.

La veille, les autorités ukrainiennes se sont frottées au difficile exercice de la "table ronde" visant à discuter de l'unité du pays. Deux anciens présidents ukrainiens, des candidats à la présidentielle et des parlementaires, y compris pro-russes, participaient à cette conférence. Mais aucun séparatiste des régions de Donetsk et Lougansk qui ont voté dimanche leur indépendance n'était présent malgré les appels répétés de Moscou.

La réunion de responsables ukrainiens et de séparatistes à une même table aurait constitué une reconnaissance de facto des idées des séparatistes alors que Kiev mène depuis près d'un mois une opération militaire "antiterroriste" pour tenter de reprendre le contrôle de l'est russophone, proche de la frontière avec la Russie.

Quelques heures après la fin des discussions qui ont tourné au dialogue de sourds, le ministère ukrainien de la Défense a fait état de combats près de Kramatorsk, l'un des bastions rebelles. Mardi, sept soldats ukrainiens avaient péri dans une embuscade à coups de lance-roquettes tendue par des insurgés dans la même région.

Au total, plus d'une quinzaine de soldats et policiers ont été tués depuis mi-avril dans l'est du pays, selon un décompte établi par l'AFP à partir des chiffres des ministères de la Défense et de l'Intérieur.

Le gouvernement avance un chiffre d'une trentaine de morts concernant les civils et séparatistes tués dans les combats mais il n'est pas possible de le vérifier de source indépendante.

Lors de la "table ronde", le président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, a assuré que l'Ukraine était "prête" à écouter les gens de l'Est, mais qu'elle refusait de céder au "chantage" des insurgés armés qui "imposent la volonté" de la Russie.

Un haut responsable parlementaire pro-russe, Olexandre Efremov, lui a répondu que "des dizaines de milliers" d'habitants locaux soutenaient les insurgés armés et que l'Ukraine devait mettre fin à son opération militaire dans l'Est dont les seules victimes sont, selon lui, des "civils pacifiques".

Il est difficile de déterminer la portée d'une conférence qui n'avait le soutien ni de Moscou ni des séparatistes de l'est. Et l'incapacité des participants, pourtant tous officiellement partisans de l'unité du pays, à se parler augure de lendemains difficiles.

Le gouvernement a néanmoins annoncé qu'une série de nouvelles tables rondes allaient se tenir "dans les régions". Des participants ont évoqué la possibilité d'une table ronde à Donetsk dès samedi.

Dans un rapport, le groupe de réflexion International crisis group a sévèrement critiqué les autorités ukrainiennes pour leur "incapacité à maintenir l'ordre dans le sud-est, où les séparatistes, soutenus et encouragés par Moscou, menacent la viabilité et l'unité de l'Ukraine".

"Kiev et les candidats à la présidentielle devraient s'adresser au sud-est, expliquer leurs projets pour la gouvernance locale et les droits des minorités, et dire que l'Ukraine doit être un pont entre la Russie et l'Europe et pas un terrain d'affrontement géopolitique", estime l'International crisis group.

Le "think tank" déplore par ailleurs la "faiblesse" du message adressé aux Ukrainiens. "Kiev doit parler d'urgence à son propre peuple", martèle le rapport.

La question du dialogue entre Ukrainiens est centrale aux yeux des Occidentaux et les Européens et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) s'efforcent depuis plusieurs jours d'en renouer le fil.

Moscou pour sa part traîne des pieds, laissant entendre que les conditions pour le "dialogue" ne sont pas réunies.

La présidentielle du 25 mai, convoquée après la destitution en février de Viktor Ianoukovitch, est jugé "cruciale" par les Occidentaux pour sortir de la crise. La Russie, par la voix du président de la Douma (chambre basse du Parlement), Sergueï Narychkine, a admis mercredi qu'organiser cette présidentielle était "le moindre mal", même si elle ne serait pas "entièrement légitime".

Sur le terrain, des combats entre rebelles pro-russes et soldats ukrainiens se déroulent presque chaque nuit dans la zone de Slaviansk, bastion des insurgés.

L'armée ukrainienne a annoncé jeudi avoir "neutralisé" une "bande armée" d'insurgés près du village de Starovarvarivka. Selon le ministère de la Défense, trois insurgés ont été capturés et un lance-roquette confisqué. Le groupe d'insurgés était soupçonné par Kiev d'être à l'origine de l'attaque meurtrière de mardi contre des parachutistes ukrainiens.

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