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L'exploration des trésors archéologiques du Soudan relancée grâce au Qatar

L'exploration des trésors archéologiques du Soudan relancée grâce au Qatar

Les trésors archéologiques du nord du Soudan, en particulier ses nombreuses pyramides, restent largement inexplorés mais grâce à un programme de financement qatari, le désert devrait bientôt révéler ses secrets.

Dans les ruines napatéennes d'El-Kourrou, à 300 km au nord-ouest de Khartoum, des ouvriers, aidés de brouettes et de poulies, extraient sable et terre du site, qui compte une vingtaine de pyramides.

Mais une grande partie de ce riche patrimoine archéologique, qui donne un aperçu sur la mystérieuse civilisation napatéenne de Nubie (900-300 avant J.-C.), reste enseveli dans les sables et ce qui a déjà été mis à jour reste peu connu et visité.

Ce site contient les monuments funéraires de rois, appelés les "pharaons noirs", qui ont conquis et dominé l'Egypte pendant plusieurs décennies.

Abbas Zarook, à la tête d'une mission de fouilles soudano-américaine à El-Kourrou, estime que le plan qatari annoncé en mars pour une période de cinq ans va permettre de mettre en valeur les richesses de ce site inscrit au Patrimoine de l'Unesco.

Sans ce financement de 135 millions de dollars, "personne ne sait combien de temps ces (trésors) seraient restés enfouis", souligne l'archéologue.

"Je ne pense pas que nous allons pouvoir découvrir tout ce qui est enseveli en cinq ans", reconnaît toutefois M. Zarook espérant que ce financement sera prolongé au-delà.

Le Qatar est un des soutiens clé du Soudan, en grande difficulté économique depuis la sécession du Soudan du Sud, en 2011, qui a gardé la majorité des réserves pétrolières.

Ces fonds, les plus importants jamais alloués à des projets archéologiques au Soudan, vont financer des fouilles d'équipes soudanaises et étrangères dans le nord du Soudan, à El-Kourrou et dans plus d'une vingtaine de sites éparpillés sur des centaines de km le long de la Vallée du Nil.

En outre, le financement qatari est destiné à moderniser le musée de Khartoum et à bâtir des centres de conférence à Méroé et Gebel Barkal, deux sites dont les temples et pyramides sont inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco.

Le Soudan, en mal de devises, espère ainsi attirer davantage de touristes, alors que seuls quelque 600.000 visiteurs se sont rendus l'an passé dans le pays, secoué par des violences, selon l'agence officielle SUNA. Pour comparaison, plusieurs millions déferlaient chaque année à Louxor et vers les autres sites archéologiques égyptiens, avant la révolte de 2011.

Sur le site de Sedeinga, dont déjà 250 pyramides ont été mises au jour, à 200 km au sud de la frontière égyptienne, l'archéologue français Claude Rilly, chef de la mission sur place, explique ainsi avoir "vu au maximum 40 visiteurs pendant un mois de fouilles, en décembre".

Le décalage avec l'Egypte est aussi flagrant en terme de recherches, les premières fouilles dans le nord du Soudan n'ayant commencé qu'il y a un siècle.

"Le Soudan présente des opportunités intéressantes et gratifiantes pour les archéologues", assure Geoff Emberling, un chercheur de l'université du Michigan, en soulignant la possibilité de "faire des découvertes majeures".

Les fouilles à El-Kourrou sont centrées notamment autour d'une pyramide datant de l'époque napatéenne (900 av. JC) et dont les archéologues pensent qu'elle atteignait 35 mètres de haut.

Elle s'élevait aux côtés d'un autre édifice funéraire dédié au puissant roi napatéen Piangkhi et d'un bâtiment composé d'une vingtaine de colonnes servant probablement de temple mortuaire, explique M. Emberling.

Un seul policier est affecté à la surveillance d'El-Kourrou, où aucune indication n'est là pour guider d'hypothétiques visiteurs.

Le financement qatari devrait y remédier, grâce à une mise en valeur et un travail de préservation des sites antiques, selon des experts, de même qu'une recherche sur les langues anciennes.

Spécialiste de la langue méroïtique, Claude Rilly bénéficiera ainsi de ces financements pour décrypter les inscriptions encore très peu connues retrouvées sur les pyramides de Sedeinga, un site qui date de la fin de l'ère napatéenne.

Les dernières fouilles à Sedeinga, financées par le ministère français des Affaires étrangères et l'Université Paris-Sorbonne en décembre, ont permis de dévoiler quatre pyramides et de mettre au jour "une magnifique" collection d'éléments architecturaux, explique M. Rilly.

A Sedeinga, "chaque pyramide est un monument unique" à l'inverse de l'Egypte ancienne où "les techniques et apparences générales étaient les mêmes", note l'archéologue, en soulignant "l'incroyable diversité architecturale" du site.

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