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A Donetsk, "aujourd'hui n'est pas un jour de fête"

A Donetsk, "aujourd'hui n'est pas un jour de fête"

"Nous n'avions pas le choix mais c'est terrible ce qui arrive!" Dmytro Korotytch, qui a pourtant voté dimanche en faveur de l'indépendance des deux régions pro-russes de l'est de l'Ukraine, n'a pas envie de célébrer la victoire du oui, qui n'a pas été fêté dans les rues de Donetsk.

Malgré l'annonce d'une victoire écrasante la veille au soir, avec près de 90% de oui au "référendum", aucune scène de liesse, aucune manifestation lundi matin dans les rues de la principale ville de cette région du Donbass... contrairement à l'effervescence qu'avait connu la Crimée, après une consultation similaire.

Dans la matinée, même devant le siège de l'administration régionale, devenu quartier général des rebelles prorusses, la petite foule habituelle de quelques centaines de personnes était absente. Seule la pluie était au rendez-vous de ce que beaucoup de votants avaient pourtant qualifié la veille encore de "jour historique".

"Tu vois, je t'avais dit que personne ne viendrait faire la fête", glisse dépitée une vieille femme à son mari devant une barricade.

En ce lundi matin, la vie de la ville semble, en effet, avoir repris son cours normal. Dmytro Korotytch, ingénieur de 36 ans, n'a rien changé à son programme classique du lundi. Et à 13 heures, en attendant que sa fille sorte de l'école dans le centre de la ville, il affiche une mine grave.

"Nous avons voté contre le pouvoir en place à Kiev et pas forcément pour cette République. Aujourd'hui n'est donc pas un jour de fête!", estime-t-il.

Pour lui, en quelques semaines la région s'est retrouvée dans une impasse: "Nous avons perdu notre pays. C'est trop tard pour faire quoi que ce soit. L'Ukraine n'a de toute façon jamais été unie et maintenant avec tous ces morts, le fossé est trop grand pour être comblé".

A ses côtés Dmytro Boïko, un chauffeur de taxi de 35 ans, qui vient lui aussi de récupérer sa fille à la sortie de l'école, souligne: "Beaucoup d'entre nous sont plutôt effrayés par tout ce qui arrive et par l'avenir. Nous ne savons pas ce qui va se passer, ni qui va nous diriger mais nous ne pouvions pas rester sans rien faire".

"Ce référendum était notre seule façon d'exprimer notre désaccord avec le pouvoir de Kiev mais comment voulez-vous vous réjouir quand vous ne savez pas de quoi demain sera fait?", ajoute-t-il.

La question du lendemain est en effet la grande interrogation. Les nouveaux dirigeants de la région ayant souvent eu des discours contradictoires sur leurs intentions, personne ne sait à quoi s'attendre.

Alors certains se prennent à rêver. "Si nous ne donnons plus notre argent à Kiev alors ils pourront augmenter les salaires, les retraites", espère cet ancien mineur de 74 ans, qui fait confiance aux nouveaux dirigeants de la région même s'il ne peut citer aucun de leurs noms.

"Maintenant, beaucoup de gens vont réaliser qu'ils ne savent pas très bien pour quoi ils ont voté", affirme Natalia, qui ne s'est pas déplacée dimanche. "Et puis, tous ceux qui sont contre, qui n'ont pas voté, se taisent, car on ne veut pas se faire remarquer, ce sont de vieux réflexes qui reviennent".

tib/nm/gg

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