Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Délicate tournée de Hollande dans le Caucase, en pleine crise ukrainienne

Délicate tournée de Hollande dans le Caucase, en pleine crise ukrainienne

Le président français est attendu dimanche en Azerbaïdjan, première étape d'une délicate tournée dans le Caucase du Sud qui le mènera jusqu'à mardi soir en Arménie et en Géorgie, trois pays aux premières loges de la crise en Ukraine, sur le flanc sud du puissant voisin russe.

La visite de François Hollande interviendra dans un climat de grande tension avec le jour même de son arrivée à Bakou la tenue du référendum d'indépendance que les insurgés pro-russes d'Ukraine comptent bien tenir en dépit de l'appel du président russe Vladimir Poutine à le reporter.

Anciennes Républiques soviétiques, l'Azerbaïdjan, l'Arménie et la Géorgie entretiennent des relations complexes et parfois conflictuelles avec la Russie de Poutine qui s'agace du rapprochement de ces anciens satellites de l'URSS avec l'Union européenne, rapprochement déjà à l'origine de la crise ukrainienne.

Les relations russo-géorgiennes, en particulier, ont été sérieusement mises à mal par la guerre éclair qui avait opposé les deux pays en 2008. Un cessez-le-feu avait mis fin au conflit, négocié par Nicolas Sarkozy (la France assurant à l'époque la présidence tournante de l'Union européenne). Mais dans la foulée, Moscou avait reconnu l'indépendance de deux territoires séparatistes géorgiens pro-russes, l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie.

Dans ce contexte et celui des efforts des occidentaux pour convaincre Moscou de contribuer à une "désescalade" de la tension en Ukraine, François Hollande se gardera de jeter de l'huile sur le feu, notamment en Géorgie, pays qui entend rejoindre l'UE mais aussi l'Otan, au grand dam de la Russie.

"Nous ne concevons pas le travail de rapprochement avec l'Union européenne comme un travail mené contre la Russie", souligne-t-on à l'Elysée où l'on estime que "le pire" serait de "polariser" ces pays en les conduisant à choisir entre Moscou et l'UE.

"Ce n'est pas une visite de combat mais une visite visant à favoriser leur rapprochement", insiste-t-on dans l'entourage de François Hollande. De la même manière, le président français devrait se contenter de rappeler son attachement au principe de l'intégrité territoriale de la Géorgie.

Comme dans la plupart de ses déplacements à l'étranger, François Hollande, adepte d'une "diplomatie économique", sera accompagné d'une conséquente délégation de dirigeants d'entreprises.

Les relations commerciales avec l'Azerbaïdjan tout particulièrement apparaissent très déséquilibrées avec, en 2013, 266 millions d'euros d'exportations françaises pour 1,7 milliard d'importations, des hydrocarbures pour l'essentiel. Et en dépit des liens politiques et historiques étroits entre la France et l'Arménie --500.000 Français sont d'origine arménienne--, les échanges commerciaux bilatéraux restent lilliputiens, de l'ordre d'une cinquantaine de millions d'euros l'an dernier.

Au chapitre des symboles, François Hollande assistera lundi soir à l'Opéra d'Erevan à un récital du chanteur français d'origine arménienne Charles Aznavour et inaugurera un square Missak Manouchian, du nom de ce Résistant communiste exécuté le 21 février 1944 par l'occupant allemand avec 21 membres de son réseau près de Paris.

François Hollande évoquera également avec ses homologues azerbaïdjanais et arménien, Ilham Aliev et Serge Sarkissian, le conflit du Haut Karabakh qui empoisonne depuis des décennies les relations entre les deux pays.

Le chef de l'Etat français sera d'ailleurs à Erevan le 12 mai, 20 ans jour pour jour après l'entrée en vigueur de l'accord de cessez-le feu signé par l'Azerbaïdjan et l'Arménie à l'issue du conflit qui les avait opposé de 1988 à 1994 pour le contrôle de cette région séparatiste à majorité arménienne. Le conflit avait fait 30.000 morts et des centaines de milliers de réfugiés.

Alors que le rattachement de la Crimée à la Russie constitue un dangereux précédent, François Hollande fera valoir à ses interlocuteurs l'intérêt bien compris pour les deux parties de relancer les négociations sur le statut de cette enclave en territoire azerbaïdjanais, les appelant à prendre des "mesures de confiance" réciproques. Mais aucune avancée majeure n'est attendue dans ces laborieux pourparlers.

ha/mat/nou/jr

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.