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#BringBackOurGirls, cri de ralliement pour les otages de Boko Haram

#BringBackOurGirls, cri de ralliement pour les otages de Boko Haram

A l'image de Michelle Obama, des centaines de milliers d'anonymes et de célébrités ont pris d'assaut les réseaux sociaux avec le hashtag #BringBackOurGirls pour attirer l'attention sur le sort de plus de 200 lycéennes enlevées à la mi-avril au Nigeria.

"J'étais inquiète de notre silence face à cette terrible attaque", se rappelle Hadiza Bala Usman, une des organisatrices nigérianes à l'origine du mouvement. Pour nombre des familles concernées, l'enlèvement de plus de 200 jeunes filles par les islamistes de Boko Haram, survenu à la mi-avril dans le nord-est du pays, n'a dans un premier temps pas suscité les réactions nécessaires.

Hadiza Bala Usman et six de ses proches échangent alors des emails pour essayer de trouver un moyen d'attirer l'attention sur cette affaire, raconte-t-elle à l'AFP. Un "concept" est alors élaboré collectivement, et le slogan "bring back our girls" --"ramenez nos filles"-- émerge de ces échanges. "Il s'agissait juste de six personnes au départ, et chacun a peu à peu rajouté des noms à cette liste".

Le message parvient jusqu'à Obiageli Ezekwesili, ex-vice-présidente de la Banque mondiale et ancienne ministre de l'Education au Nigeria, qui utilise l'expression dans un discours prononcé le 23 avril à Port Harcourt. Et c'est Ibrahim Abdullahi, un avocat nigérian, qui aurait alors le premier utilisé le hashtag #BringBackOurGirls, en citant l'ex-ministre.

Depuis, ce mot-clé a été utilisé plus de 1,7 million de fois, selon la site d'analyse de Twitter topsy.com.

"Cette campagne a vraiment dépassé mes attentes. Nous sommes à un moment où il faut que les Nigérians sachent qu'ils peuvent se servir des réseaux sociaux. vous ne pouvez pas nous faire disparaître, nous avons une voix", se réjouit Hadiza Bala Usman.

Sur les réseaux sociaux, le message a été repris par une multitude de célébrités ou de personnalités politiques de premier plan, du rappeur américain Chris Brown à l'ex-secrétaire d'Etat Hillary Clinton, de Laeticia Hallyday à la jeune militante pakistanaise Malala, qui avait survécu de justesse à une tentative d'assassinat des talibans, de la présentatrice française Valérie Damidot à la ministre française de la Justice Christiane Taubira.

Le secrétaire d'Etat John Kerry l'a utilisé jeudi en assurant sur Twitter "faire tout ce qui est possible pour +ramener nos filles+" et annonçant qu'une équipe de conseillers militaires et civils "arrivaient sur le terrain au Nigeria".

Cela s'est accompagné de pétitions sur le site change.org, sur le site de la Maison Blanche et au Nigeria, mais aussi à l'étranger, de l'organisation de manifestations.

Jeudi devait même avoir lieu une "manifestation" sur les réseaux sociaux, durant laquelle la cause des lycéennes devait être mise à l'honneur par les participants pendant 200 minutes sur leurs différents profils internet.

L'utilité finale du mouvement reste à démontrer, mais l'ampleur prise par cette initiative a indéniablement contribué à placer l'enlèvement des jeunes filles au premier plan de l'actualité: jeudi, Michelle Obama et sa petite pancarte #BringBackOurGirls faisaient la une du New York Post; de l'autre côté de l'Atlantique, c'est la photo de la Pakistanaise Malala, porteuse du même message, qui était en une du Times britannique.

"Cette campagne sur les réseaux sociaux dans le monde entier a obligé le gouvernement nigérian, notre gouvernement et les médias internationaux à faire attention" à cette affaire, pointe auprès de l'AFP Lori Brown, professeur de sociologie au Meredith College, en Caroline du Nord. "Il sera très intéressant de voir si cela aboutit à ce que les grandes puissances aident à résoudre ce problème pour répondre aux demandes de leurs citoyens".

Le succès du hashtag tient aussi à l'universalité de la cause défendue, rappelle à l'AFP Gwendolyn Seidman, professeur de psychologie à l'Albright College, en Pennsylvanie: "Si le sujet est polémique, les gens peuvent craindre l'image qu'on va avoir d'eux" en affichant leurs opinions sur les réseaux sociaux.

Sur Twitter, l'écrivain américano-nigérian Teju Cole a vu dans ce mouvement "un moment essentiel pour la démocratie nigériane". Tout en ironisant sur la "vague globale de sentimentalisme" qu'il a engendré.

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