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Les Sud-Africains ont voté massivement aux législatives, les premières depuis la mort de Mandela

Les Sud-Africains ont voté massivement aux législatives, les premières depuis la mort de Mandela

Les Sud-Africains se sont massivement déplacés mercredi pour participer aux premières élections législatives depuis la chute de l'apartheid en 1994, qui devraient voir une large victoire de l'ANC au pouvoir depuis vingt ans, malgré les vagues de colère sociale qui agitent le pays depuis des mois.

Ce scrutin était le premier depuis la mort en décembre de Nelson Mandela, le premier président noir du pays. C'est aussi le premier auquel ont pris part les jeunes nés après la chute du régime ségrégationniste de l'apartheid en 1994, la génération des "born free" ("nés libres").

Les premiers résultats commençaient à arriver au compte-goutte mercredi dans la nuit au siège de la Commission électorale à Pretoria, mais il faudra attendre jeudi pour avoir une image correcte des rapports de force. Les résultats complets ne sont pas attendus avant vendredi soir.

Bien qu'aucun chiffre officiel n'ait été donné, certains médias évoquaient une participation similaire ou supérieure à celle de 2009, lorsque 77,3% des électeurs s'étaient déplacés. La Commission électorale avait évoqué "une participation très élevée" lors d'un point presse à 17h00 (15h00 GMT), soit quatre heures avant la clôture officielle du scrutin.

Devant certains bureaux de vote, plusieurs centaines de personnes attendaient toujours de pouvoir voter après 21h00. Ces bureaux devaient rester ouverts jusqu'à ce que tous le monde ait pu voter, au-delà de minuit si nécessaire.

"Notre démocratie reste forte et dynamique", a commenté en fin de soirée la présidente de la Commission, Pansy Tlakula.

Une très forte participation serait le signe d'une mobilisation de l'opposition, et annoncerait probablement un score moins élevé que prévu pour l'ANC, selon des projections de l'institut Ipsos.

Plusieurs partis d'opposition se partageraient le gain, dont l'Alliance démocratique (DA), qui vise un score au dessus des 20%. Le petit parti radical EFF (Combattants pour la liberté économique) de Julius Malema devrait aussi bénéficier de la forte participation.

Dans les derniers jours avant le scrutin, l'ANC était crédité par les sondages d'au moins 60% des suffrages.

Accusé de corruption et d'incompétence par l'opposition, l'ANC reste pourtant le parti de coeur de millions de Sud-Africains, qui estiment que c'est à la formation politique de Mandela qu'ils doivent leur liberté.

Parmi les "born free" rencontrés par l'AFP à Soweto, autrefois un haut lieu de la lutte anti-apartheid, la fidélité à l'ANC était d'ailleurs la règle. "J'ai voté ANC parce que c'est eux qui ont fourni la majorité des gens qui ont sacrifié leur vie pour la liberté, qui sont allés en prison et qui ont oeuvré sans relâche pour libérer notre pays", expliquait Katlego Mafereka, un étudiant en finances de 19 ans.

Globalement, l'électorat traditionnel de l'ANC a semblé peu ébranlé par les scandales qui ont émaillé le premier quinquennat du président Zuma. Le dernier en date étant la rénovation de sa résidence privée aux frais du contribuable pour 15 millions d'euros. Surtout, le chef de l'Etat a pour beaucoup du sang sur les mains depuis que sa police a ouvert le feu sur des grévistes à la mine de Marikana (nord) en août 2012, faisant 34 morts.

Certains, comme l'archevêque Desmond Tutu, avaient fait savoir depuis longtemps qu'ils ne voteraient pas ou plus pour le parti au pouvoir. Mais tous se réjouissaient de pouvoir faire usage d'un droit qui leur avait été si longtemps dénié.

"Je suis si content de pouvoir voter", a lancé le prix Nobel de la paix en votant au Cap. "Je pense à l'Ukraine, au Soudan du Sud et à toutes les choses qui se passent là-bas, et nous pouvons toujours voter relativement pacifiquement. C'est merveilleux, merveilleux!"

Près de 25,4 millions d'électeurs devaient élire 400 députés, qui eux-mêmes désigneront le prochain chef de l'Etat le 21 mai. A 72 ans, le président Jacob Zuma est quasiment assuré d'être reconduit pour un second mandat de cinq ans.

La journée de vote s'est déroulée dans le calme, bien que les semaines précédant le scrutin aient été émaillées de nombreux épisodes de violence urbaine dans les bidonvilles et les quartiers les plus pauvres. Ces manifestions, qui dégénèrent souvent, ont généralement pour point de départ la mauvaise qualité des services publics, notamment la distribution d'eau et d'électricité.

bur-cpb/jeb

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