Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Nigeria : des proches des lycéennes enlevées manifestent devant le QG de l'armée

Nigeria : des proches des lycéennes enlevées manifestent devant le QG de l'armée

Le porte-parole des armées, le général Chris Olukolade, debout devant le quartier général de l'armée à Abuja, lève la main pour réclamer le silence, devant une centaine de personnes assises dans la rue, bloquant la circulation.

En face de lui, les manifestants, vêtus pour la plupart de T-shirts rouges et brandissant des pancartes, ont adapté les paroles d'une chanson de John Lennon, "Give Peace a Chance".

"All we are saying is bring back our girls" ("Tout ce que nous disons, c'est ramenez nos filles"), chantent-ils à la place de "All we are saying is give peace a chance".

Des policiers vêtus de noir et des militaires en treillis, portant gilets pare-balles et casques, bloquent les carrefours en amont de la rue. Un officier prend des photos des manifestants.

Profitant d'un moment de silence, le général Olukolade leur lance: "Soyez assurés que nous vous écoutons et que votre protestation est comprise".

Cela fait trois semaines que les familles de 276 lycéennes enlevées par le groupe islamiste armé Boko Haram à Chibok, une localité reculée de l'Etat de Borno, bastion du groupe dans le nord-est du Nigeria, demandent de l'aide pour retrouver leurs filles et leurs soeurs.

Elles ont rencontré un soutien croissant au Nigeria et dans le reste du monde, qui s'est traduit par des manifestations similaires dans le cadre d'une campagne des médias sociaux, #BringBackOurGirls, reprise par des militants et des groupes de défense des droits de l'homme.

Les enlèvements ont été largement condamnés et la gestion de la situation par le gouvernement très critiquée.

Le président Goodluck Jonathan avait évoqué pour la première fois en public dimanche les enlèvements, alors que les délégués commençaient à arriver dans la capitale, Abuja, pour le Forum économique pour l'Afrique qui doit s'y tenir de mercredi à vendredi.

Le général Olukolade et de hauts responsables militaires ont regagné le QG avec une délégation des manifestants pour leur donner les dernières informations sur les opérations menées --une petite victoire après une brève marche sous le soleil dans l'après-midi et une rare concession des élites du Nigeria à la pression publique.

Au total, 223 lycéennes sont toujours aux mains de Boko Haram, selon la police. La revendication lundi de leur enlèvement par le chef du groupe islamiste, Abubakar Shekau, et ses déclarations selon lesquelles Boko Haram allait les "vendre sur le marché" et qu'elles étaient traitées en "esclaves", a encore accru l'angoisse des famille.

Le chef de la communauté de Chibok à Abuja, Hosea Sambido, a craqué quand il a expliqué que les mères, rongées d'inquiétude, ne peuvent plus rien avaler et que les pères ont entrepris de chercher eux-mêmes, désespérément, les jeunes filles enlevées dans le bush.

"S'il vous plaît, nous supplions le gouvernement fédéral du Nigeria, s'il vous plaît, nous supplions notre armée, dont nous dépendons, s'il vous plaît, intervenez pour nous dans cette affaire, intervenez pour nous dans cette affaire", a-t-il imploré, la voix brisée.

"Notre communauté est relativement petite. Si une génération du même âge -- 276 (filles enlevées)-- disparaît, où allons-nous ? Qui s'en préoccupe ? Nos filles peuvent-elles aller à l'école maintenant ? Aidez-nous. S'il vous plaît ! S'il vous plaît !"

Boko Haram a enlevé des adolescentes dans le passé mais jamais autant en une seule opération.

Selon Yasmin Othman, qui portait un tee-shirt rouge "Bring Back Our Girls" durant la marche, ces enlèvements pourraient avoir des conséquences dans les années à venir dans les zones rurales du pays.

"Pendant les trois premiers jours, j'allais me coucher en pleurant", raconte cette femme membre du réseau African Women Agribusiness Network, en marchant aux côtés de manifestants brandissant des pancartes proclamant "Nos filles, notre avenir" et "Eduquez une fille, éduquez une nation".

"J'appartiens à une ONG et nous avons fait de gros efforts pour faire retourner les filles à l'école, et voilà ce qui arrive", dit-elle à l'AFP. "Cela prendra à nouveau une décennie pour que les parents laissent leurs filles" retourner à l'école.

phz/fb/sd/rhl

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.