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Pakistan: le tueur en série présumé qui voulait donner "une leçon" aux homosexuels

Pakistan: le tueur en série présumé qui voulait donner "une leçon" aux homosexuels

"Ils propageaient le mal dans la société, je devais les arrêter", lance dans sa cellule de prison Muhammed Ejaz, jeune père pakistanais qui a avoué une série de meurtres de gays ayant traumatisé la communauté homosexuelle de ce pays conservateur.

Ejaz, 28 ans, marié et père de deux jeunes enfants, a confessé la semaine dernière les meurtres de trois homosexuels à Lahore (est), capitale culturelle du pays, avec lesquels il avait au préalable eu des relations sexuelles, insistent les autorités.

Les détails de ces meurtres sordides se sont répandus comme une onde de choc dans la communauté homosexuelle du Pakistan, où plusieurs craignent de voir ce meurtrier en série hissé au rang de héros par des musulmans conservateurs dans ce pays où l'homosexualité demeure illégale.

Barbe finement taillée, petite stature, l'homme exprime des remords pour ses meurtres lors d'un entretien avec l'AFP dans sa cellule, tout en maintenant vouloir purger la société du "mal" de l'homosexualité.

"Je n'ai pas bien agi. C'est tragique de voir des familles perdre leurs proches, mais ils propageaient le mal dans la société et je devais les arrêter", affirme Ejaz.

"Je voulais leur donner une leçon, leur dire de rester à l'écart du mal", insiste l'homme arrêté la semaine dernière par la police et dont la justice a ordonné lundi le maintien en détention.

Les meurtres d'un ex-haut gradé de l'armée et de deux jeunes hommes dans la vingtaine, remontent à mars et au début du mois d'avril, selon Asad Sarfraz, le responsable de la police à la tête de l'enquête.

Ils relèvent du même mode opératoire. Les victimes ont chacune été endormies, puis leur cou tordu, afin de laisser le moins de traces possibles.

Mais après avoir consulté les registres téléphoniques des trois victimes, la police a retracé le numéro d'Ejaz et d'un ancien amant qui a été utilisé comme appât la semaine dernière pour hameçonner le meurtrier en lui fixant un faux rendez-vous. Arrivé sur place, il a aussitôt été arrêté.

Ejaz affirme que sa famille ne savait rien de ses plans macabres et qu'il n'est pas lui-même homosexuel même s'il visitait des sites gays.

"J'ai commencé il y a deux mois à fréquenter le site Manjam sur mon téléphone portable et je me suis rendu compte que les homos étaient partout à Lahore", dit-il, à propos d'un populaire média social gay qui s'est retrouvé malgré lui lié à cette affaire hyper-sensible au "pays des purs".

"Pour protéger votre vie privée et accroître votre sécurité, nous avons décidé de fermer provisoirement Manjam à tous les non-membres au Pakistan", a ainsi réagi le site internet dans un communiqué.

Au Pakistan, comme dans de nombreux autres pays musulmans, il n'est pas rare de voir des hommes marcher main dans la main dans la rue, ce qui n'est en rien un gage de leur orientation sexuelle. Mais cela permet à des homosexuels de passer inaperçus.

Aussi, des sites internet, des applications pour smartphones et des soirées +underground+ facilitent les rencontres entre hommes à l'abri des regards, sans rendre plus facile les relations à long terme dans cette société conservatrice.

Ejaz, lui, affirme avoir été violé dans sa jeunesse par un garçon plus âgé, un traumatisme qui a marqué au fer rouge son adolescence. "Depuis ce qui m'est arrivé, je les déteste", peste le meurtrier en série présumé, dans l'attente d'un jugement.

"Il semble motivé par la haine de soi et une homophobie qu'il a intériorisée" au fil des années, souligne un ténor de la communauté homosexuelle de Lahore, affirmant qu'Ejaz était depuis quelques mois sexuellement actif dans les milieux homos, tétanisés par cette série de meurtres et ses conséquences.

"L'inquiétude est bien là. Cela va-t-il inspirer d'autres personnes à faire la même chose?", s'interroge cet homme requérant l'anonymat.

wh-ia/gl/abk

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