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Irak: les forces de sécurité commencent à voter pour les législatives

Irak: les forces de sécurité commencent à voter pour les législatives

Les forces de sécurité irakiennes ont commencé à voter lundi, deux jours avant les élections législatives, les premières depuis le départ des troupes américaines, dans un contexte de violences croissantes dont l'armée et la police sont elles-mêmes souvent la cible.

Depuis le début de l'année, près de 600 membres des forces de sécurité ont été tués. Le gouvernement ne parvient pas à contenir les violences, qui ont fait en tout près de trois-mille morts.

Ces élections anticipées ont déjà été entachées de violences, un soldat a été tué et plusieurs blessés dans des attaques contre des bureaux de votes et des convois militaires.

Dès l'ouverture des bureaux de vote à 07H00 locales (04H00 GMT), soldats et policiers s'alignaient devant les écoles de Bagdad et du reste du pays, avant de repartir le doigt marqué de la traditionnelle encre violette indiquant "a voté".

"Les Irakiens veulent du changement. Le gouvernement doit changer, car il a échoué dans les grandes largeurs", lance Jawad Kadhem, un sous-officier de police qui attend devant un bureau de vote du centre de Bagdad, sanglé dans son uniforme.

Plus de 9.000 candidats sont en lice pour 328 sièges de députés.

Le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, candidat à un troisième mandat, est donné favori, en l'absence d'un véritable challenger et sur fond de divisions dans l'opposition.

Les forces de sécurité votent en avance pour pouvoir sécuriser le scrutin le 30 avril, après une campagne marquée par les violences.

Lundi, un soldat a été tué dans une attaque contre un convoi qui se rendait vers un bureau de vote près de Ramadi (100km à l'ouest de Bagdad), et un kamikaze qui tentait d'attaquer un bureau de vote à Mossoul a été abattu par la police, ont indiqué des responsables.

Peu après, un second kamikaze a réussi a faire exploser sa charge, blessant trois soldats et un policier.

La veille, cinq bureaux de vote avaient été attaqués dans la ville de Kirkouk (nord), tuant un enfant et blessant deux soldats et un capitaine de police.

Craignant une escalade à l'approche du vote, les autorités ont décrété 5 jours fériés --de dimanche à jeudi-- pour tenter de sécuriser l'élection, à laquelle un peu plus de 20 millions d'électeurs sont inscrits.

Mais dans certaines zones du pays, tombées aux mains d'insurgés dont des jihadistes radicaux, les élections ne pourront probablement pas se tenir.

"Je suis venu voter pour le bien de l'Irak, et pour chasser ceux qui n'ont pas servi le pays", explique Ahmed, un policier rencontré dans la file d'attente d'un bureau de vote de Bagdad, et qui refuse de donner son nom complet. "Nous voulons élire de meilleures personnes"

Les Irakiens sont lassés du chômage, de la corruption et du manque criant de services publics.

"Le Parlement n'a rien fait", renchérit le général de brigade Yahiya Saad Yahyia, 56 ans, un ancien soldat de l'armée de Saddam Hussein désormais employé au ministère de l'Intérieur.

Les députés irakiens n'ont approuvé que très peu de projets de loi depuis 2010.

La spirale de violences a placé la situation sécuritaire au centre des débats, M. Maliki et son parti, l'Alliance pour l'Etat de droit, faisant campagne sur la nécessité de s'unir derrière le gouvernement pour mettre fin au bain de sang.

Il "utilise la crise sécuritaire pour détourner le débat de l'insatisfaction de la population vis-à-vis du gouvernement", explique Michael Knights, du Washington Institute for Near East Policy.

"S'il réussit, la crise sécuritaire pourrait lui être très bénéfique", pronostique M. Knights.

Outre les quelque 800.000 membres des forces de sécurité, les malades hospitalisés, le personnel médical, les prisonniers et leurs gardiens votent également lundi.

Les Irakiens de l'étranger, qui ont commencé à voter dimanche dans 19 pays, ont jusqu'à lundi soir pour se rendre aux urnes.

Pour l'heure, 60.000 d'entre eux ont déjà déposé leur bulletin dans l'urne, selon la commission électorale irakienne.

En 2010, les législatives avaient été endeuillées par plusieurs attaques, qui avaient fait près de 40 morts et des dizaines de blessés.

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