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Elections en Irak: le Premier ministre favori malgré les violences

Elections en Irak: le Premier ministre favori malgré les violences

En lice pour un troisième mandat, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki aborde les élections législatives en favori, malgré un bilan mitigé à la tête d'un pays s'enfonçant jour après jour un peu plus dans les violences.

Les institutions politiques irakiennes sont en outre quasi-paralysées en raison de la crise et de l'insécurité, et le Parlement n'a approuvé que très peu de projets de loi depuis les législatives de 2010.

Les partisans de M. Maliki, un chiite au pouvoir depuis 2006, cultivent l'image d'un homme à poigne, capable de lutter contre l'extrémisme et les ingérences étrangères, tandis que ses critiques, de plus en plus nombreux, soulignent son incapacité à mettre un terme à la corruption et à améliorer les services publics.

En 2010, M. Maliki était arrivé deuxième, derrière le bloc Irakien d'Iyad Allawi, et n'avait été reconduit à son poste que plusieurs mois après les élections, au terme de difficiles et longues tractations entre groupes politiques.

Selon une règle non écrite, mais admise de facto par les partis politiques, le poste de Premier ministre revient à un chiite, tandis que les Kurdes détiennent la présidence et les sunnites la tête du Parlement.

Or M. Maliki reste le seul chiite ayant la carrure pour le poste, contrairement à 2010, quand la campagne s'était polarisée entre lui et son rival, Iyad Allawi, un chiite laïc.

"Les divisions qui sont apparues depuis 2010 dans le camp chiite n'ont pas permis l'émergence d'un nouveau leader", souligne Aziz Jabr, professeur de Sciences politique à l'université Mustansiriyah de Bagdad.

Les élections du 30 avril, auxquelles plus de 20 millions d'Irakiens sont invités à participer, interviennent dans un pays qui ne parvient pas à s'extraire d'une spirale de violences ayant déjà fait près de 3.000 morts depuis le début de l'année, faisant craindre un retour aux niveaux de 2006-2007, au plus fort du conflit confessionnel entre chiites et sunnites.

La campagne électorale elle-même a été sanglante, plusieurs bureaux de vote ont été visés, ainsi que des meetings électoraux.

La sécurité est donc au coeur du débat, M. Maliki faisant campagne sur sa lutte contre les extrémistes sunnites.

Il "utilise la crise sécuritaire pour détourner le débat de l'insatisfaction de la population vis-à-vis du gouvernement", explique Michael Knights, du Washington Institute for Near East Policy. "S'il réussit, la crise sécuritaire pourrait lui être très bénéfique".

Outre les attentats quasi-quotidiens, les combattants anti-gouvernementaux contrôlent depuis début janvier la ville de Fallouja, et mettent en difficulté les forces de sécurité dans d'autres secteurs de la province occidentale d'Al-Anbar.

Promptes à se dédouaner de ces échecs, les forces de l'ordre blâment le manque d'équipements, tandis que le Premier ministre pointe du doigt l'Arabie saoudite et le Qatar, qu'il accuse de soutenir l'insurrection. Bagdad invoque aussi les retombées du conflit en Syrie voisine pour expliquer la recrudescence des violences.

La guerre civile qui y fait rage depuis trois ans a contribué à creuser des divisions confessionnelles déjà profondes, la minorité sunnite s'estimant discriminée par les autorités, dirigées par les chiites.

Diplomates et experts ont appelé le gouvernement à tendre la main aux sunnites, mais à l'approche des élections, Nouri al-Maliki privilégie plutôt une ligne dure. Cette fermeté pourrait cependant entraver sa marche vers un troisième mandat, pour lequel au moins un certain soutien sunnite est crucial.

"L'image de l'homme fort que Maliki tente de cultiver ne lui sera pas bénéfique parmi les sunnites", souligne M. Jabr. "Les sunnites n'accepteront pas un troisième mandat pour Maliki, après quatre ans de campagne contre lui".

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