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Dans l'Est de l'Ukraine, des volontaires se préparent à combattre les séparatistes et les Russes

Dans l'Est de l'Ukraine, des volontaires se préparent à combattre les séparatistes et les Russes

Le visage dissimulé derrière un passe-montagne, un amateur d'armes montre à des recrues d'âge moyen comment démonter une kalachnikov: dans l'Est de l'Ukraine, une centaine de volontaires se sont engagés dans le bataillon du Donbass pour combattre les séparatistes pro-russes.

Bien décidés à agir en cas d'invasion russe dans la région, chauffeurs de taxis, hommes d'affaires locaux, voire des ingénieurs, se sont enrôlés dans cette brigade et s'entraînent dans une ferme abandonnée.

Dmytro Babkine, marié et père de deux adolescents, raconte avoir pris sa décision quand il a appris que des chars russes se massaient à la frontière de son pays et avoir vu un appel à rejoindre cette milice sur Facebook.

"Je me suis inscrit pour stopper l'agression extérieure et pour combattre les Russes s'ils nous envahissent parce que notre armée n'est pas assez forte et que nous ne pouvons pas juste compter sur des enfants de 18 ans", a-t-il déclaré à l'AFP, en retirant son masque de ski.

"Je suis prêt à tuer un Russe pour défendre notre terre", a ajouté cet homme aux cheveux argentés et au visage tanné, qui est en réalité ... à moitié Russe.

Vêtu d'un blouson en cuir et portant des lunettes d'aviateur, le fondateur du bataillon et petit entrepreneur, Semen Sementchenko, ne ressemble pas vraiment à un commandant, malgré ses six ans de service dans l'armée.

Cet homme de 38 ans dit en avoir eu assez d'attendre que le gouvernement ukrainien mette sur pied la force de volontaires qu'il avait promise dans la région de Donetsk, déchirée par les troubles séparatistes.

Il a donc décidé de lancer lui-même un appel sur Internet il y a deux semaines. Environ 500 personnes ont déjà manifesté leur intérêt.

Pour être accepté dans le groupe, les critères sont simples: être un patriote, avoir un casier judiciaire vierge et pas de problèmes psychiatriques. En dehors de ces exigences, les hommes de tous âges sont les bienvenus.

M. Sementchenko nie tout lien avec les extrémistes nationalistes, alors que récemment Dmytro Iaroch, le dirigeant du mouvement nationaliste paramilitaire Pravy Sektor, diabolisé par la presse russe, a affirmé être derrière la mise en place de la brigade.

"Nous sommes juste un groupe organisé de patriotes. Nous voulons reprendre nos villes", assure-t-il.

Le bataillon semble ne disposer que de quelques fusils automatiques et pistolets, tous détenus légalement selon ses membres. Mais M. Sementchenko affirme que suffisamment d'armes sont stockées ailleurs "pour faire le boulot".

Les nouveaux uniformes, les gilets pare-balles et même la nourriture proviennent de dons privés, dit-il, ajoutant que les membres de la brigade ne sont pas payés.

Même s'ils portent l'insigne de l'armée ukrainienne sur leurs uniformes, le groupe insiste sur le fait qu'il n'est contrôlé par aucun organe de sécurité, concédant tout juste coopérer avec la police en fournissant des hommes pour un barrage routier.

"Si nous sommes amenés à défendre notre patrie, bien sûr nous les rejoindrons, mais d'ici là il vaut mieux être le dirigeant d'un groupe de partisans pour ne pas avoir à obéir à des ordres criminels ou inefficaces", estime Semen Sementchenko.

Les membres du bataillon sont persuadés que leur force réside dans leur désir de défendre leurs maisons, même s'ils semblent avoir bien peu de chances face à l'armée russe.

"Mon petit-fils m'a dit d'arrêter de fuir et de me lancer à l'attaque, et j'ai réalisé qu'il était temps de faire quelque chose", raconte Zakhar, un habitant de la région d'origine géorgienne.

A ses côtés, un autre volontaire masqué, Mikhaïlo, dit craindre de ne pas pouvoir rentrer chez lui bientôt, la tension restant vive dans la région.

"Nous avons tous une famille et j'aimerais juste pouvoir retrouver la mienne et que ce soit la paix", lance-t-il. "C'est mon souhait mais il semble que nous allons devoir rester et être prêt à tout".

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