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Damas proche d'achever l'évacuation de ses armes chimiques

Damas proche d'achever l'évacuation de ses armes chimiques

La Syrie s'est rapprochée un peu plus jeudi de l'évacuation totale de son arsenal chimique, a annoncé la mission internationale supervisant ce processus alors que Damas s'est vu accusée de récentes attaques présumées au chlore.

Après avoir, pendant des mois, manqué plusieurs dates limites, Damas a considérablement augmenté le rythme des évacuations ces dernières semaines et un nouveau chargement d'armes chimiques a quitté le pays jeudi via le port de Lattaquié.

"L'opération d'aujourd'hui porte le total de matériaux chimiques évacués ou détruits à 92,5%", a indiqué la mission conjointe ONU-OIAC (Organisation pour l'interdiction des armes chimiques) dans un communiqué.

"Je salue les progrès réalisés ces trois dernières semaines", a déclaré la coordinatrice de la mission, Sigrid Kaag, citée dans le communiqué.

Selon le programme initial de désarmement chimique, Damas devait avoir évacué 700 tonnes d'agents chimiques de catégorie 1 et 500 tonnes d'agents de catégorie 2, pour le 31 décembre et le 5 février, respectivement.

Après avoir manqué les écheances de plusieurs mois, Damas s'était engagée à achever l'évacuation pour dimanche.

Pour justifier les retards, la Syrie avait évoqué le manque de sécurité dans ce pays en guerre depuis trois ans, mais les puissances occidentales accusent Damas de ralentir volontairement le processus.

Le plan de désarmement chimique de la Syrie approuvé par l'ONU prévoit que l'arsenal syrien soit détruit pour le 30 juin, principalement sur un navire spécialisé américain.

Certains observateurs estiment que, malgré les retards encourus, la date du 30 juin est encore réaliste.

En dépit des progrès réalisés dernièrement, il n'est pas certain que Damas pourra tenir parole : une partie des produits devant encore être évacués se trouvent sur un site, proche de Damas, inaccessible en ce moment pour des raisons de sécurité, a assuré à l'AFP une source proche du dossier.

Le représentant syrien auprès de l'OIAC a en outre dit mercredi, lors d'une réunion, "espérer célébrer la fin de l'évacuation" lors du prochain Conseil exécutif de l'OIAC, le 29 avril, mais sans pour autant pouvoir le garantir, selon une source ayant assisté à la réunion.

Par ailleurs, quelque 120 tonnes d'isopropanol, qui devaient être détruites en Syrie d'ici au 1er mars, l'ont été à 93%, selon l'OIAC. L'isopropanol restant se trouve lui aussi sur le site inaccessible.

L'accord russo-américain sur la destruction des armes chimiques syriennes, approuvé par l'ONU, avait écarté la perspective d'une intervention militaire américaine en Syrie.

Il avait été obtenu après des attaques à l'arme chimique en août 2013 pour lesquelles le régime et la rébellion se sont rejeté la responsabilité.

Mais de nouveaux soupçons sont apparus quant à la bonne foi de Damas après des attaques présumées au chlore qu'auraient commises le régime au début du mois dans une partie du pays contrôlée par l'opposition. L'ONU a évoqué une enquête mercredi, mais sans décider qui pourrait la mener.

Sico van der Meer, analyste en armes chimiques de l'Institut Clingendael de La Haye, estime que l'évacuation des armes chimiques ne marquera pas l'épilogue du désarmement chimique de la Syrie.

"Ils vont achever l'évacuation, certes, mais la question des sites de production est toujours sur la table", assure-t-il à l'AFP, en référence à ce sujet faisant l'objet de discussions au Conseil exécutif de l'OIAC.

Les textes de l'OIAC ne précisent pas comment les sites de production doivent être détruits.

Damas souhaite sceller ces sites d'ores et déjà rendus inutilisables, mais les Occidentaux souhaitent que les bâtiments soient rasés, craignant que la Syrie ne soit tentée de les réutiliser.

Selon une source diplomatique, les discussions sur les sites de production risquent d'occuper le Conseil exécutif pendant "un bon moment".

"La Syrie gagne du temps, elle sait que tant que le processus de destruction des armes chimiques est en cours, la communauté internationale ne l'embêtera pas trop", soutient M. van der Meer.

ndy/jhe/rhl

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