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Un an de présidence Kenyatta au Kenya: droits violés et impunité généralisée (ONG)

Un an de présidence Kenyatta au Kenya: droits violés et impunité généralisée (ONG)

"Inquiétantes" atteintes aux droits et aux libertés et "impunité généralisée" ont marqué la première année de mandat du président Uhuru Kenyatta et de son vice-président William Ruto, ont estimé mercredi deux ONG, sévères sur leur bilan.

La Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) et la Commission kényane des droits de l'Homme (KHRC) estiment dans un rapport qu'en "dépit des promesses" de campagne du ticket Kenyatta-Ruto, "les principes démocratiques et l'état de droit ont été régulièrement violés" depuis leur investiture le 9 avril 2013.

Elles critiquent également l'attitude des autorités kényanes envers la Cour pénale internationale (CPI), qui a inculpé, avant leur élection, MM. Kenyatta et Ruto de crimes contre l'humanité pour leur responsabilité présumée dans les violences meurtrières qui avaient suivi les élections de décembre 2007.

"Tout au long de l'année, les autorités kényanes ont tenté de sévir contre les voix dissidentes, soit par l'adoption de lois restrictives destinées à encadrer les ONG ou les médias, soit par la répression policière des manifestations ou via le harcèlement judiciaire des protestataires ou des défenseurs des droits de l'Homme", affirment les deux ONG.

Le Parlement kényan, dominé par le camp Kenyatta-Ruto, a adopté fin 2013 deux lois controversées, l'une encadrant les activités des ONG et limitant leur financement, l'autre entravant sérieusement, selon ses adversaires, la liberté de la presse.

La première a finalement été rejetée en deuxième lecture, tandis que la seconde fait l'objet d'un recours en inconstitionalité.

"Les libertés d'association et de réunion ont été constamment menacées et les libertés d'expression et de la presse gravement piétinées" depuis un an, poursuivent les deux ONG qui dénoncent aussi de graves abus commis au nom de la lutte antiterroriste, notamment "meurtres extrajudiciaires, exécutions sommaires, disparitions forcées, arrestations arbitraires (...) torture ou mauvais traitements".

"Jusqu'ici, alors que le Kenya a entrepris d'importantes réformes de sa police (...) aucune mesure efficace n'a été prise pour que ceux responsables de telles violations rendent des comptes et les victimes n'ont obtenu aucune forme de réparation", écrivent la FIDH et la KHRC.

Elles dénoncent également "la stigmatisation de certaines catégories de personnes, dont les migrants illégaux" dans le cadre de cette "lutte antiterroriste" au Kenya, théâtre ces dernières années de plusieurs attentats, attribués pour la plupart à des partisans des islamistes somaliens shebab.

Ces dernières semaines, les autorités ont mené une importante opération "antiterroriste" visant essentiellement les communautés somalienne et kényane d'ethnie somali, consistant en des rafles de plusieurs milliers de personnes, dont la quasi-totalité ont depuis été libérées sans être inculpées.

Cette opération a été sévèrement critiquée par l'opposition kényane, par de nombreuses ONG - qui ont aussi dénoncé des abus policiers contre des suspects à cette occasion - et par le Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR).

FIDH et KHRC avertissent également de menaces sur les droits des femmes, via une loi sur la mariage autorisant notamment la polygamie sans consentement de la première épouse, ou de risques accrus de discrimination envers la communauté homosexuelle, des parlementaires kényans ayant récemment proposé de suivre les exemples ougandais et nigérian où les lois antihomosexualité ont été durcies.

Les deux ONG fustigent également le déni de justice persistant envers les victimes de violations de leurs droits, particulièrement celles des violences post-électorales de fin 2007-début 2008.

"En dépit d'engagements à coopérer pleinement avec la CPI, les nouvelles autorités se sont lancées dans une virulente campagne nationale, régionale et internationale visant à saper le fonctionnement de la Cour" pénale internationale, estiment les ONG, qui dénoncent une série de manoeuvres "illustrant le refus du Kenya de rendre justice aux victimes des violences post-électorales" de 2007-2008.

Elles rappellent qu'au niveau national les responsables de ces crimes restent "pour une large part impunis" et pointent un "manque de volonté politique de mettre fin à l'impunité concernant ces violences".

Le procès de M. Ruto devant la CPI s'est ouvert en septembre 2013 à La Haye et celui de M. Kenyatta a été reporté à octobre prochain. La procureure de la CPI, Fatou Bensouda, en difficulté en partie à cause du retrait de nombreux témoins, possibles cibles d'intimidations, accuse le Kenya "d'obstruction", car il refuse de lui communiquer certains documents.

ayv/eln/hm

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