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Un parti anti-immigration tchèque Usvit s'invite au Parlement européen

Un parti anti-immigration tchèque Usvit s'invite au Parlement européen

"N'embarquez plus dans vos rafiots, nous ne vous recevrons pas!" crie haut et fort à l'adresse des immigrés l'avocate tchèque Klara Samkova, numéro 1 de la liste des candidats aux élections européennes du parti Usvit (Aube) qui gagne du terrain grâce à un discours xénophobe.

Fondé en mai 2013 par l'homme d'affaires tchéco-japonais Tomio Okamura, le mouvement Usvit est aussitôt entré dans le Parlement, en obtenant 6,88% des voix lors des législatives anticipées d'octobre.

"Sans ambages, il faut dire non à cette forme d'immigration qui vise à abuser du système social européen. Il est impératif de fermer la frontière de l'UE aux immigrés. Ici et maintenant", martèle Mme Samkova à l'occasion d'un meeting de son parti à Jablonec, ville du nord-ouest connue pour la production de bijoux fantaisie.

Cette quinquagénaire énergique aux cheveux noirs prône avec véhémence la "sauvegarde des valeurs européennes qui sont avant tout les valeurs chrétiennes".

"Les immigrés apportent à l'Europe des valeurs complètement différentes qui risquent de la détruire un jour", dit-t-elle à l'AFP, en distribuant les tracts électoraux aux passants sur la "Place de la Paix" dominée par la mairie, chef d'oeuvre de l'architecture fonctionnaliste d'entre-deux-guerres.

Son discours sonne bien à l'oreille d'une grande partie des Tchèques: 51% d'entre eux estiment qu'il y a trop d'étrangers dans leur pays, selon un sondage de l'institut CVVM.

Environ 430.000 étrangers vivent actuellement dans ce pays de 10,5 millions d'habitants, membre de l'UE depuis 2004. Parmi eux, il y a notamment 113.000 Ukrainiens, 82.000 Slovaques, 52.000 Vietnamiens et 32.000 Russes.

Le prochain défi d'Usvit, c'est d'envoyer au moins un député au Parlement européen, aux côtés des élus du Front national (FN) français, du Parti de la Liberté (PVV) néerlandais ou du parti britannique Ukip.

"Je suis optimiste", assure Mme Samkova. Si elle est élue, elle souhaite travailler au sein de la commission en charge des droits de l'Homme, aujourd'hui "encombrée de gauchistes" selon elle.

Le durcissement de la politique d'immigration, le renforcement du rôle du référendum et la protection de la souveraineté nationale figurent parmi les priorités d'Usvit, qui bénéficie d'un soutien plus élevé dans les régions frontalières, plus sévèrement frappées que la riche capitale par le chômage et d'autres problèmes sociaux.

"A Prague, il y a beaucoup d'intellectuels qui ont perdu le contact avec la vie réelle. A la campagne, les gens apprécient davantage notre politique visant à appeler les choses par leur vrai nom", estime Mme Samkova.

"J'irai voter aux élections européennes et Usvit est au nombre de mes favoris", confie un sexagénaire qui se présente comme Jaroslav.

"J'apprécie l'importance qu'il attribue au référendum. Je suis d'accord aussi avec ce qu'il dit sur l'immigration", ajoute-t-il, avant de se plaindre du montant de sa pension de retraite, quelque 8.000 couronnes (291 euros).

En revanche, Alena Zeniskova, 39 ans, une employée de la poste, proteste contre les efforts d'Usvit en faveur d'un référendum sur l'euro, une majorité des Tchèques s'opposant à la monnaie européenne.

"Je ne veux plus de cette couronne de mendiant! Je veux l'euro!" s'exclame-t-elle.

"Si nous adoptons l'euro, nous aurons bientôt ici des salaires égaux à ceux d'Europe occidentale, j'en suis sûre", déclare Mme Zeniskova à l'AFP.

"Je ne pense pas que chaque immigré soit un parasite", ajoute cette partisane du parti social-démocrate.

La septuagénaire Hana se montre tout aussi critique: "La politique du parti de M. Okamura n'est ni positive ni constructive. L'immigration est une chose naturelle, il est impossible de l'arrêter, ce serait une marque d'obscurantisme", argue-t-elle.

"L'immigration peut aussi être bénéfique", admet Mme Samkova. "Je n'ai rien contre ceux qui viennent légalement et qui travaillent honnêtement", assure-t-elle.

"Je sais que c'est impopulaire, mais il faut appeler les droits de l'Homme par ce qu'ils sont en réalité, à savoir une unité indivisible de droits et de devoirs", lance-t-elle, avant de quitter Jablonec pour poursuivre sa campagne électorale.

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