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Martin Gray, survivant de l'holocauste, se confie à une auteure québécoise

Martin Gray, survivant de l'holocauste, se confie à une auteure québécoise

La journaliste du Devoir Mélanie Loisel lance la semaine prochaine, en France et en Belgique, un livre d'entretiens avec Martin Gray.

Publié par la maison d'édition française L'Aube, le livre Ma vie en partage sort au Québec le 13 mai prochain.

L'écrivain d'origine polonaise, qui vit dans le sud de la France, a survécu à l'holocauste et à la mort accidentelle de sa femme et de ses quatre enfants. Le livre est le résultat de centaines d'heures d'entretiens téléphoniques entre la jeune femme et le vieil homme. « Entre le 26 décembre 2013 et la mi-février, on s'est parlé tous les jours. Il n'utilise pas Internet, le téléphone était donc notre moyen de communication », raconte-t-elle.

Martin Gray a déjà raconté sa vie dans un livre, Au nom de tous les miens, écrit avec Max Gallo en 1971. Un film du même titre en a été tiré. Mélanie Loisel a lu le livre dans sa ville d'origine, Fermont, quand elle était adolescente. « J'ai un intérêt pour la Deuxième Guerre mondiale, et j'ai lu beaucoup de récits de survivants. »

La rencontre a été marquante pour la journaliste. L'homme est imposant, mais elle ne s'est pas laissé impressionner et l'a challengé. « C'est un être d'une force incroyable. Tu la sens. Cet homme est comme une grosse vague sur laquelle je devais surfer, sinon je me serai fait avaler. La vie ne l'a pas cassé, ce n'était pas moi qui allais le faire plier. »

Rencontre avec un géant

Martin Gray est connu dans le monde entier. Né à Varsovie en 1922, il a été déporté au camp de Treblinka où sa famille n'a pas survécu, il a vécu aux États-Unis après la Deuxième Guerre mondiale avant de s'établir en France. Ami avec Picasso et Charlie Chaplin, il a aussi connu René Lévesque.

Dans le livre, il répond à toutes les critiques, parle de son rapport avec les gens et de son rapport à l'argent, de la violence dans le monde, de la publicité, des médias, du terrorisme, de la paix dans le monde, de la santé pour le végétarien qu'il est. « On a aussi abordé des questions existentielles. Je lui ai demandé ce que signifie la haine, la vengeance, s'il a eu le goût de se venger. Je lui ai posé toutes les questions. Il n'y a rien que je n'ai pas abordé », raconte Mélanie Loisel.

Pourtant, tout les séparait. Il a 92 ans, elle a 32 ans; elle est une femme, il est un homme; il est juif, elle est catholique; elle est québécoise, il est polonais; elle a été gâtée par la vie, il a vécu des épreuves.

Un projet pour faire le pont entre les générations

Comment une jeune journaliste québécoise en vient-elle à écrire un livre avec Martin Gray?

En mars 2013, Mélanie Loisel a une idée un peu folle qu'elle réalise avec ses propres économies : faire des entrevues avec des gens d'autres générations que la sienne et qui ont été au cur de l'histoire. « Ça a marché. J'ai rencontré 50 personnes depuis le début de cette entreprise. Les gens me répondaient : je t'attends à Beyrouth, à Stockholm. Le but était de faire le pont entre les générations pour en tirer des leçons avant que ces personnes ne soient plus là. »

En mai dernier, elle a rencontré Martin Gray chez lui, dans le sud de la France. Il lui a accordé une heure et demie d'entrevue. « J'étais dans une démarche de mémoire et ça l'a intéressé. »

Le livre est venu par la suite, quand la maison d'édition L'Aube s'est montrée intéressée. C'est le premier d'une série intitulée Conversations pour l'avenir. Car d'autres personnalités rencontrées par Mélanie Loisel feront aussi l'objet d'une publication.

La jeune femme entend compléter son projet pour 2015, pour le 75e anniversaire de la fin de Deuxième Guerre mondiale.

Par Cécile Gladel

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