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Et si? Les résultats sous la loupe de la proportionnelle

Et si? Les résultats sous la loupe de la proportionnelle

Si l'on regarde les résultats électoraux de près, on voit que le Parti québécois et la Coalition avenir Québec n'ont que 2,2 % d'écart. Une différence qui se traduit pourtant par huit sièges d'écart, en raison du système politique. Et si le Québec avait voté selon un mode de scrutin proportionnel?

Place aux scénarios hypothétiques que nourrit cette proposition de réforme démocratique débattue depuis déjà plus de 40 ans au Québec.

Au Québec comme au Canada, le candidat qui a reçu le plus de votes dans sa circonscription l'emporte. Aussi simple soit-il, le système majoritaire uninominal (SMU) a ses détracteurs.

S'il est reconnu pour créer des gouvernements stables, le SMU mène parfois à des résultats distorsionnés, c'est-à-dire à un écart considérable entre le pourcentage de votes qu'un parti reçoit et le nombre de sièges qu'il recueille. On lui reproche alors de « perdre des votes ».

Ceux qui contestent le SMU proposent donc l'instauration, sous une forme ou sous une autre, d'un mode de scrutin proportionnel.

Et si au Québec, on utilisait...

1. Un mode de scrutin proportionnel intégral?

L'État d'Israël fait partie des quelques pays qui utilisent cette façon de compter les votes. Le pays en entier forme alors une seule circonscription et la part des sièges obtenus par les partis à la Knesset, le Parlement israélien, représente fidèlement le pourcentage du vote recueilli aux urnes par chacun d'entre eux.

Si le Québec avait un tel mode de scrutin, le Parti libéral aurait obtenu 18 sièges de moins le 7 avril, tandis que tous les autres partis auraient fait des gains. De plus, Option nationale et le Parti vert du Québec auraient pu faire leur entrée à l'Assemblée nationale, dépendamment du seuil choisi.

Il était de 2 % en Israël, qui l'a relevé à 3,25 % récemment. ON (1,89 %) et le PVQ (moins de 1 %) n'auraient donc pas nécessairement obtenu de sièges.

2. Un mode de scrutin mixte compensatoire?

Hybride entre le SMU et la proportionnelle, ce mode de scrutin est l'un des plus souvent cités en exemple, puisqu'il permet aux régions d'élire un représentant tout en réduisant les risques de distorsion électorale. L'Allemagne utilise notamment ce mode mixte. L'électeur dispose alors de deux voix :

  • l'une pour élire directement le candidat de sa circonscription;
  • l'autre qu'il accorde au parti de son choix.

Ce deuxième vote sert à combler les sièges dits « compensatoires ». Ils sont calculés en fonction du pourcentage de voix récoltées à l'échelle nationale, auquel on soustrait le nombre de circonscriptions réellement remportées.

Le ratio utilisé dans plusieurs cas est de 60/40; 60 % des députés élus dans une circonscription, 40 % élus par mode compensatoire. C'est celui qui semble faire consensus pour ceux qui se sont intéressés à une réforme du scrutin québécois. Selon cette hypothèse, un parti doit toutefois obtenir un minimum de 5 % du suffrage total pour être représenté, le même seuil qu'utilise l'Allemagne.

Si le Québec avait eu un tel système, le Parti libéral aurait perdu sept sièges le 7 avril, essentiellement répartis entre la Coalition avenir Québec et Québec solidaire.

Dans l'histoire

Il arrive parfois que le mode de scrutin majoritaire uninominal renvoie sur les bancs de l'opposition un parti qui a obtenu la majorité des voix. Bien que rare, cette situation est survenue à deux reprises depuis la Révolution tranquille. Ça a été le cas du PLQ en 1966, puis à nouveau en 1998, lorsque le parti a dû céder le pouvoir au gouvernement péquiste de Lucien Bouchard.

Les partisans du SMU sont conscients des distorsions qu'il cause. Or, c'est plutôt la stabilité que le système procure qu'ils défendent.

Avant le gouvernement minoritaire obtenu par le gouvernement libéral de Jean Charest en 2007 et celui de la chef péquiste Pauline Marois en 2012, il fallait remonter en 1878 pour y noter l'élection d'un gouvernement sans majorité.

L'histoire politique du Québec a bien vu passer quelques tentatives d'instaurer un mode de scrutin proportionnel, notamment par René Lévesque en 1984 et par les libéraux au début des années 2000. Mais depuis, peu de discussions sérieuses sur une réforme du mode de scrutin ont été entendues sur la colline Parlementaire.