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Le docteur Couillard promet au Québec les "vraies affaires"

Le docteur Couillard promet au Québec les "vraies affaires"

Arrivé à la tête des Libéraux aux prises avec un scandale qui aurait pu emporter la formation fédéraliste, le neurochirurgien Philippe Couillard est devenu lundi le nouveau Premier ministre du Québec en promettant de s'atteler aux "vraies affaires".

Ministre de la Santé de Jean Charest pendant cinq années, M. Couillard entretient pourtant une image de nouveau-venu sur la scène politique de la Belle Province, esquivant systématiquement les dossiers qui ont entaché le bilan des neuf années de gouvernement du Parti libéral du Québec (PLQ) (2003-2012).

Cadres du parti cités dans une vaste commission d'enquête sur le trafic d'influence entre entrepreneurs et dirigeants politiques, ministre poursuivi pour clientélisme, et surtout soupçons répandus de collusion avec des milieux proches de la mafia, le PLQ a été chassé du pouvoir en septembre 2012.

Immédiatement après la défaite, les barons du parti se sont tournés vers M. Couillard. Cinq ans après son retrait de la politique, il prend en mars 2013 la tête du parti qu'il a mené lundi à la victoire, en dépit de finances précaires, aidé par d'anciens ténors de l'époque Charest.

Solitaire et surnommé "l'ours" par ses proches, ce Franco-Canadien à la barbe blanche soigneusement taillée et aux yeux bleus a ramené le PLQ au pouvoir avec un seul axe de campagne: créer des emplois. Avec son slogan de campagne "+ensemble, on s'occupe des vraies affaires+", il n'a eu de cesse d'agiter l'épouvantail du référendum sur l'indépendance du Québec, même si les indépendantistes ont assuré qu'un tel scénario était improbable à court terme. Il a aussi fustigé la charte sur la laïcité "discriminatoire" portée par ses adversaires du Parti québécois.

De son vrai nom Philippe Couillard de l'Espinay, héritier du premier colon anobli par Louis XIV du temps de la Nouvelle-France, le nouveau Premier ministre québécois, père de trois enfants, voulait devenir archéologue --il nourrit une grande passion pour Napoléon-- mais a finalement fait carrière dans la chirurgie, avant de passer en politique.

Chirurgien-chef dans un hôpital montréalais au début des années 1990, il s'expatrie pendant quatre ans en Arabie saoudite où il participe à la fondation d'un service de neurochirurgie pour un groupe pétrolier. De retour au Canada, il enseigne la médecine avant de devenir député de Montréal, où il est né en 1957.

En 2008, il quitte le gouvernement --"Je n'ai jamais voulu être politicien de carrière"-- et rejoint un fonds d'investissement spécialisé dans la santé avec qui il avait négocié son embauche quand il était encore ministre.

Outre la très récente révélation de l'existence d'un compte bancaire dans le paradis fiscal anglo-normand de Jersey où il percevait ses émoluments saoudiens, il traîne comme un boulet sa vieille amitié avec Arthur Porter.

Emprisonné au Panama, l'ancien médecin Arthur Porter a dirigé un grand hôpital canadien, ainsi que le comité indépendant de supervision des services de renseignement, où siégeait alors M. Couillard. La justice canadienne, qui réclame son extradition, le poursuit pour de nombreux chefs d'accusations comme le "recyclage des produits de la criminalité".

Ce lien d'amitié et d'affaires des deux hommes a même été dénoncé par des libéraux eux-mêmes: pendant qu'avec d'autres au gouvernement, "(nous) combattions la corruption, tu faisais des affaires avec Arthur Porter", lui avait lancé Raymond Bachand, ancien ministre de Jean Charest, en plein débat pour la direction du parti.

Fidèle à sa ligne de conduite, M. Couillard avait accusé le coup sans broncher. Plutôt que d'attaquer ses adversaires, il préfère véhiculer une allure bonhomme, toujours jovial, esquivant les questions embarrassantes par l'humour. Les clés de la longévité de son prédécesseur et mentor Jean Charest.

sab/mbr/rap

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