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Kiev dénonce un plan russe pour "démembrer" l'Ukraine après les incidents dans l'est

Kiev dénonce un plan russe pour "démembrer" l'Ukraine après les incidents dans l'est

L'Ukraine a accusé lundi la Russie de vouloir l'envahir pour la "démembrer", après une brusque montée de tension dans les régions russophones de l'est du pays, où des ministres ont été envoyés pour reprendre la main.

Des manifestants pro-russes, certains masqués ou cagoulés, avaient attaqué et pris le contrôle dimanche de bâtiments officiels -administration locale ou services de sécurité (SBU)- dans les grandes villes de Kharkiv, Lougansk et Donetsk. Ils avaient immédiatement descendu les drapeaux ukrainiens bleu et jaune pour hisser à leur place le blanc-bleu-rouge russe, et réclamé pour certains l'organisation de référendums sur le rattachement de leurs régions à la Russie voisine.

Le gouvernement pro-européen issu du soulèvement qui a renversé le 22 février le régime pro-russe du président Vktor Ianoukovitch s'est réuni lundi matin en urgence pour examiner la situation.

Les traits tirés, le Premier ministre, Arseni Iatseniouk, a directement accusé Moscou: ces incidents font partie d'un "plan pour déstabiliser la situation, pour qu'une armée étrangère passe la frontière et envahisse le territoire ukrainien, ce que nous ne permettrons pas".

"Ce scénario est écrit par la Fédération de Russie et son seul but est de démembrer l'Ukraine," a-t-il poursuivi, s'exprimant par moments en russe pour s'adresser directement aux habitants des régions orientales.

Le président russe Vladimir Poutine s'est engagé à défendre "par tous les moyens" les populations russophones des républiques de l'ex-URSS et a massé jusqu'à 40.000 soldats russes aux frontières de l'Ukraine, faisant redouter une invasion.

Depuis la chute du régime pro-russe de Kiev, la tension entre les deux voisins ex-soviétiques n'a cessé de s'accentuer. La crise a débouché sur le rattachement en mars de la péninsule ukrainienne de Crimée à la Russie, après un référendum non reconnu par l'Ukraine et les Occidentaux, qui parlent d'une "annexion".

Pour tenter de régler les tensions dans l'Est, le ministre de l'Intérieur Arsen Avakov a été envoyé à Kharkiv et le vice-Premier ministre chargé des questions de sécurité, Vitali Iarema, à Donetsk.

M. Avakov a indiqué lundi matin sur sa page Facebook que le bâtiment de l'administration régionale de Kharkiv "a été totalement libéré des séparatistes".

Le bâtiment a été évacué par les protestataires suite à des négociations, ont précisé à l'AFP les services locaux du ministère de l'intérieur.

Une journaliste de l'AFP sur place a constaté que les fonctionnaires ukrainiens avaient bien repris leur travail dans les bureaux, sous la protection de nombreux policiers anti-émeutes. Des dizaines de manifestants pro-russes restaient à proximité. Andreï, 28 ans, assure que "les gens sont rentrés se reposer parce qu'ils étaient fatigués, mais nous attendons qu'ils reviennent".

Quelques dizaines de manifestants pro-européens se trouvaient également sur la place devant le bâtiment.

A Donetsk, les manifestants contrôlaient toujours lundi matin le bâtiment de l'administration, selon une correspondante de l'AFP. Des informations faisaient état d'une opération des pro-russes dans la nuit contre les locaux des services de sécurité ukrainiens (SBU), sans qu'il soit possible de déterminer exactement dans l'immédiat son issue.

Selon certaines sources des manifestants auraient réussi à pénétrer dans les locaux du SBU, mais il n'était pas clair s'ils avaient pu s'y maintenir.

Des manifestants avaient également attaqué dimanche des locaux du SBU à Lougansk.

En pleine crise politique, Kiev doit organiser une élection présidentielle anticipée le 25 mai, et les candidats pro-européens font figure de favoris. Mais les activistes pro-russes réclament l'organisation à la même date de référendums sur leur rattachement à la Russie ou la "fédéralisation" de l'Ukraine, solution officiellement prônée par Moscou.

L'Ukraine se débat pendant ce temps dans une profonde crise économique, dont les perpectives se sont encore agravées avec l'augmentation-sanction de 80% du prix des livraisons de gaz russe annoncée la semaine dernière. Kiev a rejeté cette "pression politique", faisant craindre une nouvelle guerre du gaz qui pourrait menacer les approvisionnements de toute l'Europe.

Officiellement pour des raisons de santé, la Russie a aussi annoncé lundi avoir suspendu l'importation d'une partie de la production de produits laitiers d'Ukraine.

Les Occidentaux menacent la Russie de nouvelles sanctions, économiques, en cas d'atteinte répétée à l'intégrité territoriale de l'Ukraine.

Et dimanche, le président tchèque Milos Zeman a estimé que si des troupes russes entraient dans l'est de l'Ukraine, l'Otan devrait même intervenir militairement.

bur-so/gmo/jh

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