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Interrogatoires de la CIA: des sénateurs veulent rendre public leur rapport

Interrogatoires de la CIA: des sénateurs veulent rendre public leur rapport

Des sénateurs américains ont voté jeudi en faveur de la déclassification, soutenue par Barack Obama, d'une partie d'un rapport sur les méthodes d'interrogatoire musclées de la CIA après le 11-Septembre.

Dans ce document de 6.300 pages, l'agence américaine du renseignement est accusée d'avoir dissimulé certains détails sur la brutalité de ses méthodes, assimilées à de la torture, en vigueur sous le président George W. Bush, et auxquelles le président Obama a mis fin en 2009.

Ce vote de la Commission du renseignement du Sénat, par 11 voix contre trois, autorise la présidente de la commission, la puissante sénatrice démocrate Dianne Feinstein, à transmettre les 400 pages de résumé du rapport, ainsi que ses conclusions et ses recommandations, à la Maison Blanche.

"Le président, qui a interdit ces pratiques en prenant ses fonctions, pense que jeter la lumière sur ce programme aidera les Américains à comprendre ce qui s'est passé et nous guidera à l'avenir pour qu'aucune administration n'envisage d'adopter un tel programme", a affirmé la porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC, dépendant de la Maison Blanche), Caitlin Hayden.

"Notre position reste que le résumé et les conclusions (...) devraient être déclassifiés, avec les caviardages nécessaires pour des raisons de sécurité nationale", a ajouté Mme Hayden dans un communiqué, en remarquant que "le président a clairement dit qu'il voulait que ce processus soit conclu aussi vite que possible".

Si Barack Obama donne son feu vert, les agences du renseignement s'engageront dans un processus de correction du document, où elles pourront pointer ce qui doit, à leurs yeux, rester secret.

"Le but de ce rapport était de dévoiler la réalité de ce programme secret, et les résultats sont choquants", a déclaré Mme Feinstein.

"Ce rapport montre une brutalité qui est en totale contradiction avec les valeurs de notre nation. Il détaille une tache dans notre histoire qui ne doit plus jamais pouvoir se produire", a-t-elle ajouté.

La sénatrice a dit espérer que les corrections seraient "aussi peu nombreuses que possible" et a précisé que le processus prendrait au moins un mois. "Cette nation reconnaît ses erreurs, aussi douloureuses puissent-elles être", a-t-elle ajouté.

Selon elle, plus de 100 détenus ont été soumis à ces interrogatoires brutaux.

Ce rapport est au centre d'une guerre ouverte entre la CIA et le Sénat. L'agence d'espionnage est accusée d'avoir entravé le travail des assistants parlementaires qui ont travaillé pendant plus de trois ans à la rédaction de ce rapport, notamment en supprimant des documents de leurs serveurs.

Des responsables américains s'étaient fait l'écho fin mars, auprès du Washington Post, du contenu de ce rapport. La CIA aurait ainsi exagéré l'importance de certains complots et de prisonniers détenus dans ses prisons secrètes, et aurait caché que certains renseignements déterminants auraient été en fait lâchés par les détenus avant qu'ils ne soient soumis aux techniques brutales des agents américains.

Ce vote est un "premier pas important", s'est félicité mercredi l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch, qui aurait cependant préféré que l'ensemble du rapport soit déclassifié pour clore un "faux débat sur la légitimité et l'efficacité de la cruauté".

"La décision de pratiquer la torture reposait sur l'affirmation selon laquelle les simulations de noyade, les privations de sommeil et d'autres abus étaient efficaces pour obtenir les informations nécessaires et sauver les vies d'Américains", mais "ce rapport montre que cette assertion était fausse", note l'association.

L'association Aclu de défense des libertés individuelles a exhorté la Maison Blanche à décider elle-même, et non la CIA, des corrections finales. "On ne devrait pas donner un stylo à censure à la CIA pour qu'elle cache son utilisation de la torture", a estimé l'Aclu.

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