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De Simféropol à Yalta, en Crimée, la plus longue ligne de trolleybus du monde

De Simféropol à Yalta, en Crimée, la plus longue ligne de trolleybus du monde

Une boîte de conserve bleue à quatre roues, qui gravit les cols en cahotant, traverse les forêts et longe la mer Noire: le "trolleybus de Crimée", la plus longue ligne du monde, roule depuis 55 ans à travers la péninsule et son histoire tourmentée.

Le parcours de 85 km part de la capitale Simféropol, traverse le village de Perevalne, où une importante base de l'armée ukrainienne a été prise par les Russes la semaine passée, et le célèbre vignoble Massandra pour finalement arriver à Yalta, la station balnéaire de la mer Noire où Churchill, Roosevelt et Staline se sont partagé le monde après la Seconde guerre mondiale.

Voilà 30 ans que Natalia Youdenkova conduit les voyageurs. Cette dame aux cheveux courts et aux jambes potelées, vêtue d'une robe noire, pourrait refaire les deux heures et demie du trajet les yeux fermés.

"Je viens travailler chaque jour de très bonne humeur, parce que c'est mon travail de conduire les gens et surtout que la nature est vraiment belle", affirme-t-elle en fixant la chaussée pour éviter les trous béants et les automobilistes de Crimée, à la conduite souvent cavalière.

La ligne a été inaugurée en 1959 à la demande de Nikita Khrouchtchev car le sol, trop malléable, n'aurait pas supporté le chemin de fer et que des autobus auraient été trop polluants.

Les stations thermales du bord de mer et les montagnes sauvages de Crimée, déjà prisées des Tsars, attiraient alors l'été les touristes de l'Union soviétique.

La ligne 52 a longtemps été le seul moyen de transport pour les travailleurs de la région. A son apogée, elle transportait un demi million de personnes chaque jour et un bus partait toutes les deux minutes.

"Cette route était le symbole d'une nouvelle vie, d'une vie confortable pour les gens, qui apportait le bonheur", assure Valeri Zaikin, le directeur de Krym Trolleybus, en charge du réseau. "C'est l'image de la Crimée", dit-il.

Depuis ses débuts, le trolleybus de Crimée a transporté selon lui 6 milliards de personne.

La ligne, ancien symbole de progrès, a gardé tout son charme. Mais les vieux modèles fabriqués en Tchécoslovaquie, qui continuent de rouler, auraient aussi facilement leur place dans un musée.

Beaucoup de passagers confient d'ailleurs qu'ils préfèreraient voyager dans leur propre voiture s'ils en avaient une. "On devrait supprimer ces bus pour que les gens puissent conduire vite, comme dans les autres pays", assure Iakoub, l'un d'entre eux. "Ca prend trop de temps et ça n'arrête pas de bouger. Ce serait différent avec un nouveau trolleybus."

Mais même les nouveaux modèles ne sont pas adaptés à la route, qui serpente entre les monts de Crimée puis redescend brusquement vers la mer Noire.

Selon Valeri Zaikin, une usine de Loutsk, dans l'ouest de l'Ukraine, doit développer des trolleys spécialement pour la ligne 52. Mais la situation politique de la Crimée, qui vient de quitter le giron ukrainien pour se rattacher à la Russie après un référendum controversé, laisse la question en suspens.

Un seul changement est certain selon lui: le prix de 15 hryvnias, soit un euro, va augmenter.

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