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Risque de pénurie dans l'ouest de la Birmanie, privé d'aide internationale

Risque de pénurie dans l'ouest de la Birmanie, privé d'aide internationale

Des milliers d'habitants de l'ouest de la Birmanie sont sur le point de se retrouver à court d'eau potable et de nourriture, mettent en garde des ONG, dont l'accès à la zone a été restreint.

L'ONU et plusieurs ONG ont dû évacuer des employés de la région de Sittwe la semaine dernière, après que des foules bouddhistes s'en sont pris à leurs bâtiments, les accusant de parti-pris pro-musulman.

Nombre des personnes déplacées sont des musulmans rohingyas, minorité apatride reconnue comme l'une des plus persécutées au monde par l'ONU, et privée de droits en Birmanie.

Nombre d'entre eux vivent dans des camps en Etat Rakhine, soit environ 140.000 personnes sur 800.000 Rohingyas dans la région.

Ils dépendent complètement de l'aide humanitaire, tarie depuis que les ONG internationales ont été l'objet d'attaques sans précédent dans la région par des bouddhistes nationalistes.

"Nous sommes très inquiets de l'impact que cela a sur les opérations humanitaires", commente Pierre Péron, porte-parole de l'Office de Coordination des Affaires Humanitaires de l'ONU (OCHA) à Rangoun.

"Nous travaillons jour et nuit pour trouver des solutions à court terme afin que les gens ne se retrouvent pas sans eau ni nourriture", ajoute-t-il.

Les stocks d'eau ont atteint des niveaux "critiques" pour 18.000 personnes déplacées vivant dans deux camps isolés de Pauktaw.

Les services de santé, notamment d'urgence, ont été "sérieusement touchés", selon l'OCHA.

L'ONG Médecins sans Frontières (MSF), jusqu'ici très présente, a été contrainte par les autorités de cesser ses activités en Etat Rakhine fin février.

Avec d'ores et déjà des conséquences sur la situation sanitaire pour ces Rohingyas confinés dans des camps, considérés comme des immigrés illégaux du Bangladesh.

Les autres travailleurs humanitaires craignent d'être à leur tour empêchés d'apporter des soins de base et des vivres à plus de 170.000 personnes vivant dans des camps et des villages de la région de Sittwe, la capitale régionale.

La perspective de cette pénurie survient à l'approche de la mousson, synonyme de maladies.

Elle ajoute au désespoir déjà palpable de ces familles déplacées, forcées à fuir leurs villages après des violences meurtrières entre bouddhistes et musulmans depuis 2012.

"Sans eau et nourriture, cela pourrait sans l'ombre d'un doute conduire à encore plus de tensions, non seulement entres les communautés mais en leur sein même", estime un travailleur humanitaire, sous couvert de l'anonymat.

Les ONG internationales sont sous une pression croissante des nationalistes bouddhistes locaux, qui leur reprochent de concentrer leurs efforts sur cette population fragilisée.

C'est la première fois que les humanitaires sont contraints de se retirer en masse d'Etat Rakhine, après des menaces contre leurs employés, dans la cadre d'une campagne d'intimidation menée par des nationalistes bouddhistes.

"Nous nous attendons à ce que plus personne ne soit prêt à nous louer des locaux, une voiture ou à nous vendre quoi que ce soit", se dit sceptique un autre travailleur humanitaire, lui aussi sous couvert de l'anonymat.

Les bateaux utilisés jusqu'ici pour acheminer de l'aide à certains camps reculés ont été détruits.

Les pénuries de nourriture commencent dans certains camps isolés. Et le prix du riz a doublé en quelques jours, selon des témoignages sur place.

"Nous n'avons pas reçu de ration depuis cinq ou six jours déjà", confirme Thein Mya, 57 ans, qui vit dans le camp de Thet Kae Pyin.

Tout cela intervient dans un contexte de tension accrue par un recensement national, le premier en trente ans, débuté dimanche.

Au dernier moment, après une menace de boycott du recensement par des bouddhistes extrémistes, les autorités ont annoncé qu'elles n'autoriseraient finalement pas les Rohingyas à se déclarer comme tel.

Un journaliste de l'AFP ayant visité les camps de déplacés musulmans depuis le lancement du recensement dimanche a constaté que la plupart n'étaient pas enregistrés par les agents du recensement, du fait de leur volonté de se déclarer en tant que Rohingyas.

bur-klm/dth/ros

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