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L'Ukraine soulagée mais pas sortie d'affaires par le plan du FMI

L'Ukraine soulagée mais pas sortie d'affaires par le plan du FMI

L'Ukraine a reçu jeudi une bouffée d'air frais vitale à court terme avec le plan de sauvetage du FMI mais reste loin d'être sortie d'affaires vue l'ampleur de la crise et les incertitudes quant à l'évolution de la confrontation avec Moscou.

Le Fonds monétaire international a annoncé avoir réuni un plan totalisant 27 milliards de dollars (environ 20 milliards d'euros). Sur cette somme, elle fournira un crédit compris entre 14 et 18 milliards de dollars prêtés sur deux ans, sous la forme d'un accord de "stand by", c'est à dire versé progressivement en fonction de la mise en oeuvre des réformes exigées. La première tranche est attendue avant la fin avril.

Parmi les autres contributeurs, les Etats-Unis ont proposé une garantie sur des prêts d'un milliard de dollars, sur laquelle doit se prononcer jeudi le Sénat.

L'Union européenne a promis une aide d'urgence de 1,6 milliard d'euros (2,2 milliards de dollars), dont elle a promis de verser 600 millions d'euros dès le feu vert du FMI. Le Japon a mis sur la table un peu plus d'un milliard d'euros (1,5 milliard de dollars) via le FMI ou des aides en équipement.

La Banque européenne pour la reconstruction et le développement a de son côté quasi doublé son aide annuelle, à un milliard d'euros destinés à des projets d'investissement privés.

Une mission de la Banque mondiale se trouve en outre depuis lundi à Kiev et s'est dite prête à financer des projets jusqu'à trois milliards de dollars.

Si le plan est massif, c'est que les besoins du pays sont gigantesques après près de deux ans de récession aggravée par la crise politique. Les caisses de l'Etat sont vides, en partie à cause de la corruption qui gangrénait le régime de Viktor Ianoukovitch selon le gouvernement de transition. D'après le FMI, sans aide et réformes le déficit public (budget+gaz) atteindrait cette année 10% du produit intérieur brut.

Selon les analystes de Natixis, les 27 milliards de dollars promis sont ainsi à mettre en rapport aux 33,4 milliards de dollars dont a besoin le pays pour rembourser ses dettes, envers le FMI lui-même, Gazprom ou encore Moscou qui avait versé trois milliards de dollars fin 2013 avant de cesser son soutien.

"Le plan du FMI devrait suffire à éviter une crise explosive de balance des paiements, avec effondrement de la monnaie et de la production", a estimé William Jackson, de Capital Economics.

"Mais vu la situation politique volatile (...), de sérieux doutes demeurent quant à la capacité et la volonté des hommes politiques de mettre en place d'importants changements", a-t-il ajouté, soulignant la proche élection présidentielle.

A cette incertitude politique s'ajoute une incertitude géopolitique majeure: l'attitude de la Russie qui selon Kiev amasse des troupes le long de la frontière de l'Est de l'Ukraine, après avoir pris la Crimée.

"Le problème, c'est que ces crédits sont délivrés pour deux ans, c'est un délai très court pour revenir à la croissance", relève de son côté Olexandre Joloud, économiste du Centre internationale des recherches prospectives.

Les ménages seront mis à contribution dès le 1er mai avec une hausse de 50% du prix du gaz, les subventions actuelles profitant selon le FMI aux fortunés industriels, gros consommateurs. Retraites, salaire minimum et traitements des fonctionnaires vont être gelés.

A la place, le FMI propose de nouvelles prestations sociales.

Le Premier ministre Arseni Iatseniouk a par ailleurs annoncé jeudi une baisse rapide de 10% des effectifs des ministères, ce qui représente 24.000 personnes.

"La consommation des ménages a été le seul secteur de l'économie en croissance ces 12 derniers mois", relève Lilit Gevorgyan, économiste au cabinet IHS. "Les réformes, combinées à une forte inflation, vont entraîner une réduction des dépenses des ménages", estime-t-elle.

Le gouvernement prévoit, dans le meilleur des cas, une chute du PIB de 3% cette année et une inflation entre 12% et 14%.

"Ces décisions ne susciteront pas les applaudissements, mais ce sont nos enfants qui nous applaudiront parce que nous aurons sauvé le pays", a plaidé le chef du gouvernement devant le Parlement.

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