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L'Armée canadienne n'avait aucun psychologue en Afghanistan

L'Armée canadienne n'avait aucun psychologue en Afghanistan

L'aide psychologique en zone de combat pour les militaires canadiens comporte de grandes lacunes, selon de nouveaux documents obtenus par Radio-Canada.

Ces manquements touchent particulièrement les soldats francophones.

Un dossier de Christian Noël

En Afghanistan, par exemple, l'Armée canadienne n'avait aucun psychologue sur le terrain. Les soldats victimes d'un événement traumatique étaient référés aux psychologues de l'armée américaine, et ce, pour une consultation presque toujours en anglais.

Une dizaine de militaires canadiens se sont suicidés au cours des quatre derniers mois, dont le caporal Alain Lacasse du Royal 22e Régiment, basé à Valcartier, il y a une semaine.

« C'est primordial de pouvoir le faire [parler à un psychologue] dans notre langue », selon le caporal à la retraite Sylvain Chartrand, qui souffre de stress post-traumatique après une mission en Bosnie.

Des travailleurs sociaux, des psychiatres et des aumôniers militaires sont parfois déployés et étaient disponibles à Kandahar, en Afghanistan. Mais même les Forces armées reconnaissent que les psychologues ont des compétences essentielles.

Ces derniers sont notamment responsables d'effectuer des débreffages d'incident critique, une étape cruciale pour traiter les blessures de stress opérationnel. « C'est impératif de faire ça rapidement et avec un psychologue compétent », explique Sylvain Chratrand, qui a été pris en otage lors d'une mission en Bosnie en 1993.

Une « crise »

« Le gouvernement laisse tomber les militaires au moment où ils en ont le plus besoin », dit la porte-parole libérale en matière de défense nationale, Joyce Murray. Les requêtes pour embaucher du personnel en santé mentale ont été « ignorées et refusées », selon elle, en raison d'un gel d'embauche imposé par le gouvernement de Stephen Harper. Un gel qu'a également dénoncé l'ombudsman des Forces armées dans son plus récent rapport.

En février dernier, le chef d'état-major annonçait l'embauche de sept travailleurs en santé mentale, qui font partie de la vingtaine de professionnels que le ministère souhaite recruter dans la foulée de la récente vague de suicides.

En dépit d'investissements de 11,4 M$ et des promesses du gouvernement Harper faites en 2009 d'embaucher plus de personnel, le nombre de travailleurs en santé mentale de la Défense nationale n'avait presque pas bougé.

Davantage de ressources?

Dans un courriel, le ministère de la Défense nationale indique qu'il étudie présentement « la nécessité d'embaucher des psychologues cliniciens militaires », tel que recommandé par l'ombudsman des Forces armées.

Les services de santé des Forces canadiennes, ajoute le courriel, ont une équipe en place pour en « déterminer l'efficacité et en analyser les effets sur notre capacité à fournir des soins médicaux en garnison et sur le terrain ».

Le dernier contingent canadien en Afghanistan est rentré au pays il y a un peu plus d'une semaine.