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Ukraine: le général Koval, nouveau patron d'une armée humiliée en Crimée

Ukraine: le général Koval, nouveau patron d'une armée humiliée en Crimée

Le général Mikhaïlo Koval, nommé mardi ministre ukrainien de la Défense, est un militaire respecté désormais chargé de redonner du tonus à une armée humiliée par la retraite de Crimée, où il avait lui-même été détenu par les milices pro-russes.

Numéro deux du corps des garde-frontières, cet homme de 58 ans à l'allure discrète, courts cheveux gris et moustache finement taillée, remplace Igor Tenioukh, un autre haut gradé en poste depuis un mois qui n'a pas tenu face aux critiques grandissantes concernant sa gestion de la perte de la Crimée.

Pendant trois semaines, forces russes et milices pro-russes ont contenu les soldats ukrainiens dans leurs bases et ont fini, après le rattachement de la péninsule à la Russie, par prendre le contrôle des unités et navires sans combat, avec pour principale marque de résistance des militaires entonnant l'hymne national, l'air défait.

A Kiev, les autorités ont été accusées d'improviser et de ne pas donner d'instruction ferme, avant de décider lundi du retrait des troupes encore stationnées dans la péninsule rattachée à la Russie. La première tâche du nouveau ministre sera donc de gérer l'humiliante retraite des soldats et marins qui ont refusé de prêter serment à Moscou.

Son prédécesseur a cité mardi au parlement des chiffres affligeants: sur les 18.800 soldats ukrainiens stationnés en Crimée, 4.300 seulement ont choisi de regagner l'Ukraine et continuer à servir.

"Ils vont rentrer la tête haute, sous les drapeaux et avec leurs armes, dans leur patrie qu'est l'Ukraine", a-t-il assuré à la presse avant de participer à son premier conseil des ministres, dans son costume vert de garde-frontière, où ses nouveaux collègues l'ont accueilli par des applaudissements.

Originaire de la région de Khmelnytski, dans l'ouest de l'Ukraine, M. Koval a gravi les échelons de la hiérarchie militaire au sein de l'armée de terre, avant d'intégrer en 2000 la direction des forces spéciales du ministère de l'Intérieur.

En 2002, il rejoint le corps des garde-frontières dont il devient rapidement le numéro deux, en charge du personnel.

Après la prise de contrôle de la Crimée par les forces pro-russes, M. Koval avait été dépêché dans la péninsule pour superviser le travail des garde-frontières, en première ligne dans la crise.

Le 5 mars, il a été détenu dans la station balnéaire Yalta par des milices pro-russes qui l'avaient frappé à l'aide d'une batte de baseball et tenté de le forcer à se mettre à genoux, ce qu'il avait refusé. Libéré quelques heures plus tard, il a mis en cause les forces spéciales russes.

"J'ai fait mon service militaire chez les parachutistes en URSS. Je connais ce genre d'opérations spéciales, je donnerais à ces hommes la meilleure note possible", a-t-il raconté.

Annonçant son choix au Parlement, le président par intérim Olexandre Tourtchinov a souligné la nécessité de nommer un homme "capable de prendre des décisions dans des conditions extrêmes, des conditions de danger, des conditions de confrontation militaire".

Après sa nomination, il a été chaleureusement félicité par l'ex-champion de boxe et candidat à la présidentielle Vitali Klitschko. Il a ensuite reçu l'éloge d'un ancien ministre de la Défense aujourd'hui député, Olexandre Kouzmouk, pour qui M. Koval a fait de toutes les unités qu'il a dirigées les meilleures d'Ukraine.

A la tête des garde-frontières de Crimée, "il en a fait un service fort et de niveau européen", a souligné M. Kouzmouk.

"Son professionnalisme et sa capacité à diriger le ministère de la Défense ne font aucun doute, mais ce n'est pas un changement de ministre qui changera la situation des forces armées ukrainiennes", estime l'expert Olexiï Melnyk du centre Razoumkov, interrogé par l'AFP.

L'armée ukrainienne et ses 130.000 hommes subissent les effets d'un manque chronique de financement ces dernières années et se trouvent équipés de matériel largement dépassé.

Le gouvernement a décidé de lui octroyer d'urgence environ 120 millions d'euros et le Premier ministre Arseni Iatseniouk a demandé à M. Koval de veiller à ce que "chaque centime" de cette somme arrive bien aux forces armées du pays gangrené par la corruption.

dg-gmo/via /abk

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