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Xi Jinping: "homme du peuple", ou habile communiquant ?

Xi Jinping: "homme du peuple", ou habile communiquant ?

Il aime taper dans la balle, manger des petits pains à la vapeur ou tenir lui-même son parapluie: un an après son arrivée à la tête de l'Etat chinois, le président Xi Jinping soigne son image de "monsieur tout-le-monde" et semble vouloir s'éloigner des raideurs impériales du passé.

Pour ce rôle, il avait été choisi par ses pairs en raison de son "pédigree" impeccable, celui d'un "prince rouge", fils d'un révolutionnaire communiste proche de Mao Tsé-toung, avec pour charge de conduire le Parti communiste chinois(PCC) et le pays le plus peuplé du monde.

En un an, il s'est forgé une image d'instransigeance auprès des pays voisins en politique étrangère, d'adversaire résolu de la corruption au sein du Parti et de promoteur d'idéal nationaliste avec son "rêve chinois" aux yeux des commentateurs politiques.

Mais pour le Chinois de la rue et ceux des très populaires --et censurés-- réseaux sociaux, ce président, grand gaillard plutôt rond, c'est tout simplement "Xi Dada": "Grand Xi".

Un surnom familier, presque affectueux, qui suggère que le fossé se comble un peu entre le pouvoir et le peuple, tant il est vrai que succéder à Hu Jintao, à la raideur quasi "robotique", nécessitait une dose assez minimale de charisme pour projeter une image radicalement différente.

Mais la campagne pour promouvoir comme "président populaire" celui dont l'épouse, la chanteuse pop Peng Liyuan, a rang de général dans l'armée et dont la fille Xi Mingze étudie à Harvard sous pseudonyme, va plus nettement plus loin.

Xi Jinping, 61 ans, a ainsi fait connaître sa passion pour le foot --sport le plus regardé en Chine-- et à en croire Wang Wen, le président du club des supporteurs du Beijing Guoan, l'équipe de première division de la capitale, aucun doute: "Quand il parle de foot, on voit que c'est vraiment un fan".

"On pense qu'il est un homme du peuple", dit-il à l'AFP. "Il montre un intérêt pour le football qu'on n'avait jamais vu".

En 2012, lors d'une visite d'Etat en Irlande, Xi avait pu exhiber ses talents en tapant dans la balle sur le stade de Croke Park de Dublin.

Pourtant, les supporteurs de base disent n'avoir jamais vu Xi Jinping, natif de Pékin, assister à un match au Stade des ouvriers où joue le Guoan, bien qu'il vive à quelques kilomètres à peine, dans le complexe ultra-protégé de Zhongnanhai, qui jouxte la Cité Interdite.

Par contre, le président chinois n'a pas hésité à jouer les quidams en s'aventurant en décembre dans une gargote populaire de Pékin, prisée pour ses petits pains à la vapeur, le Qingfeng, payant de sa poche 21 yuans (3,5 dollars) pour un repas ordinaire, sous les regards ébahis des clients et sans caméras autour.

Largement inédite pour un président chinois, l'initiative avait suscité des commentaires plutôt goguenards des internautes, l'un deux lançant: "Demandez-lui ce qu'il en coûte pour une livre de petits pains, vous croyez qu'il saura ?"

Mais quand l'AFP s'est rendue cette semaine dans le restaurant, le tabouret où s'était posé le fessier présidentiel concentrait encore toutes les attentions.

Mme Yu Ming, 52 ans, gardait jalousement la place pendant que son mari faisait la queue avec une trentaine de personnes, tout comme l'avait fait le président.

"Il est venu ici parce qu'il veut se mêler aux gens ordinaires", dit Mme Yu. "Impensable que ça soit un coup de pub", ajoute-t-elle, entourée de clients attentifs, travailleurs manuels pour la plupart.

En 2012, l'agence Bloomberg a rapporté que la famille de Xi Jinping avait amassé une fortune de plusieurs centaines de millions de dollars.

Le mois dernier, le président chinois a fait une nouvelle sortie savamment préparée: alors que la pollution dans la capitale atteignait des sommets, il s'est promené sans masque --mais accompagné cette fois des caméras de la télévision officielle-- dans un quartier commerçant, Nanluoguxiang.

"Respirer le même air, partager le même sort", fut le commentaire le plus vu sur internet.

D'autres internautes ont suggéré que Xi Jinping cherchait par là à montrer sa vigueur, comme un écho lointain au président Mao nageant dans le fleuve Yangtze quelque 50 ans plus tôt.

Une autre photo de Xi Jinping a fait le bonheur des internautes: jambes de pantalons remontées et roulées jusqu'au genoux, parapluie à la main, en train d'inspecter un port fluvial sous une pluie battante.

"Entre Xi et le peuple, il n'y a pas de différence. Enfin...aucune du fait qu'on est tous chinois", assure en pouffant Li Yu, une étudiante en droit de 20 ans.

nc/slb/ple/pt

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