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A Homs, la campagne présidentielle d'Assad a démarré

A Homs, la campagne présidentielle d'Assad a démarré

Sur la place al-Nouzha, dans le coeur commercial de Homs, un immense calicot avec le portrait de Bachar al-Assad, au pouvoir depuis 14 ans, l'appelle à briguer un nouveau mandat dans la Syrie en guerre.

"Parce que vous êtes le symbole de notre victoire et de notre résistance, nous vous implorons de vous porter candidat à la présidence de la République arabe syrienne", lit-on sur la photo montrant le chef de l'Etat souriant, saluant avec le bras levé.

L'affiche est signée "Restaurant familial".

La cité de Homs (centre) a été surnommée en 2011 "capitale de la révolution" par les opposants en raison de l'ampleur des manifestations anti-régime et des premiers combats entre soldats et insurgés dans des quartiers symboles comme Baba Amr, aujourd'hui en ruines.

Et après la reprise de la majorité de cette troisième ville du pays par les troupes du régime, c'est là-même que la campagne électorale est lancée, officieusement du moins, car M. Assad n'a pas encore annoncé sa candidature.

Plus loin, sur la grande artère al-Ahram, une autre banderole proclame sur un ton lyrique: "les employés de l'imprimerie digitale al-Waari et son calligraphe Fadi Hassan, vous implorent Mr le président Bachar al-Assad d'être candidat à la présidentielle et vous promettent par le sang de vous être fidèles".

"Gloire et éternité à nos martyrs, pour nos soldats et nos combattants de la défense nationale (milice pro-régime)", ajoute-t-elle.

Les auteurs de cette campagne affirment avoir agi de leur propre chef sans être poussés par la présidence.

"Quand nous avons entendu le président dire qu'il se présenterait aux élections si le peuple le voulait, nous avons décidé d'imprimer ces affiches car il est le symbole de notre gloire, notre fierté et notre victoire", affirme Samer Johar, 43 ans, du "Restaurant familial".

Dans sa gargote, cet ancien publicitaire, de confession alaouite comme le chef de l'Etat, lance avec défi: "Ils (les rebelles) avaient surnommé Homs capitale de la révolution. Et bien je vous annonce que Homs est la capitale d'où est lancée la campagne afin que Assad se présente pour un nouveau mandat".

Comme Samer, qui a disposé 15 calicots dans les quartiers pro-régime, ceux qui soutiennent une candidature de M. Assad mettent en avant leur désir de stabilité après trois ans d'un conflit dévastateur.

"S'il quitte son poste ce sera le chaos", assure le restaurateur, qui affirme avoir eu sept cousins tués et un huitième disparu.

Cet avis est partagé par Issa Youssef, un chrétien de Mechrefé, à la frontière avec le Liban.

"Nous, hommes, femmes et enfants, avons vécu en sécurité sous l'autorité du président Assad et je souhaite qu'il soit réélu encore deux ou trois fois", lance ce chauffeur de 50 ans.

Difficile de trouver des voix discordantes dans les quartiers contrôlés par le pouvoir: ceux qui soutiennent sa réélection le clame haut et fort et ceux qui sont contre préfèrent se taire.

"Nous nous sentions en sécurité, avec lui alors que les groupes armés ne nous apportent que de la destruction", soutient une mère de famille.

Le Parlement sous la coupe du régime vient de passer une loi ouvrant la voie à une réélection de M. Assad car elle exclut de facto l'opposition en exil.

Le médiateur international Lakhdar Brahimi a prévenu que la tenue de la présidentielle sonnerait le glas des négociations de paix, s'attirant les critiques du régime pour qui M. Brahimi a "outrepassé" son rôle.

De son côté, le chef de l'opposition Ahmad Jarba en a appelé au Conseil de sécurité pour obliger le régime à ne pas tenir le scrutin.

Pour les militants assiégés dans le centre-ville de Homs, une candidature de M. Assad est d'ailleurs intolérable.

Aujourd'hui, il ne reste aux mains des rebelles à Homs que la vieille ville en ruines et le quartier de Waer (ouest), où s'entassent 800.000 personnes dont beaucoup de déplacés.

"Ces slogans sont lancés dans les quartiers sous contrôle du régime contre la volonté des gens qui habitent là-bas (...) Le pouvoir veut donner l'impression que Homs soutient sa candidature", affirme Thaer al-Khaldiyé, 25 ans, joint via internet à Homs.

Pour ce militant, "il est impossible d'accepter Assad après ce qu'il s'est passé avec nous et nos familles (...) On va organiser des manifestations pour exprimer notre opposition".

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