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Turquie: Erdogan accuse ses adversaires de "terroriser la rue"

Turquie: Erdogan accuse ses adversaires de "terroriser la rue"

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé jeudi les manifestations antigouvernementales de masse ponctuées d'affrontements de la veille en accusant ses adversaires de vouloir "terroriser la rue" avant les élections municipales du 30 mars.

Au lendemain de la plus forte mobilisation enregistrée en Turquie depuis la fronde qui a fait vaciller son régime en juin dernier, M. Erdogan a mis en cause pêle-mêle l'opposition, les médias et le monde des affaires.

"Ils essaient de réussir en provoquant et en terrorisant la rue", a-t-il lancé devant des milliers de partisans lors d'une réunion publique à Mersin (est).

Le chef du gouvernement a aussi renoué avec sa rhétorique virulente de juin dernier pour dénoncer les "charlatans" qu'il a accusés d'avoir détruit une permanence électorale du parti au pouvoir à Istanbul.

"Vous êtes censés être des démocrates, des défenseurs des libertés", a-t-il lancé jeudi aux manifestants en inaugurant une ligne de métro à Ankara.

"Ils ne sont pas honnêtes, Ils n'ont rien à voir avec la démocratie (...) ils ne croient pas aux urnes", a poursuivi M. Erdogan, "mais je suis sûr que nos frères à Ankara et en Turquie donneront la réponse nécessaire le 30 mars".

Des dizaines de milliers de personnes sont descendus mercredi dans les rues d'Istanbul aux cris de "Tayyip, assassin" lors des funérailles d'un jeune de 15 ans, Berkin Elvan, décédé après 269 jours de coma des suites de blessures causée par une grenade lacrymogène de la police en juin.

De violents affrontements entre police et manifestants ont conclu la journée, non seulement à Istanbul mais aussi à Ankara et d'autres villes du pays.

Deux personnes ont perdu la vie lors de cette journée de contestation. Un policier, victime d'une crise cardiaque après avoir inhalé des gaz lacrymogènes à Tunceli (est), et un jeune de 22 ans, Burak Can Karamanoglu, tué par balle à Istanbul lors d'une altercation entre deux groupes de jeunes.

Des milliers de personnes arborant des drapeaux turcs et scandant "Dieu est grand" ont assisté aux obsèques de la victime, sous la surveillance d'un important dispositif policier alors que la tension reste vive entre partisans et opposants du régime.

Selon la presse turque, cette attaque a été revendiquée par un groupe d'extrême-gauche interdit responsable de nombreux attentats en Turquie depuis les années 1970.

"Nous devons rester sur nos gardes", a déclaré M. Erdogan à Aksaray (centre). "Ceux qui ont exprimé leur tristesse hier (les manifestants), que diront-ils à propos de notre enfant Burak ?", a-t-il demandé.

Malgré les graves accusations de corruption qui pèsent sur lui, le chef du gouvernement reste sûr de sa force électorale. Sa cote de popularité a chuté, selon la plupart des sondages, mais l'AKP, qui a remporté tous les scrutins depuis 2002, devrait encore arriver en tête des municipales de la fin du mois.

Depuis des semaines, M. Erdogan agite le spectre du complot ourdi par ses ex-alliés de la confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen, qu'il accuse d'avoir fabriqué les accusations de corruption qui le menacent pour provoquer sa chute.

Cette rhétorique et son intransigeance vis-à-vis de ses contradicteurs sont jugées dangereuses par nombre d'observateurs, qui ont regretté qu'il n'ait pas eu un geste de compassion après la mort de Berkin Elvan.

"Tout le monde s'attendait à ce qu'il exprime un geste de sympathie et présente ses condoléances, mais il ne l'a pas fait. Ca va au-delà de toute limite morale et éthique", a regretté à l'AFP Fuat Keyman, de l'université Sabanci d'Istanbul. "Il a une fois de plus fait savoir qu'il ne souhaite pas être le chef de toute la nation".

Le journaliste réputé Hakan Celik a même évoqué le risque d'une "yougoslavisation rampante" en Turquie si le Premier ministre ne faisait pas de geste d'apaisement.

Après la foule de mercredi, quelques rassemblements modestes ont été signalés jeudi. La police a rapidement dispersé des groupes d'étudiants et de lycéens à Ankara, procédant à une dizaine d'interpellations, selon un photographe de l'AFP.

Le ministre de l'Intérieur Efgan Ala a prévenu sur son compte Twitter que la police agirait avec la plus extrême sévérité contre "tout fauteur de trouble".

BA/pa/bir

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