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Présidentielle algérienne: les dés semblent jetés

Présidentielle algérienne: les dés semblent jetés

Le président Abdelaziz Bouteflika et cinq autres candidats se disputeront la présidentielle du 17 avril en Algérie où le chef de l'Etat sortant, au pouvoir depuis 15 ans et de plus en plus contesté, a désigné un chef de campagne et un nouveau Premier ministre.

Dans un communiqué jeudi, le président du Conseil Constitutionnel Mourad Medelci a annoncé les noms des six candidats parmi lesquels, outre M. Bouteflika, figurent l'ex-chef du gouvernement Ali Benflis, un indépendant considéré comme le principal challenger du président sortant, Moussa Touati du Front national algérien (9 députés), et Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des Travailleurs (gauche, 24 députés).

Aussitôt après l'annonce des six candidatures retenues sur 12 présentées, la présidence a annoncé un changement à la tête du gouvernement pour permettre au Premier ministre Abdelmalek Sellal de diriger, comme il l'a déjà fait en 2004 et 2009, la campagne électorale de M. Bouteflika.

Youcef Yousfi, 72 ans, un fidèle du chef de l'Etat, a été nommé Premier ministre par intérim. Il avait été chargé durant des années du dossier économique qui concerne les hydrocarbures (97% des revenus du pays).

Les quatre Premiers ministres de M. Bouteflika sont au coeur de l'élection. Outre M. Sellal comme directeur de campagne, la présidence a annoncé la nomination d'Ahmed Ouyahia comme directeur de cabinet et Abdelaziz Belkhadem comme ministre d'Etat et conseiller du président.

Et Ali Benflis, lui-même ancien Premier ministre, est pour la seconde fois candidat face à lui après son échec de 2004. M. Benflis avait aussi été en 1999 le premier directeur de campagne de M. Bouteflika.

Bien qu'homme issu du sérail, M. Benflis bénéficie d'un soutien croissant auprès d'un monde politique un peu lassé des 15 ans de pouvoir de M. Bouteflika, désormais très affaibli physiquement après un AVC qui l'a maintenu hospitalisé durant 80 jours en France en 2013.

Lotfi Boumghar, directeur de campagne adjoint, a déclaré à l'AFP que M. Benflis appelait "les Algériens à voter massivement". Il s'agit pour lui, a-t-il ajouté, "du meilleur moyen de lutter contre la fraude. Il leur demande d'être vigilants pour que leur vote ne soit pas confisqué et leur voix soit entendue".

M. Benflis avait dénoncé dans la foulée de la candidature de M. Bouteflika le 3 mars au Conseil Constitutionnel une fraude aux voix, les autorités ayant alors annoncé que le président sortant avait recueilli le soutien de 4 millions d'Algériens.

M. Bouteflika a toutes les chances de l'emporter: il bénéficie de la machine électorale des deux principaux partis au pouvoir - FLN (présidentiel) et RND (Rassemblement national démocratique du président du Sénat Abdelkader Bensalah)- et une équipe bien rodée aux rouages de l'administration.

Mais depuis l'annonce de la candidature du chef de l'Etat à la présidentielle, de multiples petites manifestations ont eu lieu dans le pays pour dire "Non à un 4e mandat".

Jeudi à Alger, des universitaires ont manifesté et appelé à un "changement de régime".

La veille, la police a empêché un rassemblement de chefs de partis partisans du boycottage du scrutin.

Les manifestants se font interpeller par les forces de l'ordre déterminées à étouffer toute contestation, surtout à Alger où les rassemblements sont interdits depuis 2001 sur ordre du Premier ministre de l'époque...Ali Benflis.

Un mouvement citoyen de contestation politique, Barakat ("Ca suffit") mène la contre-campagne. Il réclame une transition et une nouvelle constitution pour créer une seconde république.

Samedi, un grand rassemblement de Barakat est annoncé à Alger, tandis que les partisans de M. Bouteflika se réuniront à la Coupole, la plus grande salle d'Alger.

Alors que la campagne électorale ne commencera réellement que le 23 mars et jusqu'au 13 avril, la presse a annoncé le lancement d'une chaîne de télévision WIAM ("Concorde") entièrement dédiée au candidat Bouteflika et qui a commencé à émettre à titre expérimental.

Les autorités ont en parallèle fermé une chaîne privée Atlas TV, très critique du pouvoir. La presse affirme qu'elle était destinée à faire campagne pour M. Benflis.

bur-amb/tp

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