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Syrie: les religieuses de Maaloula libérées contre 150 prisonnières

Syrie: les religieuses de Maaloula libérées contre 150 prisonnières

Les religieuses enlevées par des jihadistes début décembre à Maaloula ont été libérées dans la nuit en échange de quelque 150 prisonnières détenues par le régime syrien, grâce à une médiation libano-qatarie.

Parallèlement à ce rare développement positif dans le conflit, les combats se poursuivent sur plusieurs fronts en Syrie, où Amnesty International accuse les forces du président Bachar al-Assad d'utiliser la faim comme "arme de guerre".

Les 13 religieuses et leurs trois auxiliaires avaient été enlevées le 3 décembre dans leur couvent de Maaloula, localité chrétienne au nord de Damas. Elles étaient depuis détenues à Yabroud, bastion rebelle près de la frontière libanaise, par le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda.

Vêtues de leur traditionnel habit noir, elles sont arrivées dans un état d'extrême fatigue à Jdaidet Yabous, poste-frontière syrien à la frontière avec le Liban, après un éprouvant voyage de neuf heures qui les a conduites de Yabroud au Liban, puis de nouveau jusqu'en Syrie, selon un journaliste de l'AFP présent à Jdaidet Yabous.

Assise sous un grand portrait de M. Assad, l'une des religieuses a assuré qu'elles avaient été "bien" traitées et qu'elles étaient "en bonne santé".

Le Front Al-Nosra "nous donnait tout ce qu'on demandait" et "personne ne nous a importuné", a-t-elle déclaré, démentant des rumeurs selon lesquelles les ravisseurs auraient obligé les religieuses à ôter leurs croix.

Le patriarcat grec orthodoxe à Damas a remercié dans un communiqué "toutes les parties qui ont proposé leurs bons offices et déployé des efforts pour libérer les religieuses, qui sont rentrées saines et sauves", affirmant "oeuvrer avec tous ceux munis de bonnes intentions pour libérer tous les otages, dont les deux évêques" enlevés près d'Alep (nord).

Yohanna Ibrahim, chef du diocèse syriaque orthodoxe d'Alep, et Boulos Yazigi, chef du diocèse grec orthodoxe, ont été kidnappés fin avril 2012 à Kafar Dael, près d'Alep.

Une messe a été célébrée dans l'après-midi à l'église de La Croix, dans la vieille ville de Damas. Les religieuses ont participé à une procession dans l'église en portant des cierges et certaines pleuraient.

Le choeur, visiblement ému, a chanté des psaumes durant la prière à laquelle participaient de nombreux fidèles. "J'ai beaucoup d'espoir, ce qui se passe actuellement n'est qu'un sombre nuage qui passera", a affirmé à l'AFP Maryam Dahdal, 45 ans.

La libération de ces 16 femmes a été obtenue en échange de la remise en liberté de 150 prisonnières détenues par le régime syrien, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Selon Hadi al-Abdallah, membre de la Commission générale de la révolution syrienne, "141 prisonnières ont été libérées hier (dimanche). Elles sont montées dans quatre bus en direction du poste frontière (avec le Liban) de Masnaa. Mais la plupart d'entre elles sont revenues en Syrie, pour être avec leurs familles", a-t-il expliqué à l'AFP.

Le chef de la Sûreté générale libanaise et médiateur-clef de cet échange, Abbas Ibrahim, a confirmé que l'accord pour la libération des religieuses "impliquait la remise en liberté de plus de 150 personnes" et qu'"aucune somme n'a été versée", cité par la presse.

Des dizaines de milliers de prisonniers sont détenus dans les geôles du régime, où torture et mauvais traitements sont systématiques, selon plusieurs organisations.

Les efforts de M. Ibrahim pour obtenir la libération des religieuses ont été secondés par le chef des renseignements du Qatar, Ghanem al-Kubeissi, dont le pays est l'un des principaux soutiens de la rébellion syrienne.

Les deux hommes avaient déjà joué un rôle important dans la libération de pèlerins chiites libanais enlevés par les rebelles dans le nord de la Syrie en 2013.

Enlevées à Maaloula, connue pour ses nombreuses églises et ses refuges troglodytiques, les religieuses ont été détenues principalement à Yabroud, 20km plus au nord.

Ce bastion rebelle frontalier du Liban est depuis plusieurs semaines la cible d'une offensive des forces loyalistes, appuyées par des combattants du Hezbollah libanais.

Le conflit, qui a fait en près de 3 ans plus de 140.000 morts selon l'OSDH et des millions de déracinés, frappe durement les civils. Selon un rapport publié lundi par Amnesty, le régime utilise désormais la faim comme "arme de guerre".

Le rapport évoque surtout le siège du camp palestinien de Yarmouk, dans le sud de Damas, où selon Amnesty près de 200 personnes sont mortes de privations, dont 128 de faim.

Le siège de Yarmouk n'est que "le plus meurtrier d'une série de blocus armés dans d'autres zones civiles, imposés par les forces armées syriennes ou des groupes armés d'opposition à 250.000 personnes à travers le pays", ajoute l'organisation.

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