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Le patron du Bayern reconnait une énorme fraude fiscale et risque la prison

Le patron du Bayern reconnait une énorme fraude fiscale et risque la prison

Uli Hoeness, patron du puissant club de football allemand du Bayern Munich, a reconnu avoir escroqué le fisc durant des années, au début de son procès lundi pour une fraude largement supérieure à ce qui était connu, qui pourrait lui valoir de la prison.

"J'ai fait de l'évasion fiscale", a admis Uli Hoeness devant le tribunal, peu après l'ouverture du procès.

"Je regrette profondément mon comportement délictueux", a ajouté cet entraîneur aussi connu en Allemagne que ses stars du ballon rond, assurant vouloir entièrement tirer au clair "ce chapitre affligeant" de sa vie.

Lors de la première matinée du procès, à Munich, l'avocat de M. Hoeness a indiqué avoir transmis quelques jours plus tôt au tribunal des documents démontrant que le montant de la fraude de son client serait supérieur de "largement plus de 15 millions d'euros" à celui retenu par le parquet, soit un total d'au moins 18,5 M EUR.

Le parquet de Munich parlait dans l'acte de renvoi de 3,5 millions d'euros d'impôts auxquels s'était soustrait le dirigeant du Bayern et "omettant" de déclarer 33,5 M EUR de gain financiers réalisés à partir d'un compte en Suisse dont il avait caché l'existence aux services fiscaux allemands. Il évoquait également 5,5 millions d'euros d'abattements fiscaux indus effectués sur cette période par Hoeness, au titre de moins-values sur des cessions de titres.

Hoeness a toutefois également rappelé avoir versé 5 millions d'euros à des oeuvres sociales. "Je ne suis pas un parasite de la société", a-t-il argumenté.

Le président du club le plus titré d'Allemagne avait entamé en janvier 2013 une procédure d'auto-dénonciation pour régulariser sa situation. Celle-ci permet de régler ces affaires moyennant une forte pénalité financière, mais sans poursuites pénales.

Cette procédure est toutefois jugée invalide par le parquet de Munich. Outre des vices de forme, le ministère public est convaincu que Hoeness n'a agi que parce qu'il craignait d'être prochainement dénoncé par la presse, qui avait commencé à s'intéresser au compte en Suisse d'un "important responsable du football allemand", sans l'identifier à l'époque.

Son immense villa au bord d'un lac en Bavière a été perquisitionnée le 20 mars 2013 et il a dû payer une caution de cinq millions d'euros pour rester en liberté.

Si le tribunal considère son auto-dénonciation comme recevable, le prévenu s'en tirera avec une amende, mais si elle est jugée trop tardive, il encourt jusqu'à dix ans de prison.

En général, lorsque le manque-à-gagner fiscal dépasse le million d'euros, les tribunaux allemands prononcent des peines de prison ferme. Un risque d'autant plus réel pour Hoeness que le juge qui présidera son procès a une réputation de magistrat impitoyable.

En outre, s'il a, jusqu'ici, conservé la tête du Bayern grâce à l'appui des puissants actionnaires comme Adidas, Audi ou Deutsche Telekom, une condamnation obligerait très probablement Hoeness à quitter la tête de ce club où il a fait toute sa carrière de joueur et de dirigeant.

Attaquant du Bayern Munich et de la sélection nationale allemande championne du monde 1974, Hoeness vit sa carrière sportive brisée par une blessure.

Retiré des terrains à 27 ans, il devint manageur du club bavarois en 1979 puis président 30 ans plus tard. Il a fait du Bayern l'un des clubs les plus riches et compétitifs du monde.

Avant le scandale, Uli Hoeness faisait figure d'autorité morale en Allemagne, menant une vie simple en apparence, au côté de sa femme, avec qui il est marié depuis 40 ans.

Il était aussi un invité régulier dans les médias allemands, apprécié pour ses positions tranchées, politiquement proche des conservateurs de la chancelière Angela Merkel.

Cette dernière s'était d'ailleurs dite "déçue" du comportement de Hoeness, d'autant que ce dernier affirmait encore en 2005 dans le quotidien Bild : "je sais que c'est idiot, mais je paye mes impôts au prix fort".

ran-hap/fjb

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