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Ukraine: l'ascension de Goubarev, fer de lance des pro-russes à Donetsk

Ukraine: l'ascension de Goubarev, fer de lance des pro-russes à Donetsk

Son nom est devenu un symbole de résistance pour les manifestants pro-russes, du risque de partition de l'Ukraine pour les autorités qui l'ont mis derrière les barreaux: Pavel Goubarev s'est imposé comme l'homme clé des tensions séparatistes qui agitent Donetsk, dans l'est du pays.

Il y a dix jours, le patronyme était encore inconnu du grand public dans ce bastion russophone de l'Est de l'ex-république soviétique. Désormais, son visage apparaît sur les pancartes lors des rassemblements des partisans d'un rattachement à Moscou de cette région minière, fief du président déchu Viktor Ianoukovitch, et sa libération est devenue la revendication numéro un du mouvement.

Courts cheveux noirs, yeux clairs, Pavel Goubarev, qui aura 31 ans lundi, est apparu le 3 mars, lorsqu'avec plusieurs centaines d'hommes il prend d'assaut l'administration régionale qui abrite les bureaux du gouverneur nommé par les nouvelles autorités de Kiev, le millionnaire Serguiï Tarouta.

Patron d'une agence locale de publicité, il se fait alors le porte-parole des contestataires pour dénoncer le pouvoir "non légitime" des nouvelles autorités ukrainiennes et se présente comme "le gouverneur populaire", choisi par la population locale contre le gouvernement de Kiev jugé loyal aux seules régions de l'ouest.

Deux jours plus tard, mercredi matin, la police évacue les lieux au prétexte d'une alerte à la bombe. Des centaines de pro-russes se réunissent alors devant l'imposant immeuble de dix étages et forcent l'entrée, investissant de nouveau les lieux dans l'après-midi.

A Kiev, les autorités réagissent vite. Le parquet général annonce le lancement de poursuites pour "atteinte à l'intégrité" du territoire ukrainien contre Pavel Goubarev, placé ainsi au même niveau que les dirigeants pro-russes de la Crimée, au bord de la sécession et contrôlée de facto par des forces russes depuis fin février.

Jeudi après-midi, les forces de sécurité pénètrent dans son appartement pour lui passer les menottes et l'emmener, sous l'objectif des caméras de la télévision russe LifeNews qui suit les moindres faits et gestes de son ascension, alimentant les soupçons de collusion avec Moscou.

Le premier adjoint au maire de Donetsk, Serguiï Bogatchev, espère un retour au calme après son arrestation, et s'étonne de l'ascension de l'entrepreneur, connu surtout dans les milieux d'affaires et associatifs.

"Il ne représentait aucun groupe et l'apparition de ce phénomène lié à lui, comme organisateur de manifestations de masse, est tout à fait inattendu", reconnaît l'élu.

Pour l'une de ses connaissances cependant, l'engagement du jeune homme en faveur de Moscou n'est pas une surprise.

"Il croit en l'unité du peuple slave, c'est une question qui le travaillait beaucoup", confie cet homme, lui aussi entrepreneur, sous couvert d'anonymat. "Il croit en ce qu'il fait, il n'est pas fou".

Issu d'une famille nombreuse et lui-même père de trois enfants, Pavel Goubarev a été militant au Parti socialiste progressiste ukrainien, une formation née dans les années 1990 avec pour principal programme le rejet de l'occident -- mondialisation, Etats-Unis et Fonds monétaire international en tête -- et un retour à une union avec la Russie.

Le parti a acquis une certaine audience dans le sud-est de l'Ukraine et la Crimée, qui a nettement décliné depuis dix ans.

Sportif amateur de boxe, il s'est montré très véhément auprès de son entourage et sur les réseaux sociaux contre les manifestants du Maïdan à Kiev, mobilisé à l'origine en faveur d'un rapprochement avec l'Union européenne et composé en partie de nationalistes ukrainiens.

Si son interpellation a conduit à un certain apaisement du mouvement au fil de la semaine, elle a électrisé ses supporters les plus fidèles qui ont réclamé sa libération et l'ont fait acclamer samedi par des milliers de personnes sur la place Lénine.

"Pavel a exprimé son opinion et c'est pour cela qu'il est en prison", a lancé dans un mégaphone celui qui se présente désormais comme son "adjoint", Robert Donia.

De son côté, sa femme, qui n'est apparue publiquement que dans un entretien à la chaîne russe LifeNews, a promis de "continuer sa lutte". "Rien ne nous arrêtera", a-t-elle prévenu.

gmo/kat/ml

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