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Turquie: les tueurs présumés de chrétiens libérés, les familles indignées

Turquie: les tueurs présumés de chrétiens libérés, les familles indignées

Les proches des trois missionnaires chrétiens, égorgés en 2007 dans le sud-est de la Turquie, se sont indignés de la libération de leurs assassins présumés bénéficiant d'une nouvelle loi sur la détention provisoire, dans des déclarations à la presse dimanche.

"Je ne reconnais pas une telle justice, ce n'est pas possible", s'est insurgée Hatice Yüksel, la mère d'une des victimes, citée par le journal turc Milliyet.

Les cinq tueurs présumés, tous Turcs, ont quitté vendredi une prison de Malatya où s'étaient déroulés les faits particulièrement violents.

La raison de cette libération tient au fait qu'une nouvelle disposition votée par le Parlement turc le mois dernier, réduit à cinq ans le temps de détention provisoire entre l'arrestation et le jugement. Les inculpés avaient passé près de sept années en détention provisoire et étaient jugés pour "homicide volontaire", un délit passible de la réclusion criminelle à perpétuité.

Ces cinq hommes sont soupçonnés d'avoir en avril 2007, ligoté, torturé pendant des heures, puis égorgé dans la maison d'édition chrétienne Zirve le missionnaire chrétien Tilmann Geske et deux convertis turcs Necati Aydin et Ugur Yuksel, membres de la petite congrégation évangélique protestante.

L'épouse du missionnaire allemand tué, Susanne Geske, a continué de résider à Malatya avec ses enfants après les meurtres qui avaient choqué la Turquie, officiellement à 99% musulmane.

"Je n'irai nulle part, je vais rester ici. Je crois en dieu, s'ils (les tueurs présumés) le veulent, ils peuvent fuir n'importe où, moi je n'ai pas peur", a dit l'Allemande au quotidien.

Elle a également critiqué le fait que le procès n'avait pu être achevé pendant ses sept dernières années alors que les coupables présumés ont immédiatement été arrêtés par la police.

"Je réclame justice même si je sais que mon mari ne me reviendra jamais", a-t-elle dit.

Les missionnaires sont généralement mal vus en Turquie, pays qui aspire à intégrer l'Union européenne, et qui interdit le prosélytisme chrétien.

L'enquête menée sur ces trois meurtres avait permis de lier l'affaire à un réseau ultranationaliste, Ergenekon, qui, selon la justice, aurait comploté pour renverser le gouvernement islamo-conservateur turc.

Vendredi soir, l'ex-chef de l'armée, Ilker Basbug, qui purgeait une peine de prison à vie dans le cadre de l'affaire Ergenekon, a lui aussi été remis en liberté dans le cadre de la nouvelle législation.

BA/ml

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