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Ukraine: Obama monte en première ligne contre Poutine

Ukraine: Obama monte en première ligne contre Poutine

Barack Obama est monté en première ligne face à son homologue russe Vladimir Poutine dans la crise ukrainienne, augmentant encore les enjeux d'une crise aux conséquences potentiellement périlleuses.

Depuis que la crise a pris un tour aigu avec les mouvements de troupes russes en Crimée, le président américain s'est entretenu deux fois au téléphone avec M. Poutine, des conversations longues --90 et 60 minutes-- qualifiés de "directes" et "franches" par Washington.

Selon des responsables américains, M. Obama a tenté d'argumenter en faveur d'une sortie de crise, qui permettrait à M. Poutine de sauver la face en obtenant des assurances sur la sécurité des russophones en Crimée et la légitimité d'un futur gouvernement ukrainien, en repliant en échange ses forces dans leurs bases de la péninsule.

De son côté, le secrétaire d'Etat John Kerry s'est évertué à obtenir un accord avec son homologue Sergueï Lavrov. Mais l'annonce cette semaine d'un référendum sur le rattachement de la Crimée à la Russie risque de rendre ces efforts nuls et non avenus, alors que M. Obama a aussi mis en place le canevas de sanctions contre la Russie.

Ce scénario semble digne de la Guerre froide, même si Moscou et Washington récusent l'idée d'un retour de 25 ans en arrière, un équilibre de la terreur entre deux superpuissances nucléaires.

Mais leur coopération dans d'importants dossiers géopolitiques est mise en question: les pourparlers sur le nucléaire iranien, l'évacuation de l'arsenal chimique syrien ou encore le retrait américain d'Afghanistan.

Pour Lee Feinstein, ancien ambassadeur en Pologne et conseiller de campagne de M. Obama, ce dernier a de moins en moins de choix s'offrant à lui.

"Cela va dépendre de la trajectoire de Poutine. Si l'intervention en Crimée se poursuit, cela va rendre les choses bien plus difficiles dans un grand nombre de dossiers", prédit M. Feinstein, qui émarge au groupe de réflexion German Marshall Fund.

M. Obama, intervenant depuis la Maison Blanche jeudi, a prévenu que l'organisation d'un référendum sur le rattachement de la Crimée à la Russie violerait le droit international, quelques heures après la mise en place d'un cadre de sanctions et de possible gels d'avoirs par son administration.

Si jamais Moscou confirme son emprise sur la Crimée, la réputation de M. Obama, déjà attaquée par ses adversaires républicains du Congrès, sera en jeu, et il devra mettre ses menaces de sanctions à exécution, s'exposant à des représailles de Moscou.

Conscient de ce risque, le président américain a pris soin de laisser la porte ouverte à une solution diplomatique.

Mais il a depuis longtemps enterré la "remise à zéro" entre les deux capitales, vantée comme un acquis du début de sa présidence et qui a abouti en particulier à un nouveau traité de désarmement nucléaire START.

Depuis le retour de M. Poutine à la présidence en 2012, les signes de détérioration des relations se sont multipliés: rencontres bilatérales annulées en marge de G8 et G20, coup de froid dû à l'asile offert par Moscou à Edward Snowden, décision russe d'interdire à des couples américains d'adopter des orphelins russes...

"Bien avant la crise actuelle, Washington n'avait plus lancé de programme ambitieux" avec Moscou, explique Michael McFaul, qui vient de quitter ses fonctions d'ambassadeur des Etats-Unis en Russie.

Pour Charles Kupchan, du groupe de réflexion "Council of Foreign Relations" de Washington, M. Obama a renoncé à une relation productive avec son homologue.

"Je pense qu'Obama s'est dit en substance qu'il ne pouvait plus poursuivre sur cette voie et que le temps était venu de repenser nos relations avec la Russie", explique cet expert.

Et pour M. Feinstein, un retour à une relation plus apaisée paraît douteux dans l'immédiat. "Je ne pense pas qu'elle reviendra sur les rails sauf si la crise actuelle est résolue", dit-il.

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