Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Ukraine: La télévision publique russe fait de la propagande à la soviétique

Ukraine: La télévision publique russe fait de la propagande à la soviétique

La télévision publique russe s'est lancée dans une vaste opération de propagande pour justifier les événements dans la péninsule ukrainienne de Crimée, occupée de facto par des forces russes, tandis que des critiques dénoncent cette offensive médiatique digne de l'époque soviétique.

La chaîne pro-Kremlin Pervyi Kanal affirme par exemple que dans l'ouest de l'Ukraine, tourné vers l'Europe, le groupe d'extrême droite ukrainien "Secteur Droit" -- une minorité parmi tous les manifestants pro-européens -- a collé des affiches sur les portes de logements occupés par des personnes d'origine russe pour les désigner à la vindicte publique.

"Les nazis faisaient la même chose en dessinant une étoile de David sur les portes de logements occupés par des juifs en 1940 pendant l'occupation de l'Ukraine", commente le présentateur.

Logiquement, suivent des images où des habitants de Crimée soulignent que "les Russes doivent venir pour nous protéger".

Les chaînes de télévision publique russes -- les seules reçues dans tout le pays et qui sont la principale source d'information de la population-- ne voient que des aspects positifs dans le soutien de Moscou aux russophones de Crimée et affirment, comme le font de nombreux responsables politiques, que des ultra-nationalistes et des fascistes sont arrivés au pouvoir à Kiev.

"La vérité est de notre côté", a affirmé de son côté le présentateur vedette de la chaîne de télévision publique Russie 24 Dmitri Kisseliov, considéré comme le maître de la propagande du Kremlin.

"Après l'intervention russe en Crimée, la propagande anti-ukrainienne a considérablement augmenté, dépassant le niveau de la propagande soviétique pendant la guerre froide", a déclaré à l'AFP Natalia Ligatcheva, experte ukrainienne en médias.

"Ils font cela du matin au soir. C'est effrayant, je ne vois pas comment on peut échapper à cela", relève Ksenia Larina, de la radio Echo de Moscou, l'une des seules à adopter un ton critique en Russie.

Des auditeurs et téléspectateurs s'interrogent cependant sur la version officielle russe des événements, notamment sur les réseaux sociaux.

La présidente du sénat russe, Valentina Matvienko, troisième personnage de l'Etat, avait affirmé samedi qu'il y avait eu "des victimes, parmi lesquelles des citoyens russes" dans des confrontations en Crimée. Cette affirmation, paraissant relever de la rumeur, n'a jamais été confirmée.

Cette déclaration, qui a fait l'objet de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux, a précédé un vote au sénat qui a donné son feu vert au président Vladimir Poutine pour une intervention militaire en Ukraine "jusqu'à la normalisation de la situation politique dans ce pays".

Parmi les autres éléments de propagande médiatique, la télévision publique ne cesse d'affirmer que des "mercenaires" sont venus des Etats-Unis et d'Allemagne renforcer les rangs des pro-occidentaux à Kiev.

Les chaînes publiques ne font en revanche jamais état de la présence de militaires russes en Crimée, Vladimir Poutine ayant affirmé qu'il s'agit non pas de militaires russes mais de "groupes d'autodéfense locaux".

Cette présentation de la situation est très loin de ce que montrent plusieurs sites web russes, qui diffusent largement des vidéos où des soldats reconnaissent qu'ils sont russes et d'autres où l'on voit des véhicules militaires immatriculés en Russie devant les bases ukrainiennes en Crimée.

Pour dénoncer ce qu'ils considèrent comme des exemples de désinformation, des journalistes ukrainiens ont d'ailleurs créé un site internet en langue russe, "Fakestop", rassemblant des informations diffusées par les télévisions russes qui se sont révélées fausses ou pour le moins très douteuses.

Un exemple relevé par ce site: Pervyi Kanal a illustré un sujet sur un afflux de réfugiés ukrainiens en Russie, avec des images montrant des véhicules attendant de franchir la frontière... polono-ukrainienne.

dg-am/bfi/nm/glr

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.