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Législatives en Colombie : un air de référendum pour le processus de paix

Législatives en Colombie : un air de référendum pour le processus de paix

Les élections législatives en Colombie vont prendre dimanche un air de référendum pour le processus de paix en cours avec la guérilla marxiste des Farc et résonnent comme une répétition générale avant la présidentielle de mai.

Les négociations ouvertes par le gouvernement de Juan Manuel Santos avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), la plus vieille rébellion d'Amérique latine, active depuis près d'un demi-siècle, dominent la vie politique depuis leur ouverture il y a 16 mois à Cuba.

Candidat à un second mandat de quatre ans, le chef de l'Etat, dont le Parti de la U (pour unité) gouverne avec le Parti libéral et le parti Changement radical, devrait rester maître du Congrès bicaméral (Sénat et chambre des représentants), étape clé pour ces pourparlers, soutenus jusqu'à présent par la majorité de la population.

Cette semaine, M. Santos a officiellement déposé sa candidature pour la présidentielle en clamant sa volonté de "terminer le travail".

"Le président va probablement conserver une forte majorité car il est difficile de battre une coalition", indique à l'AFP Sandra Borda, professeur en sciences politiques à l'Université Andes de Bogota, soulignant que "la question du processus de paix va être clé".

"Même si beaucoup de Colombiens ont des doutes à ce propos, ils ne vont pas aller jusqu'à le renverser", explique cette politologue, co-auteur du livre "Processus de paix en Colombie".

Le grand enjeu du scrutin de dimanche tourne autour du score de son tonitruant prédécesseur Alvaro Uribe, qui l'accuse de "trahison" pour avoir "transformé en acteurs politiques" les guérilleros des Farc, en leur offrant une tribune depuis La Havane.

Toujours populaire pour son combat acharné contre les Farc entre 2002 et 2010, l'ex-président conservateur, le premier de l'histoire à briguer un siège au Sénat, entend changer le cours des négociations et dire "Non à l'impunité", son slogan de campagne.

Toutefois son nouveau parti, le Centre démocratique, n'obtiendrait, selon un sondage, que 14% des voix, ce qui lui offrirait 19 sièges sur 102 au Sénat et, pour l'essentiel, un pouvoir de nuisance.

"La liste d'Uribe ne va pas obtenir la majorité mais va lui permettre de secouer l'agenda national", estime Luis Guillermo Patiño, directeur du département des sciences politiques à l'Université Pontificia Bolivariana de Medellin.

"Cela sera difficile d'empêcher une ratification parlementaire mais si l'accord de paix passe par un référendum populaire, alors la voix dissonante de Uribe peut avoir beaucoup de force", ajoute cet expert, auteur de "Du populisme au néopopulisme en Amérique latine".

Le thème de la participation des rebelles repentis à la vie politique sans passer par la prison demeure très sensible dans ce pays où le conflit, qui a mêlé guérillas, milices paramilitaires et bandes criminelles, a fait plusieurs centaines de milliers de mort en 50 ans.

Traditionnellement très faibles, les partis de gauche n'ont pas profité des négociations de paix pour émerger. "La gauche est dans une posture délicate car ils sont dans l'opposition mais soutiennent le processus de paix du gouvernement", note Mme Borda.

En outre, ces formations, bien que démocratiques, restent toujours associées à la lutte armée. "Les gens ont cette relation perverse qui leur fait associer la gauche aux guérillas", explique M. Patiño.

Une situation que n'arrange pas l'absence de cessez-le-feu durant les négociations. Le "Défenseur du peuple" ou médiateur national, Jorge Armando Otalora, a même affirmé que les groupes illégaux, dont les Farc, exerçaient "pression et intimidation" sur les électeurs "pour les empêcher d'aller voter" dans au moins un cinquième du territoire national.

Les élections législatives ont bien vu renaître la défunte Union patriotique, qui fut la vitrine politique des Farc lors d'une première négociation avortée dans les années 80 avant d'être victime d'une vague d'assassinats sous la houlette des paramilitaires.

Mais sa candidate Aida Avella, de retour de 17 ans d'exil après avoir échappé à un assassinat, n'est créditée que d'un score confidentiel.

Durant la campagne, la gauche a ainsi surtout occupé la page des faits divers avec une série de menaces de morts contre ses dirigeants.

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