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Ukraine: pas supplémentaire vers la partition, Obama sanctionne Moscou

Ukraine: pas supplémentaire vers la partition, Obama sanctionne Moscou

Le Parlement de Crimée a fait jeudi un pas de plus vers la partition de l'Ukraine en demandant à Vladimir Poutine le rattachement de la péninsule à la Russie, alors que le président Barack Obama annonçait une série de sanctions économiques et diplomatiques visant Moscou.

Au même moment sur le terrain, 40 observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ont été bloqués par des hommes armés alors qu'ils entraient dans la péninsule de Crimée contrôlée depuis le 28 février par des forces russes.

Les électeurs de Crimée, un territoire à majorité russophone stratégique pour Moscou, auront le choix, lors d'un référendum prévu le 16 mars, entre un rattachement à la Russie ou une autonomie nettement renforcée, a indiqué à l'AFP le député Grigori Ioffe.

L'assemblée de cette république autonome avait jusqu'à présent prévu l'organisation le 30 mars d'un référendum prévoyant simplement un renforcement de son autonomie. A Moscou, le Kremlin a confirmé que le président avait bien reçu la demande et qu'il l'avait étudiée avec son Conseil de sécurité.

La tenue d'un référendum en Crimée sans l'accord de Kiev a été immédiatement dénoncée par Washington.

De son côté, le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a annoncé que Kiev était prêt à signer l'accord d'association avec l'UE "dès que possible". C'est le refus par le régime du président Viktor Ianoukovitch, désormais déchu, de signer cet accord qui avait déclenché en novembre le début du mouvement de contestation.

Mais, surtout, le président Barack Obama, engagé dans le bras de fer le plus tendu entre Occidentaux et Russes depuis la chute de l'URSS, a annoncé une série de sanctions pour accentuer la pression sur Moscou.

"Le département d'Etat met aujourd'hui en place des restrictions de visas sur un certain nombre de responsables et d'individus, reflétant une décision politique visant à refuser des visas à ceux responsables ou complices de menacer la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine", a annoncé la Maison Blanche dans un communiqué, sans préciser si les personnes visées étaient russes ou ukrainiennes ou les deux.

Barack Obama a par ailleurs signé un décret qui autorise des gels d'avoirs, poursuit le texte.

Il s'agit de la deuxième série de sanctions visant Moscou après l'annonce de la suspension de "tous les liens militaires" entre les Etats-Unis et la Russie.

L'annonce du Parlement de Crimée, dominé par des députés pro-russes et dont le "Premier ministre" Serguiï Axionov est poursuivi par Kiev pour "séparatisme", est intervenue alors que les dirigeants européens se retrouvaient en urgence à Bruxelles pour un sommet extraordinaire consacré à l'Ukraine.

Ce sommet a débuté par une rencontre avec le nouveau Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk. "Ce n'est pas seulement une crise entre l'Ukraine et la Russie, c'est une crise en Europe", a affirmé M. Iatseniouk avant la réunion. Se déclarant disposé à "un réel débat" avec la Russie, il s'est montré préoccupé par les derniers développements, notamment la reprise "du blocage des forces navales ukrainiennes" en Crimée.

Au siège du Conseil européen, les dirigeants de l'UE se sont tous alarmés de la situation. "Nous devons envoyer un message très clair que ce qui se déroule est inacceptable et aura des conséquences", a martelé le Premier ministre britannique David Cameron.

Mais le maître-mot des Européens reste plus que jamais "la désescalade", c'est-à-dire la nécessité de "faire baisser la tension" afin que la crise ne débouche pas sur un conflit militaire.

Il faut "la pression la plus forte possible sur la Russie pour engager un processus de désescalade", a déclaré le président français François Hollande.

Cette mission a été confiée aux ministres des Affaires étrangères des grands pays européens qui, à Paris mercredi et à Rome jeudi, multiplient les séances de négociations avec leurs homologues russe Sergueï Lavrov et américain John Kerry.

Afin de leur donner du temps, les dirigeants européens ne devraient pas décider jeudi d'imposer de premières sanctions contre la Russie, comme les 28 l'avaient envisagé en début de semaine.

"Nous devons tout faire pour donner une chance à la désescalade. Si nous constatons, dans 24, 48 ou 72 heures, que cette désescalade n'est pas l'option, il est évident que les sanctions seront de nouveau sur la table", a déclaré le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte.

Les dirigeants devaient discuter des différents types de sanctions susceptibles d'être rapidement appliquées. Elles pourraient porter sur la coopération diplomatique et politique ou sur des mesures "ciblées", visant des personnalités, mais il semble très peu probable qu'elles soient d'ordre économique, selon des sources diplomatiques.

Parallèlement, M. Lavrov et M. Kerry ont eu pour la deuxième journée consécutive des entretiens sans toutefois parvenir à un accord.

Mercredi soir, Barack Obama et David Cameron avaient dénoncé une situation "inacceptable" en Ukraine. Le département d'Etat américain avait affirmé auparavant que "la Russie racontait des histoires fausses pour justifier ses actes illégaux en Ukraine". "Le monde n'a pas vu de fiction russe aussi surprenante depuis que Dostoïevski a écrit +Deux fois deux égale cinq est aussi une chose charmante+", a même ironisé la diplomatie américaine, citant une phrase des "Carnets du sous-sol" du romancier russe.

Après le sommet de Bruxelles, le Conseil de sécurité de l'ONU devait tenir jeudi après-midi de nouvelles consultations à huis clos sur la crise ukrainienne, les quatrièmes sur ce dossier depuis vendredi.

Hors de Crimée, les tensions se font de plus en plus vives à Donetsk, fief électoral russophone de M. Ianoukovitch dans l'est du pays.

Dans cette ville, la police ukrainienne a repris le contrôle du siège du gouvernement régional, qui avait été occupé par des militants pro-russes, et arrêté des dizaines de personnes.

Vladimir Poutine a reçu jeudi le soutien remarqué du président syrien Bachar al-Assad, dont le régime est soutenu par Moscou dans sa guerre contre les rebelles. M. Assad a loué les efforts de M. Poutine pour faire face aux "extrémistes terroristes", un terme utilisé d'habitude par Damas pour parler des rebelles syriens.

bur-kat/edy/phv

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