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Ukraine: pas supplémentaire vers la partition, sommet de crise à Bruxelles

Ukraine: pas supplémentaire vers la partition, sommet de crise à Bruxelles

Le Parlement de Crimée a fait jeudi un pas de plus vers la partition de l'Ukraine en demandant à Vladimir Poutine le rattachement de la péninsule à la Russie et en annonçant un référendum le 16 mars, au moment où les Européens cherchent à Bruxelles une sortie de crise.

Les électeurs de Crimée, un territoire stratégique pour Moscou où les forces russes cernent depuis le 28 février la plupart des bases militaires ukrainiennes, auront le choix entre un rattachement à la Russie ou une autonomie nettement renforcée, a indiqué à l'AFP le député Grigori Ioffe.

L'assemblée de cette république autonome avait jusqu'à présent prévu l'organisation le 30 mars d'un référendum prévoyant simplement un renforcement de son autonomie. A Moscou, le Kremlin a confirmé que le président avait bien reçu la demande et qu'il l'avait étudiée avec son Conseil de sécurité.

Sur le terrain, un total de 40 observateurs militaires non armés, provenant de 21 pays membres de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), sont attendus en Crimée pour répondre à une demande de l'Ukraine. Ils devraient rester jusqu'au 12 mars.

Pour la première fois, l'armée ukrainienne a annoncé que des forces russes qui investissaient une poignée de sites militaires avaient quitté les lieux. Mais tout semble indiquer qu'il ne s'agit que d'un simple changement d'unités après plusieurs jours de confrontation silencieuse marquée par quelques escarmouches comme lorsque des soldats ukrainiens ont essuyé des tirs de semonce en marchant sur une base occupée par les Russes.

A Sébastopol, qui abrite les états-majors de la flotte russe et de la marine ukrainienne, les Russes ont ainsi abandonné pendant quelques heures leur encerclement du commandement de la flotte ukrainienne, a constaté un journaliste de l'AFP.

L'annonce du Parlement de Crimée, dominé par des députés pro-russes et dont le "Premier ministre" Serguiï Axionov est poursuivi par Kiev pour "séparatisme", est intervenue alors que les dirigeants européens se retrouvaient en urgence à Bruxelles pour un sommet extraordinaire consacré à l'Ukraine.

Ce sommet a débuté par une rencontre avec le nouveau Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk. Peu avant la réunion, ce dernier a accusé la Russie d'accroître la "tension" et de se livrer à des "provocations" dans son pays.

"Il dépend de la Russie d'être prête à régler ce conflit ou d'être toujours réticente et d'accroître la tension, comme ils l'ont fait dans les dernières heures", a-t-il dit à la presse.

Angela Merkel, François Hollande, David Cameron et les 25 autres dirigeants de l'UE se retrouveront ensuite entre eux pour "débattre de la situation en Ukraine et de la réaction de l'UE", a précisé le Conseil européen.

François Hollande a demandé aux Européens d'exercer "la pression la plus forte possible sur la Russie" afin de "faire baisser la tension et ouvrir la voie au dialogue".

La réunion, qui devrait prendre fin en milieu d'après-midi, a été décidée alors que la crise ukrainienne, après un bain de sang et la fuite en Russie du président Viktor Ianoukovitch, s'est transformée en confrontation inédite entre Moscou et les Occidentaux depuis la fin de la Guerre froide.

Parallèlement, le secrétaire d'Etat américain John Kerry se concerte dans la matinée à Rome avec les chefs des diplomaties italienne, française, britannique et allemande.

La Crimée, péninsule russophone du sud de l'ex-république soviétique, est contrôlée de facto depuis le 28 février par des soldats armés en uniformes identifiés par la population et les journalistes sur place comme appartenant aux forces russes.

Moscou dément son implication et parle de groupes "d'autodéfense" organisées par une population majoritairement d'origine russe menacée par les nouvelles autorités pro-européennes de Kiev.

Mercredi soir, Barack Obama et David Cameron ont dénoncé une situation "inacceptable". Le département d'Etat américain avait affirmé auparavant que "la Russie racontait des histoires fausses pour justifier ses actes illégaux en Ukraine". "Le monde n'a pas vu de fiction russe aussi surprenante depuis que Dostoïevksi a écrit +Deux fois deux égale cinq est aussi une chose charmante+", a même ironisé la diplomatie américaine, citant une phrase des "Carnets du sous-sol" du romancier russe.

Au sommet de Bruxelles, "la logique est celle d'une sortie de crise, pas de sanctions", a insisté l'entourage de M. Hollande. "Aucune décision sur des sanctions contre la Russie n'est prévue", a-t-on précisé. Mais "la menace demeure", et elle "doit être crédible". "Le problème est de trouver un dosage entre les efforts de médiation et les sanctions", a-t-on insisté.

Il y a en effet un grand nombre de sensibilités au sein de l'UE. L'Allemagne et l'Italie ont ainsi manifesté beaucoup de réticences à boycotter les préparatifs du G8 prévu en juin à Sotchi.

Après plusieurs jours de propos acerbes du côté russe et américain, M. Lavrov a rencontré le secrétaire d'Etat américain John Kerry mais les deux hommes ont simplement convenu de poursuivre le dialogue.

Les Européens ont jusqu'à présent cherché à ne pas mettre de l'huile sur le feu. Ils ont "fermement condamné" les actes "d'agression des forces armées russes" en Crimée, tout en insistant sur la nécessité d'un "dialogue constructif" pour "une issue pacifique" à la crise. L'UE cherche plutôt à renforcer l'Ukraine et son nouveau gouvernement, notamment grâce à un plan d'aide massif "d'au moins 11 milliards d'euros".

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit tenir jeudi après-midi de nouvelles consultations à huis clos sur la crise ukrainienne, les quatrièmes sur ce dossier depuis vendredi.

Hors de Crimée, les tensions se font de plus en plus vives à Donetsk, fief électoral russophone de M. Ianoukovitch dans l'est du pays.

Dans cette ville, la police ukrainienne a repris le contrôle du siège du gouvernement régional, qui avait été occupé par des militants pro-russes, et arrêté des dizaines de personnes.

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