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La Hongrie retourne au travail avec des "emplois" au rabais

La Hongrie retourne au travail avec des "emplois" au rabais

Barnabas Tamas, le maire de Putnok, dit n'avoir "jamais vu autant de gens au travail depuis la fin du communisme" en Hongrie, il y a un quart de siècle.

Les nouveaux emplois sont au rabais, la paie aussi. Mais les statistiques ont fière allure, et permettent au Premier ministre sortant Viktor Orban de vanter ses résultats contre le chômage, à un mois des élections législatives.

A son arrivée au pouvoir en 2010, il avait promis de faire de la Hongrie "une société fondée sur le travail", qui créerait un million d'emplois.

Il a d'abord ramené les allocations de chômage à 30% en-dessous du Smic (salaire minimum) et limité la période d'indemnisation à trois mois, un record en Europe.

Le gouvernement a ensuite imposé le "travail public" aux chômeurs en échange de leurs allocations.

Financé par l'Etat et géré par les municipalités, il consiste souvent en des travaux d'intérêt général : donner un coup de main à l'hôpital où à l'école, nettoyer les trottoirs et les chemins, combler les trous dans la chaussée, débroussailler les sous-bois...

Résultat comptable : le taux d'emploi en Hongrie est à son plus haut depuis 20 ans, et le taux de chômage s'est établi à 8,9% de la population active sur la période de novembre à janvier, en baisse pour la dixième fois consécutive.

"Qui aurait pu penser, il y a quelques années, que ce pays créerait de l'emploi ?", a pu se féliciter M. Orban dans un meeting récent.

Gare au mirage, préviennent les économistes, qui soulignent que le "travail public" compte pour 60% dans la hausse totale du nombre d'emplois en 2013.

"Les politiques d'Orban n'ont pas attiré beaucoup d'investisseurs, ni créé d'emplois dans le secteur privé", alerte ainsi Adam Keszeg, un analyste du marché du travail auprès de la banque Raiffeisen.

Mais les spécialistes ont beau douter, et l'opposition peut bien dénoncer une réforme "qui exploite les pauvres". Les sondages, eux, accordent plus de 50% d'intentions de vote au conservateur Orban le 6 avril.

Les bénéficiaires du "travail public" touchent l'équivalent de 162 euros par mois - le Smic hongrois est à 216 euros net. Bien que comptabilisés comme employés, ils n'ont ni congés payés, ni paiement des jours d'arrêt-maladie.

"Ce n'est pas orthodoxe, comme beaucoup de politiques du gouvernement, mais ça marche", s'enthousiasme le maire de Putnok, un supporteur du parti Fidesz au pouvoir. Selon lui, "tout le monde peut avoir un emploi s'il en veut un" dans sa ville de 8.000 habitants, située au nord-est, tout près de la Slovaquie.

Le député socialiste Istvan Nyako, rencontré alors qu'il distribue des tracts électoraux au marché de Putnok, ne décolère pas contre une réforme qui, dit-il, "permet aux maires de faire faire le sale boulot aux pauvres pour pas cher".

"Nous travaillons dur toute la journée, en extérieur, pour un salaire de misère", se plaint aussi Laszlo Hajdu, un ancien mineur de 57 ans, tout en déblayant la neige d'un trottoir à quelques rues de la mairie.

Mais les vrais emplois sont rares à Putnok, ancien coeur industriel et minier du pays, dont les usines sont aujourd'hui à l'abandon.

Le "travail public" est une solution temporaire, mais bien adaptée à ces bassins en déshérence où le taux de chômage est le double de la moyenne nationale, assure Zoltan Kovacs, secrétaire d'Etat au ministère des Ressources humaines.

M. Kovacs admet que les salaires sont très bas, et que seuls 10% des "travailleurs publics" ont retrouvé un vrai travail depuis l'instauration du programme en 2011.

"Si l'économie connaît la croissance, nous pourrons payer plus", plaide-t-il. "Et puis c'est un changement de philosophie. Nous voulons que les citoyens soient de nouveau actifs".

pmu/cs/ilp/jr

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