Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Algérie: les autorités déterminées à étouffer dans l'oeuf la contestation anti-Bouteflika

Algérie: les autorités déterminées à étouffer dans l'oeuf la contestation anti-Bouteflika

Les forces de l'ordre ont interpellé jeudi à Alger une quarantaine de manifestants opposés à un 4e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, les autorités semblant déterminées à étouffer dans l'oeuf la contestation avant le scrutin du 17 avril.

Après l'annonce de sa candidature par le Premier ministre Abdelmalek Sellal le 22 février, les manifestations se sont multipliées et ont donné naissance à un mouvement, "Barakat" ("ça suffit"), comprenant notamment des militants des droits de l'Homme, des étudiants et des journalistes.

Réunis en plein centre d'Alger face à la faculté, sur la principale artère Didouche Mourad, les protestataires, majoritairement jeunes, ont lancé des slogans hostiles à la candidature de M. Bouteflika, âgé de 77 ans et au pouvoir depuis 15 ans.

"Algérie libre et démocratique", "52 ans, Barakat", scandaient-ils en référence aux 52 ans d'indépendance du pays géré par des hommes politiques de la même génération.

"Nous en avons marre de cet homme à demi-mort et des voyous qui l'entourent. Il faut que l'équation politique change", a déclaré à l'AFP Djilali Soufiane, président du parti libéral Jil Jadid, venu joindre sa voix aux protestataires après avoir renoncé à la course à la présidentielle.

Comme lors d'une précédente manifestation dispersée par la force samedi dernier, une armada de policiers avait été déployée pour empêcher les manifestants de se regrouper et de bloquer la circulation.

"Nous ne faisons qu'appliquer la loi qui interdit les manifestations publiques à Alger", a expliqué à l'AFP un membre des forces de l'ordre.

Les manifestations de rue sont interdites dans la capitale depuis le 14 juin 2001, lorsque une gigantesque marche en faveur de la Kabylie avait tourné à l'émeute, faisant huit morts et des milliers de blessés.

Un journaliste de l'AFP a vu jeudi une quarantaine de personnes interpellées avec force par des policiers en civil, dont Amina Bouraoui, une des fondatrices de "Barakat", et plusieurs journalistes.

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) a condamné "avec la plus grande fermeté cette nouvelle atteinte à la liberté d'expression et de la presse", dans un communiqué transmis à l'AFP.

Lundi, M. Bouteflika était apparu à la télévision assis au Conseil Constitutionnel où il s'était déplacé pour déposer son dossier de candidature.

Les Algériens ont pu l'entendre pour la première fois depuis son AVC d'avril 2013 qui l'avait maintenu hospitalisé durant 80 jours à Paris. Il a prononcé d'une voix à peine audible qu'il était à nouveau candidat à la magistrature suprême.

L'image du président amoindri a nourri les interrogations sur ses capacités à diriger le pays et relancé de nouvelles critiques.

Les manifestations des derniers jours n'ont cependant rassemblé que quelque dizaines de personnes.

Interrogé sur cette faible mobilisation, le sociologue Nacer Djabi, présent à la manifestation, a estimé que "le mouvement de contestation n'en était qu'à ses débuts". "Nous avons constaté que des mouvements similaires, en Tunisie et en Egypte, ont mis du temps à se cristalliser".

Pour M. Djabi, "il est préférable que Barakat reste un mouvement citoyen, à l'écart des partis politiques car ces derniers ont perdu toute crédibilité".

L'ancien chef de gouvernement Ahmed Benbitour, qui s'est aussi retiré de la course à cause de la candidature de M. Bouteflika, a mis en garde contre "les risques de dérapage" que pourrait entraîner l'"étouffement des libertés".

"S'il y a déflagration dans le pays, ce ne sera pas la faute des gens qui appellent à l'ouverture démocratique, mais bien celle de ceux qui ferment tous les espaces démocratiques d'expression", a-t-il déclaré lors d'un forum organisé par le quotidien Liberté.

Les principaux partis au Parlement soutiennent la candidature de M. Bouteflika, dont le plus important, le Front de libération nationale (FLN).

Une dizaine de partis, dont la plupart ne siègent pas au Parlement, ont appelé jeudi "à ne pas boycotter la présidentielle du 17 avril pour préserver sa voix et éviter que sa volonté ne soit confisquée", selon l'agence de presse APS.

Ces formations politiques avaient déjà annoncé auparavant leur soutien à l'ancien chef de gouvernement de Ali Benflis, principal challenger de M. Bouteflika, a précisé cette source.

Outre le président et M. Benflis, dix personnalités, ont soumis un dossier de candidature au Conseil constitutionnel.

La liste des candidats retenus sera annoncée d'ici le 14 mars et le lancement officiel de la campagne électorale débutera le 23.

ad-abh/cbo

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.