Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Procès Pistorius: ses anciens voisins mis sous pression par la défense

Procès Pistorius: ses anciens voisins mis sous pression par la défense

Pièces maîtresses dans l'accusation d'Oscar Pistorius, qui répond du meurtre de sa petite amie depuis lundi à Pretoria, des voisins ont été soumis à une pression proche de l'intimidation par l'avocat de l'athlète sud-africain durant les trois premiers jours du procès.

Un couple habitant à moins de 200 mètres du champion, lui informaticien, elle économiste, s'est retrouvé en première ligne, premiers à comparaître avec une autre voisine demeurant dans la même résidence sécurisée que Pistorius.

Tous ont entendu les coups de feu partir la nuit de la Saint-Valentin 2013 durant laquelle Pistorius, six fois médaillé d'or aux Jeux paralympiques et auréolé d'une participation historique avec les valides aux Jeux Olympiques de Londres 2012, soutient avoir abattu par erreur son amie Reeva Steenkamp, croyant tirer sur un cambrioleur caché dans ses WC.

Si le parquet parvient à prouver qu'il l'a abattue sciemment, alors qu'elle était enfermée à clé aux toilettes, le sportif risque une peine incompressible de 25 ans de réclusion.

La nuit du drame, le mari du couple de témoins à charge a dit avoir été tiré de son lit par les hurlements d'une femme en danger et entendu un homme appeler à l'aide ainsi que des coups de feu. L'autre voisine a dit avoir été réveillée une heure plus tôt par le bruit d'une dispute l'empêchant de se rendormir.

Mercredi, juste avant de venir à la barre, le mari, Charl Johnson, a reçu un flot d'appels malveillants.

Un incident permis par les déclarations la veille de l'avocat du champion: Me Barry Roux, durant l'interrogatoire de l'épouse de M. Johnson, Michelle Burger, avait donné à haute voix son numéro de téléphone alors que le procès est retransmis en direct et suscite un intérêt mondial.

M. Johnson était confiné, sans accès extérieur, dans une pièce réservée aux témoins quand un inconnu lui a laissé ce message: "Pourquoi vous mentez au tribunal. Nous savons qu'Oscar n'a pas tué Reeva, ce n'est pas cool, allez mec".

La voix a ajouté "autre chose que je ne peux pas me rappeler mais d'intimidant", a raconté M. Johnson. Son téléphone n'a ensuite pas cessé de sonner, l'obligeant à l'éteindre.

"C'est par ce numéro que tous mes contacts personnels et de travail me joignent, et je trouve que ma vie privée a été compromise", a-t-il exposé d'une petite voix.

La juge Thokozile Masipa, sévère la veille avec les médias et qui avait interrompu l'audience après la diffusion à la télévision d'une photo du premier témoin, Mme Burger, n'a cette fois pas réagi.

Me Roux a repris ses questions à M. Johnson, sur un ton méprisant: quand et pourquoi avait-il été sur son balcon? Sa femme avait-elle été réveillée par les cris ou parce que lui-même avait sauté du lit? Combien de cris et combien de coups de feu avait-il entendu? Quand, comment et pourquoi avait-il pris des notes sur ce qui s'était passé?

"Peut-être que vous et votre épouse auriez mieux fait de comparaître ensemble dans le box des témoins", a ironisé Me Roux, insinuant une entente du couple pour accabler son client. "Vous n'aidez pas la justice avec ça, M. Johnson", a-t-il dit.

"Je peux honnêtement vous dire que nous n'avons pas discuté entre nous", lui a répondu le mari, Barry Roux rétorquant: "Cela me rend nerveux d'entendre les témoins parler d'honnêteté".

L'avocat s'est fait reprendre par le représentant du parquet, Gerrie Nel, qui, à un autre moment, lui a reproché sa tactique. "Madame le juge, ça ne s'appelle pas poser une question, mais créer une ambiance", a-t-il critiqué.

Le parquet a ensuite fait citer un ami boxeur qui a failli se faire estropier par un coup de feu tiré par l'athlète en janvier 2013, lors d'un repas entre amis au restaurant.

"Après le coup de feu, j'étais sous le choc. J'ai regardé en bas, et juste là où était mon pied, il y avait un trou dans le sol", a raconté Kevin Lerena, ajoutant que Pistorius s'était "confondu en excuses".

Ce dernier "n'avait pas réalisé qu'une balle était enclenchée", a suggéré Me Roux, après avoir une longue pause demandée pour préparer son contre-interrogatoire.

L'affaire n'est pas liée directement au procès pour le meurtre de Reeva Steenkamp le 14 février 2013, mais le parquet y a joint le dossier.

bur-clr/jlb

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.