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Les forces russes investissent deux bases en Ukraine avant un face-à-face Kerry/Lavrov

Les forces russes investissent deux bases en Ukraine avant un face-à-face Kerry/Lavrov

Les forces russes ont investi mercredi deux bases de lancement de missiles, des sites militaires hautement stratégiques en Crimée, faisant monter la tension à quelques heures d'une rencontre à Paris entre les chefs de la diplomatie russe et américain.

Après des jours de confrontation silencieuse où les forces russes faisaient face aux militaires ukrainiens, se contentant d'encercler leurs casernes et leurs bases et de les jauger, ces intrusions sur des sites hautement symboliques constituent une étape de plus dans la crise qui se joue dans cette péninsule baignée par les eaux de la mer Noire.

Dans les deux cas, à Fiolent, près de Sébastopol qui abrite la flotte russe de la mer Noire, et Evpatoria, dans l'ouest de la Crimée, l'opération s'est déroulée sans échanges de tirs. A chaque fois, même mode opératoire, des forces russes accompagnées de manifestants pro-russes ont pénétré dans la base.

A Fiolent, "les soldats russes sont sur le territoire de l'unité, mais ils ne font que bloquer la partie où se trouvent les missiles", a indiqué à l'AFP un porte-parole en Crimée du ministère ukrainien de la Défense, Volodymyr Bova. "Les missiles sont désarmés", a-t-il précisé.

La situation est similaire dans la base A4519 d'Evpatoria, prise d'assaut mardi soir, mais les missiles avaient déjà été évacués.

Le président Vladimir Poutine avait vigoureusement démenti mardi toute présence de l'armée russe, évoquant des groupements "d'autodéfense" et expliquant qu'il était possible de se procurer des uniformes de l'armée russe "dans n'importe quel magasin". Mais d'après les journalistes de l'AFP en Crimée, ce sont bien des forces russes qui ont été déployées dès samedi dans la région.

Sur le plan diplomatique, Washington maintient sa pression sur Vladimir Poutine dans le bras de fer le plus tendu entre Russes et Américains depuis la fin de la Guerre froide.

Réunis à Paris dans le cadre d'une réunion sur le Liban, les chefs de la diplomatie américain et russe John Kerry et Sergueï Lavrov, deux hommes rompus aux discussions sensibles et qui ont appris à se connaître lors de négociations difficiles -- de la guerre en Syrie au dossier du nucléaire iranien --, se rencontrent à Paris dans l'après-midi pour parler de la situation en Ukraine.

Avant d'arriver à Paris, le ministre russe des Affaires étrangères a souligné que la Russie "ne permettra pas un bain de sang" en Ukraine.

Alors que les Occidentaux cherchent une solution diplomatique, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a annoncé que Paris et Berlin voulaient proposer un "plan de sortie" de crise qui pourrait être discuté dès mercredi à Paris.

Ce plan, a détaillé M. Fabius, revient sur certains points de l'accord du 21 février conclu à Kiev après plusieurs journées d'affrontements violents entre autorités et manifestants pro-européens: "un gouvernement d'union, le fait que les Russes se retireraient, le fait que s'il y a des milices extrémistes, elles seraient dissoutes, et le fait que la Constitution de 2004 s'applique et qu'on aille vers une élection présidentielle".

Également présent à Paris, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andriï Dechtchitsa a martelé le souhait des nouvelles autorités de régler "pacifiquement" la crise avec la Russie.

"Nous ne voulons pas combattre les Russes. Nous voulons maintenir un bon dialogue, de bonnes relations avec le peuple russe. Nous apprécions tous les contacts possibles", a déclaré le ministre ukrainien à la presse.

Mardi, les chefs de l'Etat russe et américain ont multiplié les propos acerbes, le président Barack Obama estimant que Vladimir Poutine ne "trompait personne" avec ses déclarations sur l'Ukraine alors que le maître du Kremlin fustigeait les Occidentaux et ses "entraîneurs" qui ont formé des "unités de combat" en Ukraine, en référence aux contestataires du célèbre Maïdan de Kiev, théâtre de la contestation jusqu'à la chute du président Viktor Ianoukovitch.

En visite à Kiev, John Kerry a accusé la Russie de chercher un "prétexte" pour "envahir davantage l'Ukraine" et a prévenu Moscou que sa politique actuelle la conduirait à l'isolement.

Mais des signes montrent que Washington cherche également une porte de sortie pour la Russie. L'idée, mentionnée par Barack Obama lors de l'appel téléphonique à Vladimir Poutine samedi, est de répondre point par point aux inquiétudes formulées par Moscou au sujet de la situation chez son voisin, selon un haut responsable de la Maison Blanche.

Alors que les Ukrainiens et les Occidentaux craignaient une opération militaire de grande envergure en Ukraine, M. Poutine a estimé mardi que l'envoi de troupes russes n'était "pas nécessaire pour le moment".

Environ 16.000 soldats russes, dont au moins 5.000 arrivés ces derniers jours, occupent la Crimée où ils cernent la plupart des sites stratégiques (navires de guerre, casernes, bâtiments de l'administration).

Moscou encaisse difficilement les conséquences économiques de sa politique en Ukraine. La Russie a dû vendre lundi des devises étrangères pour un montant record de 11,3 milliards de dollars en une journée, le "lundi noir", afin de soutenir le rouble soumis à de fortes pressions en raison du conflit en Ukraine.

Parallèlement, les sénateurs russes travaillent sur un projet de loi permettant de confisquer les biens des entreprises européennes et américaines si des sanctions étaient imposées à la Russie.

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