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L'économie allemande est en déséquilibre, dit Bruxelles, et les esprits s'échauffent

L'économie allemande est en déséquilibre, dit Bruxelles, et les esprits s'échauffent

Bruxelles a conclu mercredi que l'Allemagne, épinglée par certains de ses partenaires pour ses excédents, affichait bel et bien un déséquilibre économique, échauffant les esprits dans un pays qui se considère un bon élève de l'UE.

La Commission européenne menait depuis novembre une enquête approfondie sur la première économie de la région. C'était la première fois qu'elle se penchait sur un pays au motif qu'il dégageait trop d'excédents. Les 16 autres pays examinés l'étaient pour leurs déficits.

Tout en prenant bien soin de ne critiquer en rien la force de l'Allemagne à l'export, elle dénonce un déséquilibre de l'économie allemande, qui se traduit par des excédents des comptes courants excessifs (supérieurs à 6% du PIB) sur une longue période.

"Personne ne veut critiquer l'Allemagne pour la force de la demande (pour ses produits) et sa compétitivité", a assuré à Bruxelles le commissaire aux Affaires économiques Olli Rehn, "j'aimerais voir tous les États membres être compétitifs comme l'Allemagne". Mais, a-t-il ajouté, "à la fois l'Allemagne, et dans une certaine mesure le reste de l'Europe, bénéficieraient d'un renforcement des investissements et de la demande domestiques".

Toutes les précautions verbales n'y font rien, certains en Allemagne persistent à voir dans les critiques de Bruxelles, qui font écho à d'autres émises avant, un doigt pointé vers les exportations allemandes. Pour mieux s'en offusquer.

"Au lieu de toujours chercher d'autres moyens d'affaiblir les entreprises allemandes, le débat devrait se concentrer sur la compétitivité de l'Europe", a ainsi tempêté le secrétaire général de la fédération des fabricants de machines-outils VDMA, Hannes Hesse. "Si nos produits sont très prisés à l'étranger, c'est le signe de leur qualité, nous ne devons pas nous laisser marcher sur les pieds", a réagi pour sa part le député conservateur (CDU) Christian von Stetten.

Des réactions qui passent pour l'essentiel à côté des conclusions de Bruxelles. Celles-ci se concentrent sur la faiblesse de la demande domestique et des investissements des entreprises. Le vieillissement démographique joue un rôle important dans ces tendances, en renforçant l'appétit pour l'épargne.

M. Rehn recommande de "renforcer les fondements de la demande", par exemple en faisant sauter certains "goulots d'étranglement" dans le secteur des services. Des conseils que le Fonds monétaire international (FMI) ou l'OCDE ont déjà donné au pays avant lui.

La Commission précisera ses recommandations en juin. En tout cas le déséquilibre constaté ne donnera lieu à aucune sanction ou pénalité.

Le gouvernement allemand a longtemps balayé la critique sur les excédents -critique qui est venue aussi de France, ou encore des États-Unis, et dans laquelle le gouvernement conservateur-libéral aux manettes jusqu'à la fin d'année dernière voulait voir une attaque malvenue contre l'export.

Mais la nouvelle équipe en place depuis, avec la participation des sociaux-démocrates, se montre un peu plus réceptive.

"L'Allemagne peut être fière de la force de son industrie et de ses exports", a ainsi commenté mercredi le ministère de l'Economie, tenu par le vice-chancelier social-démocrate Sigmar Gabriel. Avant d'ajouter: "avec les mesures décidées dans le programme de gouvernement nous allons renforcer les investissements publics et la dynamique de croissance et contribuer à corriger ces déséquilibres".

Le mois dernier, dans un entretien à l'AFP, le secrétaire d'État aux Affaires européennes, le social-démocrate Michael Roth, avait reconnu que "des déséquilibres (étaient) apparus dans l'Union européenne", notamment du fait de salaires allemands longtemps trop bas.

La grande coalition sous Angela Merkel veut introduire un salaire minimum généralisé, et investir dans les infrastructures, l'éducation et le numérique.

La simple admission que déséquilibre il y a est vue comme une trahison par M. von Stetten. "Je m'étonne que le ministère de l'Économie ne rejette pas la critique, mais qu'apparemment il l'accepte", déclare-t-il dans un entretien au Handelsblatt.

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