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Intervention militaire en Ukraine : la Russie risque de le payer cher

Intervention militaire en Ukraine : la Russie risque de le payer cher

L'intervention militaire russe en Ukraine décidée par le président Vladimir Poutine pourrait coûter cher à la Russie, tant sur le plan diplomatique qu'économique, estimaient lundi de nombreux experts.

"Il s'agit de la crise la plus grave entre la Russie et l'Occident depuis l'arrivée au pouvoir de Poutine. La Russie risque maintenant de se retrouver totalement isolée, sur les plans politique et économique, beaucoup plus même que cela avait été le cas après l'invasion de l'Afghanistan", selon Alexeï Malachenko, du centre Carnegie à Moscou.

"Tous les scénarios sont envisageables, y compris une escalade du conflit. L'objectif principal de Poutine est de montrer que la Russie n'abandonne pas ses positions. Résultat : une crise aux conséquences extrêmement dangereuses", estime pour sa part la politologue, Maria Lipman.

Dénonçant "l'occupation" de la Crimée par la Russie, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a averti dimanche le Kremlin : "Le G8 et quelques autres sont prêts à aller jusqu'au bout pour isoler la Russie en raison de cette invasion. Ils sont prêts à mettre en place des sanctions, ils sont prêts à isoler la Russie économiquement".

Plusieurs dirigeants européens ont eux aussi tenu des propos très fermes et menaçants : "Il y aura des conséquences et un prix à payer", a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, alors que le président polonais, Bronislaw Komorowski, annonçait que son pays était favorable à des sanctions européennes à l'égard de la Russie.

La réaction ne s'est pas fait attendre, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dénonçant aussitôt les menaces de "sanctions et de boycottage".

Outre l'isolement diplomatique --Washington a déjà menacé d'exclure la Russie du G8-- une détérioration des relations économiques entre Moscou et ses partenaires occidentaux pourrait avoir des répercussions sensibles sur l'économie russe déjà mal en point.

"La Russie a une économie inefficace. Les JO de Sotchi ont coûté cher, et une aventure militaire et des relations tendues avec l'Occident peuvent coûter encore plus cher. La Russie ne peut pas se le permettre sur le long terme", relève une analyse de la banque allemande Berenberg, en soulignant que dans la crise ukrainienne, "le risque principal est finalement pour la Russie elle-même".

Contrairement au conflit qui avait opposé pendant quelques jours la Russie à la Géorgie en 2008 en Ossétie du Sud, "les tensions en Ukraine risquent de durer bien plus longtemps et d'avoir des répercussions négatives de longue durée sur l'environnement économique en Russie", ont estimé les analystes d'Alfa Bank à Moscou.

En attendant, à l'intérieur du pays, "l'image de Poutine est excellente, il est le sauveur des Russes et récupère la Crimée", souligne Alexeï Makarkine du Centre des technologies politiques. "Il bénéficiera du soutien de la population tant qu'il n'y aura pas la guerre", ajoute Alexeï Malachenko.

Mais si l'escalade se prolonge "la situation aboutira à l'impasse de la Guerre froide et les pertes pour la Russie seront grandes", estime Valeri Garbouzov de l'Institut des Etats-Unis et du Canada.

L'impact de la crise sur l'économie russe était déjà visible lundi, alors que la Bourse de Moscou perdait au cours de la journée jusqu'à plus de 13% et que le rouble évoluait à des niveaux jamais atteints face à l'euro et au dollar, les investisseurs étant pris de panique face aux conséquences de l'intervention militaire russe en Ukraine.

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